Pressenza présente en trois parties l’article ‘La Colombie et son processus de néolibéralisme démocratique autoritaire‘ de Luis Daniel Botero Arango, publié dans la Revue Textes et Contextes, de la Faculté de Communication Sociale de l’Université Centrale de l’Équateur.
La Colombie et son processus de néolibéralisme démocratique autoritaire
Première partie : Introduction
Deuxième partie : Vue d’ensemble
Troisième partie : Aperçu sur le cas colombien et Conclusions
Résumé : En Colombie, comme dans d’autres pays de la région, le système néolibéral a aggravé la crise du modèle démocratique, de l’économie et de la situation des droits humains. À l’autoritarisme qui a historiquement caractérisé le processus démocratique dans ce pays des Caraïbes, exprimé par la stigmatisation, l’exclusion et l’élimination des idées politiques dissidentes, s’ajoutent les conflits de pouvoir entre les différents groupes armés dans les territoires, dus à l’extractivisme, aux cultures illicites et aux rentes illégales, qui sont devenus des entités juridiques autoritaires pour le contrôle de la population, au-dessus et en dépit de l’État. En bref, la Colombie a montré qu’un passé marqué par la violence politique ne peut être résolu par la seule formule de la croissance économique, de l’ouverture des marchés, des investissements étrangers et de la libre entreprise.
Troisième partie : Aperçu sur le cas colombien
En 1991, la Colombie a adopté le paradigme néolibéral comme guide pour l’économie et la politique. Cela a été considéré comme une contradiction profonde car, comme on l’a déjà dit, la construction d’un État de droit est contraire à un modèle qui privilégie le capital par rapport au consensus politique, et qui prend des décisions basées sur des critères de profit, comme s’il s’agissait d’une entreprise et non d’un organisme qui devrait penser aux bénéfices ou aux répercussions sociales. Dans ce sens, Roncancio (2016) exprime que « la constitution de 1991, même si elle est garante (elle garantit nominalement tous les droits, le droit à la santé, à l’éducation, etc.) est en même temps, une autorisation pour le modèle néolibéral. En d’autres termes, elle privatise, commercialise et externalise ces mêmes droits » (p. 72). Dans cette optique, pour Echeverri (2006), le néolibéralisme :
Au principe de solidarité qu’il proclame, il oppose celui de l’individualisme ; au principe de l’égalité substantielle ou matérielle il oppose la rationalité du marché ; à la planification de l’économie orientée vers l’obtention de la justice sociale, il oppose la libre concurrence qui donne à chacun ce qui lui correspond dans la lutte pour la vie. (Echeverri, 2006, p. 89).
C’est la formule présentée au pays pour résoudre les problèmes historiques de violence : le mirage d’un développement fondé sur la croissance économique, l’entrée dans l’économie mondiale et la libre concurrence. Le slogan de la campagne présidentielle de César Gaviria Trujillo (1990-1994), « Bienvenue dans le futur », est devenu la prémonition d’un scénario d’aggravation de la violence et de la crise humanitaire. À tel point que l’annonce a été faite dans un contexte où les plaies de l’assassinat de quatre candidats à la présidence sont encore ouvertes, et où la guerre aveugle contre les cartels de la drogue a incité les groupes paramilitaires à éliminer, avec la complicité d’acteurs étatiques, des dirigeants de partis et de mouvements de gauche.
Le changement de modèle économique était directement lié aux relations de pouvoir qui prévalaient dans le pays, et avec lui se sont établis non seulement les principes de l’économie colombienne, mais aussi ceux de l’État à travers la mise en œuvre du modèle de pensée néolibéral, qui n’a pas été réalisé par des mécanismes démocratiques, mais par l’exclusion de l’autre et l’élimination physique du contraire, c’est-à-dire du renforcement d’une culture politique autoritaire (Díaz, 2009, p. 226).
Ainsi, au milieu d’un climat exacerbé de violence politique, le néolibéralisme a fait irruption en Colombie comme une issue de secours. Cependant, une longue histoire de lutte entre les partis traditionnels (libéraux et conservateurs), s’est ajoutée à la fermeture du champ politique pour d’autres expressions dans le contexte de cette confrontation, où des pactes ont été conclus pour partager le pouvoir en alternance et réduire les tensions. Ces pactes entre élites ont provoqué de profondes fractures sociales et politiques.
