Le 7 juillet 2020, trois ans après son adoption.
Nous sommes le 7 juillet 2017 et, vers 11 heures, à l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le résultat du vote pour l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) (*) apparaît sur le grand écran : 122 voix pour, 1 voix contre, 1 abstention ; l’émotion des personnes présentes – diplomates mais aussi nombreux militants de la société civile – est grande… c’est en effet une victoire importante de la « démocratie planétaire » face aux intimidations, voire parfois au chantage d’une oligarchie de grandes puissances !
Ayant pu participer aux travaux de la Conférence avec les amis Alfonso Navarra de « Disarmisti Esigenti », Giovanna Pagani de WILPF-Italie, ainsi que Jean-Marie Collin, co-président d’ICAN-France, et nombre d’autres, nous avons également pu participer, avec le grand groupe d’autres militants partenaires d’ICAN rassemblés du monde entier, à la grande satisfaction de ce résultat historique.
Comment a-t-il été possible d’atteindre un tel résultat, qui quelques années auparavant semblait un rêve même pour les plus optimistes des experts et des militants ?
Que s’est-il passé depuis lors au cours de ces trois années ?
Et quels pourraient être les développements futurs ?
Essayons d’y aller dans l’ordre :
Les initiatives pour parvenir à l’élimination et à l’interdiction des armes nucléaires ont commencé immédiatement après leur première apparition : Albert Camus (article dans le journal « Combat » du 8 août 1945), Fréderic Joliot et l’Appel de Stockholm de mars 1950, signé par plus de 500 millions de personnes de tous les continents !, Bertrand Russel et Albert Einstein (Manifeste Russel-Einstein du 9 juillet 1955 à Londres) et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui des personnalités et des mouvements n’ont cessé de s’opposer à la folie des armes nucléaires.
Toutefois, deux dates marquent le début du parcours spécifique qui a conduit à l’adoption du TIAN :
– L’année 2007 a vu la formation de la campagne ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) en Australie, avec le lancement officiel le 23 avril 2007 à Melbourne, par l’Association de médecins IPPNW (International Physicians for the Prevention of Nuclear War).
ICAN regroupe actuellement plus de 500 associations dans un peu plus de 100 pays à travers le monde et son équipe de direction est basée à Genève, avec Beatrice Fihn comme directrice exécutive.
Parmi ces associations, certaines ont assumé un rôle particulièrement important : l’IPPNW, la WILPF (Women’s International League for Peace and Freedom), l’IALANA (International Association of Lawyers Against Nuclear Arms), Mayors for Peace, Peace Boat, PAX et d’autres.
– Puis l’année 2013 (mars) est venue, où la première conférence sur les « Conséquences humanitaires des explosions nucléaires » s’est tenue à Oslo à l’initiative de la Norvège, en collaboration avec l’ICAN, et qui a réuni 127 Etats et plusieurs ONG.
– Cette première Conférence a été suivie d’une deuxième au Mexique (à Nayarit) en février 2014, avec la participation de 146 États et de nombreuses ONG.
– Et une troisième Conférence a eu lieu en Autriche, à Vienne, les 8 et 9 décembre 2014 avec la participation de 158 États (précédée d’une réunion d’ICAN les 6 et 7 décembre avec environ 600 participants).
Cette Conférence de Vienne a permis de développer non seulement le thème des conséquences humanitaires, mais aussi celui du risque qu’une guerre nucléaire, régionale et/ou mondiale, puisse effectivement se produire (interventions d’Eric Schlosser, auteur de l’ouvrage de référence (**) : » Command and Control – Nuclear Weapons, the Damascus accident, and the illusion of safety « ).
Elle a également marqué un tournant dans ce processus avec l’engagement de l’Autriche (« pledge ») de combler le vide juridique (« the legal gap »), puisque les armes nucléaires n’avaient pas encore été interdites par un traité international, contrairement aux deux autres types d’armes de destruction massive : les armes chimiques et les armes bactériologiques.
Deux autres étapes ont suivi :
L’action du « Groupe de travail à composition non limitée » (‘Open Ended Working Group’) de l’ONU à Genève (février-août 2016) a été suivie d’un vote à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le 23 décembre 2016, afin d’ouvrir des négociations en vue de formuler un Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (en mars puis en juin-juillet 2017).
Fait remarquable du « Groupe de travail à composition non limitée » : il nous a été possible, en tant qu’ONG, de discuter sur un pied d’égalité avec les délégations des États en séance plénière !
