« Et d’ailleurs, les gens de la presse en contact avec la tragédie quotidienne sont aujourd’hui en mesure d’agir dans un sens humaniste… »
Silo. Lettres à mes amis.
C’est par cette phrase significative que Nelsy Lizarazo a commencé la présentation du livre « Journalisme non-violent », la toute nouvelle production de l’agence de presse Pressenza, axée sur la paix et la non-violence, lors de la Rencontre mondiale ouverte du Nouvel Humanisme 2021, ce 5 novembre.
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Le livre est une tentative de systématisation du travail collectif des centaines de bénévoles qui composent l’agence et « c’est un texte à mi-chemin entre un livre et un manuel » – ainsi que l’a mentionné la co-auteure et membre de la rédaction Équateur : « car, bien qu’il s’adresse à un large public, nous pensons surtout aux nouvelles générations de journalistes et de communicants, à leurs professeurs dans les milieux universitaires. Nous aimerions que ce livre devienne un ouvrage de référence permanent dans la formation de ces nouvelles générations qui sont l’avenir de la communication et du journalisme ».
La communication est l’un des conflits déterminants du monde contemporain, dans lequel sont en jeu des pouvoirs, des forces, des intérêts et, surtout de notre point de vue, des significations, a-t-elle déclaré. « Un domaine dans lequel nous avons travaillé depuis près de 13 ans maintenant, en cherchant à situer d’autres significations, depuis le lieu du nouvel humanisme, du Siloïsme, de la non-violence. En cours de route, nous avons rencontré d’autres personnes merveilleuses qui, également dans le domaine de la communication, ont travaillé intensément pour un autre type de journalisme, un journalisme humain, un journalisme pour la paix. Nous avons beaucoup appris d’eux tous et nous imaginons qu’ils ont également appris de nous ».
Dans le même ordre d’idées, un autre des coauteurs, Javier Tolcachier, a souligné l’importance de parvenir à un dialogue avec le public et les militants en convergeant sur des questions importantes pour la base sociale, loin du récit intéressé et mensonger de la presse au service du pouvoir économique.
Il est d’un grand intérêt pour le journalisme non-violent – le communicateur argentin cite le texte – « de quitter l’agenda dicté par l’économisme dominant, de faire écho aux voix provenant de la base sociale, de toutes ces personnes et communautés rendues invisibles ou violentées par le pouvoir ; de ceux qui quittent les discours officiels, valorisant la liberté de pensée et de croyances.
Ouvrir l’agenda à des questions qui mobilisent des changements positifs ou montrent des attitudes exemplaires de nonviolence dans les sociétés et les individus ; de nouvelles constructions qui, bien qu’initialement petites, sont des graines d’espoir au détriment d’un récit monolithiquement violent ».
A quoi il a ajouté que « Dans le même temps, les multiples situations de violence existantes doivent être abordées de manière critique, afin de révéler leurs causes souvent structurelles plutôt que conjoncturelles ».
Tony Robinson, co-éditeur de l’édition anglaise de Pressenza, a ensuite souligné le caractère militant de la communication non-violente, en insistant sur le principe contenu dans le deuxième chapitre du livre, « Au-delà de l’information, vers l’action ».
Fort de sa grande expérience dans la promotion de la cause pour la dénucléarisation et du désarmement, il a souligné comment la couverture et les productions de l’agence ont contribué à la sensibilisation et, à leur tour, ont donné à l’agence une fiabilité et une reconnaissance de la part des organisations qui ont permis l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires aux Nations unies en 2017.
À son tour, Pia Figueroa, qui a également participé à la rédaction de « Journalisme Non-violent », a souligné l’importance du langage et des significations utilisées, une question abordée dans le livre dans le chapitre sur les outils.
À titre d’exemple, cette cofondatrice de Pressenza, a souligné la couverture abondante du « réveil chilien », distinguant ce terme – qui indique un plus grand niveau de conscience et une ouverture à un processus de transformations profondes dans ce pays – du terme « explosion sociale », utilisé par les médias hégémoniques. L’explosion implique une rupture, une altération, un dommage, ce qui induit des significations très différentes.
Enfin, une autre des co-auteures, Juana Pérez Montero, de la rédaction de Pressenza en Espagne, a commenté un thème central du livre, la transformation positive qui s’opère chez le communicateur lui-même lorsqu’il communique dans une perspective de non-violence et de non-discrimination.
Elle a également souligné que le livre démonte les idées préconçues habituelles sur la non-violence comme moyen d’envisager la communication.
Enfin, la journaliste a valorisé les propriétés formatrices du livre. « Nous pensons souvent que les grands médias du système ne nous publient pas afin de nous faire taire, ce qui n’est que partiellement vrai. Parfois c’est le volume de matériel que nous envoyons, ou la manière dont nous essayons de le rendre accessible au public qui conspirent contre l’intention de diffuser notre pensée. Ainsi, en tant que militants de l’humanisation, nous espérons pouvoir utiliser ce livre pour améliorer nos capacités de communication », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle souhaitait organiser des ateliers ouverts basés sur les contenus de l’ouvrage présenté.
Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet