Les chroniques de ces derniers jours ont rapporté la mort d’un autre être humain sur le territoire grec, dans le camp de Moria. Il s’agit cette fois d’un Afghan de 21 ans. Selon les articles de la presse locale, le jeune homme avait des blessures au couteau sur le corps, tandis que les auteurs du crime semblent être trois de ses compatriotes. Le journal « Efimerida ton Sintakton » rapporte que les autorités ont arrêté un jeune de 19 ans, tandis qu’un autre des auteurs a été identifié. Plus de cinq personnes ont perdu la vie dans ce camp de réfugiés à la suite d’attaques similaires en 2020.

Il est difficile de décrire la situation à Moria à quiconque n’y est pas allé. Les organisations qui s’occupent des questions d’ « accueil » protestent de temps à autre contre les conditions inhumaines, le manque d’hygiène, la foule, l’attente pour manger trois fois par jour ou encore contre les querelles qui sont inévitablement provoquées par les conditions de vie. Le 3 août, l’organisme de santé publique lui-même a décidé de procéder à des vaccinations, augmentant de fait la foule et la tension, qui ont atteint leur niveau le plus élevé.

Traduction du tweet : Les gens font la queue pour la campagne de vaccination de l’EODY (Organisation nationale hellénique de la santé publique) aujourd’hui pour 3000 enfants à #Moria. Filmé par #refugeesgr vivant dans le camp. Actuellement, 14 162 femmes, hommes et enfants vivent dans et autour du camp.

A cette situation vécue par les personnes venues demander la protection internationale dans notre pays, s’ajoute la décision du gouvernement grec de prolonger pour la troisième fois consécutive (jusqu’au 2 août) l’enfermement des personnes vivant dans les centres d’accueil. Sans raison importante, uniquement à titre de mesure préventive, mais qui ne s’applique toutefois pas à l’ensemble de la population, étant donné que tous ceux qui vivent en Grèce n’ont pas à subir de telles mesures, tandis que les touristes sont chaleureusement invités à profiter de l’hospitalité de notre pays.

Le Haut Commissaire et de nombreuses organisations grecques ont publié leur opinion dissidente. Selon les informations dont dispose notre rédaction, le rapport des membres de la commission scientifique créée par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus est également dissident, s’alignant sur les instructions publiées il y a quelques semaines par le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC). Malgré cela, il semble que ce soit la seule mesure qui reste au gouvernement pour apaiser les protestations des habitants des îles, qui sont en partie dues à la fatigue, mais qui, surtout, sont fomentées par des voix locales d’extrême droite. Par ailleurs, le maire de Lesbos Ouest, Taxiarchis Verros, a « menacé » le propriétaire d’un hôtel de Lesbos de procéder à des contrôles stricts s’il acceptait de louer son hôtel à des demandeurs d’asile.

Si nous cherchons des solutions, nous pouvons penser à la fermeture de ces lieux – qui représentent le contraire de l’accueil – et au transfert des demandeurs d’asile vers un hébergement sûr, tandis qu’entre-temps, leur demande de protection internationale présentée sur le territoire européen est examinée.

Traduit de l’anglais par Cheyenne Ogoyard