Le travail intense, notamment en juin-juillet 2017, au siège des Nations Unies à New York, magistralement coordonné par la présidente Elayne Whyte Gomez, ambassadrice du Costa Rica, a permis d’aboutir au texte du Traité, qui ensuite a été voté, comme nous l’avons vu, à la quasi-unanimité.
Grâce à ce Traité, une fois entré en vigueur prochainement, la fabrication, la possession, l’utilisation et la menace d’utilisation d’armes nucléaires sont désormais interdites. La « dissuasion nucléaire » devient ainsi ILLÉGALE au regard du Droit international et les armes nucléaires sont désormais à jamais stigmatisées.
Que s’est-il passé depuis lors, au cours de ces trois années ?
Surtout, quatre faits importants :
1) L’attribution du prix Nobel de la paix 2017 à ICAN.
A gauche Berit-Reiss Andersen, présidente du Comité Nobel norvégien, au milieu se trouve l’hibakusha Setsuko Thurlow, et à droite Beatrice Fihn, directrice d’ICAN (Photo ICAN)
2) Parmi les 81 États qui ont jusqu’à présent signé le TIAN, 9 États ne figuraient pas parmi les 122 États qui avaient voté pour son adoption, de sorte que le nombre d’États qui ont rejoint le TIAN, c’est-à-dire qui ont voté pour son adoption et/ou l’ont signé, est, jusqu’à présent = 122 + 9 = 131(***).
3) Le processus de ratification est bien engagé : 40 États ont déjà ratifié le TIAN, sur les 50 nécessaires et suffisants pour que le Traité d’interdiction des armes nucléaires entre en vigueur et devienne ainsi une partie intégrante du Droit international.
Voici la liste actualisée des 40 États qui ont ratifié le TIAN : Afrique du Sud, Antigua-e-Barbuda, Autriche, Bangladesh, Belize, Bolivie, Botswana, Costa Rica, Cuba, La Dominique, Équateur, Fiji, Gambie, Guyane, Îles Cook, Kazakhstan, Kiribati, Laos, Lesotho, Maldives, Mexique, Namibie, Nicaragua, Nouvelle-Zélande, Palaos, Palestine, Panama, Paraguay, Sainte-Lucie, Saint-Marin, Saint-Vincent-et-Grenadines, Salvador, Samoa, Thaïlande, Trinidad-et-Tobago, Vanuatu, Uruguay, Vatican (Saint-Siège), Venezuela, Vietnam.
Et voici les 18 autres États pour lesquels le processus de ratification est en cours ou imminent : Algérie, Cambodge, Comores, Ghana, Grenade, Guatemala, Honduras, Irlande, Jamaïque, Malawi, Népal, Nigeria, Philippines, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Saint-Christophe-et-Nevis, Soudan, Tanzanie.
On peut donc raisonnablement espérer que le nombre fatidique de 50 États sera atteint au plus tard d’ici un an, à compter de maintenant.
4) « Last but not least », un autre fait important est que l’effet stigmatisant du TIAN est déjà largement présent dans l’impact sur plusieurs banques (≈ 35, dont la Deutsche Bank) et fonds de pension (dont 3 très importants) qui ont décidé de cesser de financer les armes nucléaires : c’est grâce à l’initiative « Don’t bank on the bomb » d’ICAN, coordonnée par la militante de longue date Susi Snyder.
Voyons maintenant ce que pourrait être le développement futur du TIAN
Une première étape (fondamentale !) sera, comme nous l’avons vu, l’entrée en vigueur du TIAN, qui aura lieu automatiquement 90 jours après que le cinquantième État l’aura ratifié.
Mais il s’agit maintenant de commencer à aborder l’étape la plus difficile : celle de l’élimination effective des armes nucléaires.
Si pour parvenir à l’adoption et, ensuite à l’entrée en vigueur du Traité International sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, une coopération intense entre la société civile et les États « non dotés » a pu suffire, pour la prochaine étape, celle de l’élimination de ces armes, l’interaction de la société civile sera également nécessaire avec les États dotés d’armes nucléaires, à commencer par les deux « géants » : Les États-Unis et la Russie, avec, si possible, la médiation de la Chine qui, malgré son régime totalitaire, a adopté une attitude relativement ouverte à l’égard du processus qui a conduit à l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et ce, contrairement à d’autres États, comme la France et les États-Unis, qui ont tout fait pour le saboter.