Enfin, la crise de légitimité du système politique et la crise de performance et d’adaptation du système économique – une crise d’intégration sociale et une crise d’intégration systémique – n’ont pas conduit au développement d’un État social de droit en Colombie, tel qu’établi formellement dans la Constitution de 1991, mais au contraire, à un État guidé par des principes néolibéraux et de nature autoritaire, tout cela en raison des relations de pouvoir qui ont prévalu dans le pays entre 1974 et 1994. (Díaz 2009, p. 226).
Des états d’urgence prolongés des années 1970 aux couvre-feux dus à la violence contre le narcotrafic dans les années 1980 et 1990, le modèle néolibéral a aggravé la crise d’un conflit de longue durée qui a changé d’acteurs, mais qui, au fond, maintient une constante : l’exclusion, la stigmatisation des expressions alternatives du pouvoir et les manifestations de la société civile, en particulier celles qui émanent de la gauche.
Les principales conséquences politiques du néolibéralisme sont la neutralisation et la dépolitisation de la politique, étant donné que depuis sa mise en œuvre en Colombie, des personnes innocentes ont été assassinées qui, au-delà du profit et du gain personnel, ont décidé de défendre les droits humains, la dignité humaine et le bien-être, obtenant en échange la mort, la persécution et le silence. (Valence, 2020, p. 262).
La vie reste la plus vulnérable avec l’application des politiques néolibérales, car elle dépend fondamentalement de la qualité des services publics, surtout dans les territoires où une structure économique, sociale et politique n’a pas été consolidée au-delà de la présence militaire. Paradoxalement, la présence de l’État, à travers l’augmentation des effectifs de l’armée et de la police, au lieu de résoudre le problème, l’aggrave. Roncancio (2016) reconnaît que « le résultat de cette tendance politico-économique du développement est une globalité oppressive dans laquelle de multiples formes de violence assument de manière croissante la fonction de régulation des personnes et des économies » (p. 67).
En conséquence, le mode de vie démocratique est devenu une lutte permanente pour la survie dans un contexte trop hostile pour l’exercer. Or, les problèmes liés à la mondialisation économique ont eu un impact plus important dans les pays où les conflits existants menaçaient déjà de ruine des secteurs tels que l’agriculture et donc la population paysanne et les peuples indigènes. Ce qui est le cas :
En pleine crise environnementale, désormais généralisée à toute la planète, et compte tenu des nombreuses composantes de la crise civilisationnelle que nous traversons actuellement, on assiste aujourd’hui à toute une série de dynamiques de dépossession territoriale, de violation massive de la condition humaine, de criminalisation de la protestation sociale et, en général, de reproduction de politiques transnationales qui vont à l’encontre des pensées des communautés et des intérêts des groupes sociaux. (Capera et al., 2015, p. 79).
De cette manière, il est très difficile de penser à de véritables conditions de paix en Colombie tant qu’il existe une menace contre ceux qui peuvent contribuer à transformer les conflits, avec le soutien décisif des gouvernements nationaux régionaux et locaux, en plus de ce que la communauté internationale apporte déjà en termes de post-accord. À cet égard, Roncancio (2016) commente ce qui suit :
Dans le cadre de la Constitution actuelle, des politiques économiques du modèle de développement mercantiliste et consumériste, actuellement basé principalement sur l’extraction méga-minière, il est contradictoire, voire impossible, de construire un processus de paix structurel dans notre pays, dans le respect et l’accessibilité réelle et effective aux droits humains, à commencer par le droit à la vie, à une vie digne, et au bien-vivre. (Roncancio, 2016, p.72).
À cet égard, depuis la signature de l’accord de paix, entre 2016 et 2020, 1116 leaders sociaux ont été assassinés en Colombie, selon l’Institut d’études sur le Développement et la Paix (Indepaz, 2021). Les personnes les plus touchées sont celles qui sont impliquées dans la communauté et le leadership communautaire, la population indigène, paysanne et afro-colombienne, ainsi que les défenseurs des droits humains et, comme on l’a dit, paradoxalement, dans les lieux définis comme prioritaires par l’État pour leur protection. À propos de cette série de meurtres, Sánchez (2020) affirme que :
Aujourd’hui, le gouvernement national l’attribue uniquement aux actions des groupes armés organisés (GAO), au narcotrafic et aux exploitations minières illégales. Il exclut des causes la lutte pour la terre, la défense des territoires, la résistance à l’exploitation des ressources naturelles, aux monocultures légales ou agro-industrielles et aux mégastructures, et la contestation de projets de vie antagonistes au modèle néolibéral imposé et établi, ignorant la diversité. (Sánchez, 2020, p. 31).
