Par Mitzi Stark (WILPF) et Giovanny Blanco (Monde Sans Guerres et Sans Violence)
Le 22 janvier 2021 a été un jour de célébration mondiale. Le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires est entré en vigueur avec le nombre nécessaire d’États qui l’ont ratifié. Les organisations qui ont travaillé en réseau pour y parvenir considèrent qu’il s’agit d’une étape nécessaire et importante pour rendre la planète plus sûre face à la menace la plus mortelle de l’histoire.
Que signifie cet événement pour nous, ici au Costa Rica, et pour toute l’Amérique latine et les Caraïbes, petits pays impuissants sur la scène mondiale ? Le monde entier reconnaît la mort massive et la destruction totale causées par la bombe atomique que les États-Unis larguèrent sur Hiroshima en 1945 pour mettre fin à la guerre mondiale. Une tragédie que personne ne veut voir se répéter. Mais malheureusement, les dirigeants des pays les plus puissants pensaient que les bombes étaient nécessaires pour empêcher une autre guerre, et continuèrent à développer et à construire des bombes de plus en plus puissantes ; jusqu’à présent, 9 pays possèdent de telles armes et 9 présidents et premiers ministres ont à portée de main le bouton pour lancer une bombe nucléaire.
La crise des missiles russes à Cuba en 1963 amena la menace d’une guerre nucléaire à nos frontières lorsque l’Union soviétique essaya de mettre des armes à Cuba et que le président John Kennedy lança un défi au premier ministre de l’Union soviétique. Bien que les Russes aient retiré les armes, ce fut un moment où l’humanité entière se maintint en suspens face au risque de destruction massive. C’est ainsi que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes se réunirent et signèrent au Mexique, en 1969, le traité de Tlatelolco, premier traité au monde d’interdiction des armes nucléaires.
Aujourd’hui, 9 pays possèdent plus de 13 500 ogives nucléaires et parmi celles-ci, 1 800 sont pointées sur des cibles fixes. Entre les neuf pays, les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël ont dépensé en 2019, 116 milliards de dollars pour leur seul arsenal nucléaire. D’autres pays comme l’Iran et l’Arabie Saoudite pourraient avoir le potentiel de les produire ou le faire clandestinement. En outre, certains de ces pays étaient déjà en proie à des conflits susceptibles de déboucher sur une guerre nucléaire : l’Inde et le Pakistan, la Corée du Nord et les États-Unis.
Le grand défi consiste maintenant à convaincre les dirigeants du monde entier d’adhérer au Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires et de faire un pas vers la paix. Federico Mayor Zaragoza, président de la Fondation pour la Culture de la Paix et ancien directeur général de l’UNESCO (1987-1999) a déclaré que nous avons besoin d’un nouveau concept de sécurité. « Les armes nucléaires n’apportent jamais la sécurité ou la paix. »
Le Costa Rica a joué un rôle très important dans la réalisation du Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, d’abord en tant que pays ayant participé à l’élaboration du traité et à son introduction aux Nations Unies. Elayne Whyte Gomez, représentante permanente du Costa Rica auprès des Nations Unies à Genève, organisa et présida la conférence des Nations unies de 2017 où le traité fut négocié et adopté avec 122 voix en faveur.
Tout au long de ce processus, la pression et le travail des organisations non gouvernementales ont été fondamentaux et la coalition de la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires (ICAN) reçut en 2017 le prix Nobel de la paix pour ses efforts de promotion du désarmement et pour sa contribution significative à la facilitation de l’entrée en vigueur du traité rendant les armes nucléaires illégales.
Parmi les organisations partenaires de l’ICAN, citons World Without Wars and Violence (WWW), International Physicians for the Prevention of Nuclear War (IPPNW) et la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) qui sont actives au niveau international et régional depuis plus de dix ans, toutes trois ayant des sections au Costa Rica, dont les militants travaillent à la promotion d’une culture de paix.
Cette année 2021 elles réaliseront avec un grand nombre d’autres organisations, la première Marche Latino-américaine pour la Nonviolence, qui partira simultanément du Mexique et de l’Argentine et culminera au Costa Rica durant les mois d’août à octobre de cette année, avec pour objectif de promouvoir la paix plutôt que les armes.
Traduit de l’espagnol par Martine Sicard