Par Victor M. Carriba
Être ou ne pas être est aujourd’hui l’alternative la plus claire pour comprendre la conjoncture économique et sociale actuelle que traverse Cuba en raison notamment de la grave recrudescence de l’hostilité des Etats-Unis contre l’île.
Cette première phrase du monologue d’Hamlet dans l’œuvre du dramaturge anglais William Shakespeare évoque la véritable dimension des problèmes auxquels l’île est confrontée, si on analyse les déclarations du vice-premier ministre Alejandro Gil sur la situation actuelle du pays.
Le contexte général présenté par le titulaire de l’Economie est marqué par une chaîne de problèmes interconnectés sous la pression du renforcement extrême du blocus imposé par les États-Unis.
Un siège qui dure depuis près de 60 ans et qui s’intensifie actuellement avec plus de 120 mesures décrétées depuis 2019 par le gouvernement du président nord-américain Donald Trump contre La Havane et l’impact de la pandémie de la Covid-19.
‘Le blocus des États-Unis est assassin’, a déclaré Gil pour montrer la vraie nature des agressions visant à étouffer l’économie cubaine et donc une population de plus de 11 millions d’habitants.
Les coûts de ce blocus ont dépassé pour la première fois cinq milliards de dollars l’année dernière, a révélé le ministre.
Parmi les nouvelles pressions exercées par Washington sur l’île, on peut citer une persécution financière implacable des banques, des mesures visant à empêcher l’entrée de carburant à Cuba, la suspension des croisières et des vols des États-Unis vers le pays et l’attaque contre les missions médicales cubaines à l’étranger.
La plus récente de ces dénommées sanctions a été l’interdiction des envois de fonds vers l’île par la société Western Union, pour empêcher l’entrée d’importantes ressources en devises, et ce au milieu de la lutte face à la pandémie du nouveau coronavirus SARS-Cov-2, dont les combats ont absorbé jusqu’à présent plus de 100 millions de dollars.
‘Nous nous sommes retrouvés dans un scénario tout à fait exceptionnel : fermeture des frontières, arrêt d’une partie importante de l’activité productive, travailleurs en situation irrégulière, augmentation considérable des dépenses de santé en monnaie nationale et en devises internationales, paralysie d’une bonne partie du secteur non étatique et du tourisme’, a souligné Gil.
Il a expliqué que ‘nous n’allions pas répondre à ce scénario par des mesures néolibérales ou de choc’, mais que « nous avons cherché des moyens de réorganiser l’économie et de faire face à la situation en protégeant la population ».
À cette fin, les ressources ont été essentiellement consacrées à l’achat de médicaments, de denrées alimentaires et de produits de toilette, ainsi qu’à la production d’électricité afin d’éviter les coupures de courant. Se référant à la décision de créer des magasins dits en monnaie librement convertible, l’une des principales cibles des campagnes médiatiques actuelles contre Cuba, le titulaire a déclaré qu’il s’agit de ‘l’un des moyens pour subsister, maintenir la vitalité de l’économie nationale et protéger sa population’.
Il a révélé que le pays perdait environ 3 milliards de dollars par le biais d’une sorte de marché parallèle mis en place par des personnes physiques qui voyageaient à l’étranger et apportaient des produits que le pays n’était pas en mesure d’offrir.
‘Il fallait trouver un moyen de capter ces ressources et d’avoir un niveau d’offre sur le marché national’, a-t-il précisé.
Il a assuré que ces magasins permettent un niveau d’offre bien que toute la population n’y ait pas accès, de capter des devises en raison de la limitation des exportations et de redistribuer ces devises en productions et services nationaux.
Autrement, comment aurions-nous pu financer les ressources dont le pays a besoin pour maintenir, ne serait-ce qu’à un niveau minimal, les offres dans les magasins en monnaie nationale?, a questionné le ministre.
Demandant ensuite : comment les dépenses d’électricité et de médicaments seraient-elles financées ? Comment pourrions-nous dépenser plus de 100 millions de dollars pour la lutte face à la Covid-19 ? Combien de PCR (tests pour la détection du coronavirus) faisons-nous ? Combien ça coûte ? Quel Cubain paye ces soins ?
Il a également réaffirmé la validité du principe de la Révolution cubaine de ne pas appliquer de mesures néolibérales ou de choc et de rechercher les moyens de réorganiser l’économie et de faire face au scénario actuel en protégeant la population.
Telle est la question, répondit Hamlet dans son soliloque historique.