La conséquence de cette action contre ceux qui ont la capacité d’influencer dans les territoires est directement liée aux processus démocratiques au niveau local, car, selon les recherches de Ávila (2020), elle conduit à l’élimination de l’opposition par la réduction au silence des dirigeants. Les assassinats deviennent exemplaires de ce qui peut arriver aux autres.
La destruction du leadership et des mouvements sociaux conduit à la création en Colombie d’autoritarismes sub- nationaux, d’enclaves autoritaires où il n’y a pas d’opposition, pas de contrôle politique et, en général, une situation d’homogénéisation politique dans laquelle la dissidence est punie de mort ou de déplacement. (Avila, 2020, p. 14).
Même la pandémie n’a pas été un facteur de réduction de la violence à l’encontre des dirigeants, et dirigeantes, puisque, comme l’a fait savoir le programme Somos Defensores (Nous Sommes des Défenseurs) dans son rapport La Mala Hora (2021), « l’année 2020 a été consolidée comme une année néfaste pour l’exercice de la défense des droits humains, avec une moyenne de 2,64 agressions par jour » (p. 79). Selon la source, les agressions sont passées de 844 en 2019, à 969 en 2020, tout comme les assassinats qui ont augmenté de 60,4 % par rapport à 2019, ce qui en fait le nombre le plus élevé de ces 11 dernières années, avec 199 au total. Somos Defensores (2021) indique dans ce rapport que « la plupart des assassinats se sont produits alors que les personnes se trouvaient chez elles ou aux alentours de leur domicile en train de réaliser leurs activités quotidiennes, avec leurs familles et en respectant les mesures d’isolement » (p. 93), ce qui démontre leur degré de vulnérabilité dû aux restrictions de mobilité.
Outre cette situation grave, le contexte de la pandémie a mis en évidence les niveaux de pauvreté que connaît le pays. Les annonces de détresse avec des drapeaux rouges aux fenêtres et aux balcons des maisons dans différents endroits ont été le signal qui a déclenché la mobilisation des secteurs sociaux et politiques pour demander une attention urgente et prioritaire pour au moins 7,46 millions de ménages pauvres. Cependant, comme nous le savons déjà, c’est quelque chose qui s’est produit avec l’approfondissement du modèle néolibéral et, par conséquent, la demande d’un revenu de base pour les plus vulnérables a été mise en avant. La campagne, menée par diverses organisations sociales, des groupes de réflexion, des universités du pays, et la coalition d’opposition au gouvernement au sein du Congrès de la République, appelée Revenu de Base Maintenant (2020), a déclaré sur son site web que :
Selon les chiffres du DANE [1], en 2020, 42,5% de la population du pays vivait dans la pauvreté et 30,4% en situation de vulnérabilité. Au mois d’avril, le chômage national s’est établi à 15,1%, soit 0,9% de plus qu’en mars. Le même DANE rapporte qu’en mars de cette année, 21,02 millions de personnes subsistaient avec 331 688 dollars par mois, et 7,47 millions avec moins de 145 004 dollars par mois (s. p.).
Malgré cela, le projet de loi pour un revenu de base d’urgence a été bloqué deux fois au Congrès, tandis que le gouvernement et ses groupes parlementaires invoquent le manque de ressources pour couvrir les coûts d’un revenu permanent pour défendre ses politiques de subventions, très typiques d’un modèle clientéliste contraire au rôle de garantie qu’appliquerait un État social de droit.
Dans ce sens, par exemple, pendant la pandémie, des ressources suffisantes ont été données aux banques par le biais de commissions pour les subventions, mais des ressources insuffisantes ont été données aux petites et moyennes entreprises ou aux entités artistiques et culturelles.
C’est au milieu de mesures telles que celles décrites ci-dessus que la proposition de réforme fiscale, qui avait été annoncée depuis 2020, a été présentée au Congrès en avril 2021. C’est ce qui a généré le déchaînement social du 28 avril, avec les graves conséquences de violence policière qui, selon l’ONG Temblores, a fait 44 victimes le 28 juillet 2021, où l’agresseur présumé était un membre des forces de sécurité (2021). Dans ce cas de la grève nationale, l’autoritarisme avec lequel les garanties constitutionnelles sont exercées en Colombie a été démontré. Sans ignorer le fait qu’il y a également eu des perturbations, le gouvernement lui-même, devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a reconnu que la plupart des manifestations étaient pacifiques (CIDH, 2021).
Ainsi, la force excessive et la stigmatisation ont été utilisées comme des moyens de discréditer la protestation, une caractéristique constante du régime politique colombien qui a historiquement été mise en œuvre avec d’autres répertoires d’action collective dans le pays. La grève nationale est restée dans l’histoire récente de la Colombie comme une empreinte du caractère autoritaire de sa démocratie, car face à l’expression publique des citoyens mobilisés, aucune voie de dialogue et de concertation n’a été recherchée. La réponse fut la répression et la suppression de ce qui est désormais son nouvel ennemi interne : les citoyens critiques qui s’opposent à une réalité accablante pour la majorité de la population.
Conclusions
Le néolibéralisme en Colombie, qui est arrivé comme une formule de sauvetage du futur dans les années 90, avec le sophisme que la croissance économique et les investissements étrangers seraient la solution aux problèmes d’un passé marqué par la violence politique, a fini par exacerber une crise économique, sociale et institutionnelle qui, contre toute attente, a approfondi son caractère autoritaire dans le mode de vie démocratique. Cela se voit aussi bien dans les actions de l’Etat vis-à-vis des expressions politiques alternatives, comme chez ceux qui, usurpant leurs fonctions dans les territoires, exercent le pouvoir pour contrôler la population et tirer profit des économies illégales, renforcées par les formules du système économique mondial.
Un compromis entre les avantages et les inconvénients de la mise en œuvre de ce modèle économique a produit un profond fossé d’inégalités dans un pays qui, tout en se dotant d’une constitution garantissant les droits des citoyens, a célébré l’ouverture de ses frontières au libre-échange. Cette rupture entre l’économique et le politique a fracturé le développement attendu de la démocratisation et a, au contraire, semé les graines de nouvelles formes d’exclusion et de marginalisation tout en restaurant les processus de structuration des élites et la constitution d’une nouvelle hégémonie du capital financier sur des décisions politiques. La croissance économique ne s’est donc pas traduite par la décentralisation du pouvoir, comme le prévoyait la Constitution, ni par la redistribution des richesses ni par la pleine garantie des droits humains.
Le piège du progrès a montré son vrai visage et a révélé que les pouvoirs établis en Colombie depuis plus d’un siècle, ceux qui ont utilisé l’exclusion politique et la répression comme formules pour arrêter les autres forces concurrentes, se sont réédités avec des stratégies renouvelées tout aussi autoritaires et ont profité des actions des différents ennemis internes pour prolonger leur action anti-démocratique. Le modèle néolibéral est ainsi devenu un facteur de stabilisation économique pour certains secteurs, mais de déstabilisation pour ceux qui sont aujourd’hui confrontés à ses conséquences structurelles.
La Colombie est aujourd’hui confrontée à l’une des crises humanitaires les plus graves du continent, alors qu’elle tente de consolider un accord de paix qui a été bloqué par des secteurs au pouvoir, avec des majorités parlementaires qui ont également stigmatisé les institutions du système de vérité, de justice, de réparation et de non-répétition créé par l’accord de La Havane. Malgré les obstacles, ces organisations persistent dans leur travail de clarification, de recherche des disparus et de justice pour les victimes, afin d’avancer dans le processus de réconciliation que cette société, fatiguée des violences et des injustices historiques, exige.
La pandémie a mis en évidence les conséquences de ce modèle : un pays plus pauvre, l’un des plus corrompus au monde, et où les droits humains sont les plus violés, alors qu’il s’agit d’un État social régi par l’État de droit et qui se targue d’être la démocratie la plus ancienne et la plus stable d’Amérique Latine. On voit bien comment ses procédés autoritaires, légaux et illégaux, préservent un processus « démocratique » taillé sur mesure pour ceux qui bénéficient de l’ordre inconstitutionnel, avec l’assentiment d’un État incapable de préserver la vie et la dignité humaines.
Références
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Notes
[1] Département Administratif National de Statistiques
Source : https://revistadigital.uce.edu.ec/index.php/CONTEXTOS/article/view/3313
Traduction de l’espagnol, Ginette Baudelet