Arriverait-on à la fin du cycle de démocratie « formelle » inauguré par le discours de La Baule du président Mitterrand dans les années 90 appelant à la démocratisation de l’Afrique notamment sous influence française ? Avec le coup d’État en Guinée, qui fait suite à ceux qui se sont déroulés au Mali, et à des crispations autour du thème des élections dans de nombreux autres pays de la sous-région dont le Sénégal, les opinons publiques et les femmes et les hommes de progrès s’inquiètent à juste titre. Faiblesse des institutions, présidentialisme/ bonapartisme exacerbé, défis sécuritaires, partenaires occidentaux complaisants et régimes autoritaires décomplexés… ? Les causes profondes des crises sont multiples.
Les crispations et soulèvements « cathartiques » auxquels nous assistions expriment à suffisance l’impasse des expériences « démocratiques » qui du reste, sont les résultats de mobilisations populaires mais tout le temps « corsetées » par les forces politiques civiles ou militaires aux services d’intérêts de groupes toujours filiales des préoccupations de la communauté internationale , terme pudique et diplomatique où se cache honteusement le capitalisme financier mondial et ses représentants politiques, économiques, culturelles , idéologiques.
La démocratie « formelle » est en crise folle à l’heure actuelle avec son cortège de fraudes électorales, des victoires « électroniques » ; de coups d’État dont on parle très peu, sur lesquelles, l’Union Africaine, la Communauté de Développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest CDEAO, la communauté internationale observent dans une totale complicité un silence, cependant un mutisme « registré » comme une violence par les populations africaines. Nous avons également des formes de coups d’État constitutionnels, on trafique la Constitution pour rester au pouvoir et maintenant, c’est le retour systématique des coups d’État militaires. Les coups d’État militaires font plus de bruit que ceux constitutionnels qui sont en général plus « soft » mais qui sont tous structurés par la violence systémique ; un coup d’État civil ou militaire reste toujours une confiscation du pouvoir par un groupe donné qui prétend parler et agir pour le bien et au nom de la majorité. Les gens les prennent comme des remèdes, mais ce ne sont pas les bonnes réponses ! Ce sont des mécanismes de blocage du processus révolutionnaire initié par des populations pour changer l’« état actuel des choses » : l’exemple tout chaud de la Guinée.
C’est comme si le cycle de démocratisation des régimes de la sous -région se referme et ouvre une transition intéressante compliquée par les coups d’état civils et « kakis ».
La crise est globale ; des dirigeants corrompus et corrupteurs, des « rois fainéants » devant lesquels se sont agenouillés la Justice, les parlements, les leaders de maints corps intermédiaires, dont des têtes syndicales ou autres… une répression / diabolisation de certaines organisations de la société civile qui résistent et dont la caractéristique majeure est la jeunesse de leurs animateurs et membres.
Peut-être bien un modèle humanisateur dont le moteur se trouve être la nouvelle génération entre doucement en scène sous des formes, cadences diversifiées avec une très grande créativité ? Ce processus peut-il être en partie observable à travers le dynamisme révélé par la société civile réelle qui s’active sur le terrain, dans tous les champs de la société où il est possible de la changer de Dakar à Kinshasa via Conakry, Bamako, Ouagadougou, Accra pour n’en citer que quelques-uns ?
Une autre société civile, celle- là dite « officielle » et qui est dans le partage du fromage est aussi présente. Cependant, on peut penser que la crise globale du système l’affectera à coup sûr et les autres corps intermédiaires et qu’un basculement de beaucoup de leurs adhérents en rapport avec les enjeux de la société nouvelle à construire ne saurait être balayé d’un revers de main ; l’histoire des luttes sociales humaines regorgent de beaucoup de cas de ce type…
A cet égard nous pouvons rappeler les paroles de Silo, penseur et écrivain Argentin, fondateur du Mouvement Humaniste : « Il ne s’agit pas d’abattre qui que ce soit mais de briser les barrières qui nous séparent… ». Causerie à Bomarzo (Italie) 2005
On pourrait ajouter qu’en plus du contexte sécuritaire généré par le 11 septembre 2001 qui produit une crispation où la lutte contre le terrorisme sert d’alibi pour la mise en place de mesures anti démocratiques. L’exemple récent du Sénégal, du reste perçu comme une vitrine démocratique, où actuellement la moindre demande de manifestations même contre la hausse de prix des denrées de première nécessité est assimilable à « troubles à l’ordre publique » car il y a possibilité, nous dit-on de l’infiltration de djihadistes !!! Au Sénégal tout dernièrement les députés ont voté des points ajoutés dans le code pénal où on peut assimiler à du terrorisme le simple fait de se rassembler devant l’Assemblée nationale ou autre édifice public pour dénoncer les avatars du régime. Les autorités réfutent cette interprétation face à la réaction citoyenne. Ils ont servi des arguties juridiques, bref du bla bla comme d’habitude. Ces dispositifs juridiques sont presque du « copie/ coller » de ceux de Hollande/ Macron aux lendemains des attentats du 13 Novembre 2005 à Paris et du mouvement social des Gilets jaunes. Il est de notoriété publique qu’un l’un des conseillers occultes de Macky Sall n’est autre que Tony Blair et son cabinet–conseil. Quand on se rappelle le pedigree de ce personnage, il y a de quoi s’inquiéter !!!! S’y ajoute au nom de la lutte contre le covid 19, du pain béni pour les autorités de nos pays d’en profiter pour la mise au pas des populations en essayant de donner une coloration légitime et légale à toutes les atteintes aux droits humains au nom de la préservation de la santé publique.
Et ces régimes, cyniquement, au nom d’une prétendue souveraineté, jouent sur les contradictions (guerre commerciale féroce principalement) entre ce que l’on nomme abusivement le monde occidental globalement d’un cote et la Chine, la Turquie ou la Russie de l’autre cote et qui, tout le monde le sait, ne sont pas regardants sur les questions des droits de l’homme. Tout cela pour maintenir cette vielle société en attisant la haine ethnique ou religieuse où chacun en son for intérieur se sent mal, où chaque personne crie comme elle peut son rejet de comment « les choses se passent ici », « Maintenant nous savons ce que nous ne voulons plus !! », « on a tous compris !!!! », « on fait la queue pour les élire après on les voit plus et ils reviennent sur leurs engagements !! », « ils ravalent leurs vomissures !! »
Passer de cette clameur à ce qui a fait bouger des générations de femmes et d ‘hommes pour la maitrise de leur destin individuel et collectif, tel nous semble être, humblement posé, la question contemporaine de sortie de la préhistoire humaine que nous expérimentons aujourd’hui.
Il s’agit de continuer à poser les pas d’une chaude histoire humaine ici et maintenant comme une partie intégrante de la lutte mondiale pour une Nation Humaine Universelle.
Ces régimes politiques brièvement décrits dans le cadre de cet article ne traitent les populations comme ils voudraient être traités… et sur tous les plans…
Ils divisent les gens sur des bases ethniques, culturelles, sociales, économiques…
Quel est leur bilan en matière de santé, d’eau potable, d’éducation, d’emplois, de qualité de vie, etc. ? au fond, ils sont inutiles.
Ne les laissons pas nous diviser ! Prenons soin de nous, les uns les autres…
Traitons l’autre comme nous voulons être traités. Etre dans ça est mortel pour le système et ses représentants…
Construire une nouvelle société beaucoup plus conforme à ce que nous sommes : des héritiers d’un long legs de nos devanciers qui nous ont laissés un monde un peu mieux et que nous devons, nous aussi, laisser un peu mieux…
Cette attitude personnelle et sociale ne dépend que des personnes elles-mêmes.