De plus, la Chine est le seul État nucléaire à avoir complètement exclu de sa doctrine toute forme d’attaque nucléaire de « première frappe » et maintient ses armes nucléaires (vingt fois moins en nombre que celles des États-Unis ou de la Russie) au niveau d’alerte le plus bas.
Dans un premier temps, la Chine pourrait, par exemple, proposer la création d’un groupe de travail composé d’experts des 9 pays nucléaires (un WG9) avec pour mission spécifique de formuler une « feuille de route » réaliste pour un désarmement multilatéral coordonné, qui servirait ensuite de base aux négociations entre les 9 pays nucléaires et leurs alliés
Une fois que toutes les armes nucléaires auront été abolies, le TIAN aura également une autre fonction essentielle: celle d’en assurer l’irréversibilité.
Bien sûr, d’autres voies, différentes ou complémentaires, peuvent et doivent être « inventées » et entreprises… tant au niveau diplomatique qu’au niveau de l’opinion publique, car le chemin à parcourir requiert la contribution de tous et de chacun.
– En ce qui concerne plus spécifiquement la France, voici, par ordre alphabétique, des associations et mouvements (parmi une soixantaine) partenaires de ICAN-France, ayant comme co-présidents Jean-Marie Collin et Patrice Bouveret :
Abolition 2000-France,
Abolition des armes nucléaires-Maison de Vigilance,
Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (AMFPGN), affiliée à l’Association Internationale des Médecins IPPNW,
Attac-France (Association pour la Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens),
Confédération Générale du Travail (CGT),
Confédération Paysanne,
Coordination de l’Action Non Violente de l’Arche (CANVA),
Europe Ecologie Les Verts (EELV),
Greenpeace-France,
Initiative pour le Désarmement Nucléaire (IDN),
Ligue des Droits de l’Homme (LDH),
Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté (LIFPL / WILPF),
Maires pour la Paix (Mayors for Peace)-France,
Mouvement de la Paix,
Mouvement International de la Réconciliation (MIR),
Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN),
Observatoire des armements,
Parti Communiste Français (PCF),
Pax Christi-France,
Pugwash-France,
Réseau Sortir du Nucléaire (SdN),
Union Pacifiste Française (UPF).
Et voici les principaux objectifs spécifiques d’ICAN-France :
– informer et mobiliser autour des conséquences humanitaires des armes nucléaires et des risques qu’elles font courir pour la sécurité humaine et environnementale afin de créer un large soutien de l’opinion publique française à l’interdiction et l’abolition des armes nucléaires
– engager la France à devenir un acteur du désarmement nucléaire mondial au sein des instances internationales et régionales
– obtenir le soutien des acteurs de la société civile française (organisations, personnalités, experts, individus…) à ces objectifs
– ouvrir un débat politique autour de ces questions afin d’inverser l’approche dogmatique de l’arme nucléaire comme « garantie de notre sécurité »
– convaincre l’Etat Français à adhérer au Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN).
Parmi les nombreuses initiatives de ICAN-France, signalons ici :
– la Lettre d’information parlementaire sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire.
– la participation aux Conférences Internationales notamment dans le but d’une contribution au processus qui a conduit à l’adoption du TIAN le 7/7/2017 (Conférences à Vienne, Genève et New York), et également à la COP23 à Bonn (Novembre 2017), au Forum Humaniste à Madrid (mai 2018), au Meetings Anti-OTAN à Bruxelles (2018 – 2019), …
– comme chaque année depuis plus de 30 ans l’association ‘Abolition des Armes Nucléaires – Maison de Vigilance’, dont le président est Dominique Lalanne, organise 4 jours d’actions et d’interpellation sur la période du 6 au 9 août pour interdire et éliminer les armes nucléaires à l’occasion des commémorations des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki. Cette année, cela fera 75 années que le monde est entré dans une ère nucléaire militaire.
Cet événement, comme en 2019, aura lieu à Dijon par le collectif associatif suivant : Abolition des armes nucléaires-Maison de Vigilance, Agir pour le désarmement nucléaire Franche- Comté ; AMFPGN ; Amis de la Terre Côte-d’Or ; Arrêt du nucléaire 34 ; CANVA ; ICAN France ; MAN Côte-d’Or ; Mouvement de la Paix 21 ; Réseau Sortir du nucléaire ; Sortir du nucléaire 21 ; Stop nucléaire 26-07.
