Treize morts (35 ans pour le plus âgé), cinq cent quatre-vingt-dix blessés recensés, 19 grandes surfaces « Auchan », un grand nombre de stations d’essence Total hors service, etc., tel est le bilan provisoire des grandes mobilisations populaires de ces derniers jours.
Le Président Macky Sall, autoritaire et intrépide, expression de son régime « bonapartiste » inspirée de la 5e République Française, a montré des signes de fébrilité. Il n’a pas tenu cette fois-ci face à la vague de soulèvement d’une population qui lui a démontré son ras-le bol généralisé.
Son discours creux n’a même pas trouvé beaucoup de défenseurs dans son propre camp, plusieurs rats ayant quitté le navire. Finalement, Sonko et Cie ont gagné la bataille d’opinion, réussissant ainsi à faire croire à une tentative de liquidation d’un adversaire politique, ce qui est clair maintenant. Souvent très loquaces, certains pontes du régime ont déserté, sur ce coup-ci, l’espace public refusant de mêler leur nom à cette affaire. Le roi s’est retrouvé nu… DAVID A VAINCU GOLIATH.
D’habitude très intransigeant, Macky Sall a été obligé lundi dernier 8 mars, de jouer la carte de la négociation et de calmer le jeu. Craignant un bain de sang et conscient de cette lourde responsabilité qui le hantera durant toute sa vie doublée de la crainte justifiée du Tribunal Pénal International, Macky Sall a « abdiqué ». Manifestement, le rapport de force a été favorable au leader de Pastef et des manifestants.
Le discours arrogant et provocateur auquel ses ministres et obligés nous avaient habitués dans un contexte où le chômage endémique et le système éducatif sont pratiquement à terre, est vite balayé.
La démonstration de force montrée ces dernières semaines par les jeunes, la désapprobation des chefs religieux, coutumiers et traditionnels ainsi que des mouvements et organisations de la société civile concernant la gestion de ce dossier Sonko, ont fait capituler Macky Sall, finalement seul contre tous.
Un calme précaire prévaut en ce moment… Mais la mobilisation ne faiblit pas pour obtenir la libération de tous les otages politiques et le respect du calendrier électoral via des marches pacifiques malgré les décisions de Macky de mettre plus de 300 milliards de FCFA en direction des jeunes pour des projets dont la fin de l’état d’urgence sanitaire. Une loi de rectification budgétaire est en cours d’élaboration, ainsi que des responsables qu’il va démettre, de pauvres fusibles qui vont payer. Que valent ces mesures « cosmétiques et sectorielles » en face des revendications globales sorties par les manifestants lors de ces sanglantes journées de début Mars 2021 ?
« Macky, nous allons l’encadrer jusqu’en 2024, il organise des élections présidentielles dont il ne sera pas candidat. Nous n’allons pas le déloger au Palais » dixit Sonko en réponse aux manifestants…
Est-ce le souci d’éviter un bain de sang et de la recherche d’alternative non-violente face à la question de la prise du pouvoir ?
Cette attitude a été amplement saluée et encouragée. Y compris les scènes de fraternisation entre les manifestants et les forces de « l’ordre ».
Dorénavant rien ne sera plus comme avant… !!!
Dans de précédents articles nous mettions l’emphase sur ce qui risque d’arriver le « Jour d’après » (covid19), la situation que nous vivons, les mobilisations populaires sont des indications concrètes dans la marche des citoyens pour la mise en place d’une société solidaire dans sa diversité.
Le régime jadis arrogant est blessé, humilié… mis à genoux, parfois dans certains endroits par des gamins de 16 ans, très créatifs dans leurs mobilisations.
Le futur dépend de nous… il est nourri par le passé et le présent de nos devanciers qui ont laissé ce pays un peu mieux : ce pays-laboratoire qui a tant parlé au reste de l’Afrique et d’où sont partis beaucoup d’expériences politiques, sociales et culturelles pour la dignité de l’être humain, pour la justice sociale.
Tel est à notre humble avis, le sens profond de ces mobilisations au-delà des péripéties du quotidien.