Les derniers événements dans la ville de Ceuta, avec des milliers de mineurs traversant à la nage la frontière entre le Maroc et l’Espagne, nous rappellent que la frontière sert d’arme de pression pour submerger un pays. Mohamed VI et son gouvernement ont l’habitude d’utiliser la question de l’immigration lorsqu’ils veulent atteindre un objectif politique.
L’entrée du président sahraoui Brahim Gali due au Covid-19 a été interprétée par le Maroc comme un acte hostile à ses relations avec l’Espagne. Une crise a également éclaté avec l’Allemagne en raison de sa position au Conseil de Sécurité contraire à la violation flagrante faite par l’administration Trump sur la question palestinienne et sahraouie. Reconnaître à l’époque la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de relations diplomatiques entre Israël et le Maroc, cette décision ignoble a enhardi le Maroc au point d’exiger des explications du gouvernement espagnol sur l’accueil de Brahim Gali sur son territoire.
Une relation diplomatique ne peut être développée sur la base du chantage. Les Sahraouis sont et seront toujours en lutte pour leur liberté, aucun pays ne peut remettre en cause la lutte d’un peuple pour ses droits comme le stipulent de multiples résolutions de l’ONU.
L’exil, la diaspora et le refuge sont le visage indéniable d’une invasion militaire menée par le Maroc en 1975 contre la volonté des Sahraouis, abandonnés à leur sort par l’Espagne. La demande de Kurt Waldheim, Secrétaire des Nations Unies à l’époque, a été violée lorsqu’il a demandé la remise du territoire à la plus haute instance internationale. Aujourd’hui, lorsque nous voyons l’arrivée massive de milliers de Marocains à Ceuta, nous savons que cette décision répond à une pression politique, à l’utilisation d’êtres humains pour créer une tension et obliger à négocier.
Nous l’avons vécu dans le cas d’Aminetu Haidar, de Sultana Jaya et du groupe de prisonniers politiques de Gdeim Izik. Le Maroc fait pression sur la question de la collaboration antiterroriste, le trafic de drogue et contourne les règles fondamentales en matière de droits humains. Le roi du Maroc exerce un pouvoir absolu sur l’économie et la politique de son pays. La société civile marocaine est inexistante et vit dans un environnement de répression totale. Les cas du vendeur de poisson Mouhcine Fikri, du militant Nasser Zafzafi et du mouvement du 20 février nous montrent qu’il n’y a pas de place pour la dissidence dans ce pays.
Nous ne pouvons pas confier nos affaires aux caprices d’un système politique qui n’admet pas la liberté de ses citoyens.
Le spectacle que le parlement et les partis politiques tentent de faire est nul et non avenu face à l’intervention du palais royal dans toutes les questions cruciales. L’avenir d’un pays ne peut être sacrifié dans un conflit militaire au Sahara Occidental. Ne pas tenir compte du référendum et chercher comme solution une autonomie au sein d’une monarchie absolue est une équation impossible qui nous mènera à un scénario apocalyptique.
Le Maroc resserre les liens avec ses voisins, tente d’assiéger les villes de Ceuta et Melilla, occupe illégalement une grande partie du Sahara occidental, menace la Mauritanie d’occuper la ville sahraouie de Lagüera, et maintient fermée la frontière avec l’Algérie. Tous ces faits conduiront à une plus grande escalade, dont les conséquences sont incalculables.
La détermination de chaque pays et un leadership politique fort sont l’ingrédient déterminant qui peut nous conduire à une solution digne pour toutes les parties une solution qui garantisse l’avenir des peuples de cette région à vivre en paix.
L’autodétermination n’est pas négociable en termes de souveraineté. Ceux qui ont conduit le peuple sahraoui dans cette impasse sont obligés de lui rendre la dignité qui lui a été enlevée en 1975, son droit de vivre comme une nation libre sur sa terre.
Traduction de l’espagnol, Ginette Baudelet