Des membres de cette organisation réaliseront également une action similaire dans plusieurs autres villes de France (Brest, Cherbourg, Tours) et en lien avec de nombreux sites sur les 5 continents.
– le département de Dijon (Côte-d’Or) est également, depuis le début de l’année 2020, le théâtre chaque mois de vigies pour la fermeture/reconversion du site militaire nucléaire de Valduc (à 40 kilomètres de Dijon), centre de production et de maintenance de l’arsenal nucléaire de la France. Ces vigies ont notamment pour but d’appeler la France à signer le TIAN (Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires). Des vigies analogues se déroulent aussi à Paris, depuis 14 ans, le premier vendredi du mois, devant le ministère des Armées, et, plus récemment, à d’autres endroits : à la Place St. Michel, près de la Faculté Paris Diderot et près de la Faculté Tolbiac.
– basée sur le rapport de ICAN “Don’t bank on the bomb” : une rencontre avec des fonctionnaires de la banque BNP-PARISBAS au sujet de son financement de l’industrie nucléaire militaire, initiant ainsi le début d’un dialogue …
– l’action du groupe d’étudiantes Tunisiennes, participantes en 2018 de la ICAN Académie Francophone : Amel El Mejri, Mariem Oueslati, Lobna Bachta, Sirine Barbirou, Aziza hanafi, Nour El Imen Gharbi et Oumayma Jabnouni, qui ont participé activement à la PrepCom de 2019 à New York en vue de mettre la pression pour que la Tunisie, qui a voté l’adoption du TIAN le 7 juillet 2017, le signe et le ratifie sans plus tarder ! En effet la Tunisie est membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ainsi que du Traité de Pelindaba, faisant du continent africain une zone exempte d’armes nucléaires, fait partie du Groupe Africain qui comprend 54 États du continent, et qui « souligne que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) ne porte pas atteinte au TNP, mais complète et renforce plutôt le régime de non-prolifération nucléaire » et « exhorte tous les États à soutenir le TIAN en signant et en ratifiant ce Traité à une date rapprochée.
– le projet ICAN Youth : un projet conçu pour les jeunes et par les jeunes [18-30 ans] autour de l’approche humanitaire du désarmement nucléaire. Parmi leurs initiatives, dès la rentrée en 2015 une « tournée des facs » a été réalisée ainsi que des conférences et master-class dans différentes villes de France, en Turquie et en Serbie.
– ICAN Académie francophone qui organise des rencontres de formation pour les jeunes de différents pays francophones : Algérie, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Maroc et Tunisie.
– des actions dans les écoles : au Collège Victor-Louis à Cenon (près de Bordeaux), grâce à une professeure de technologie (utilisant notamment des origami)
– des rencontres parlementaires et citoyennes avec des Hibakushas à Paris et au Havre sur le ‘Peace Boat’ en juin 2018.
– le Forum ICAN de 300 jeunes à Paris, en Février 2020, sur le thème « Comment interdire les armes nucléaires et créer une mobilisation citoyenne » très riche en échanges également sur des thématiques corrélées (réchauffement climatique, droits de l’Homme, …)
– un appel aux jeunes de la ‘Génération Y’ que voici : « Venez exprimer vos idées, vos réflexions pour agir et manifester votre désir de ne plus jamais être une cible potentielle d’arme nucléaire. Nous souhaitons vous entendre sur les thématiques suivantes :
- Le désarmement nucléaire;
- Le lien entre la protection de l’environnement et le désarmement nucléaire ;
- Hiroshima, Nagasaki, 75 ans après : cela signifie quoi pour vous ?
- L’importance de l’éducation au désarmement ;
- Votre incompréhension d’une politique de défense basée sur des armes de destruction massive. »
– une participation partielle envisagée à la marche de la Campagne pour la Justice et la Paix ‘Jai Jagat’ (de New Delhi au siège des Nation Unies à Genève)
Et également des instruments pour l’information et la sensibilisation :
– des revues :
‘Damoclès’ : la lettre d’information trimestrielle de l’Observatoire des armements
le Bulletin de l’association ‘Abolition des armes nucléaires – Maison de Vigilance’
‘Planète Paix’ du Mouvement de la Paix
‘Médecine & Guerre Nucléaire’ de l’association AMFPGN
– des livres :
‘Exigez! un désarmement nucléaire total’ par Stéphane Hessel, Albert Jacquard et l’Observatoire des armements (2012), et en italien en 2014
‘Arrêtez la bombe!’ par Paul Quilès, Bernard Norlain et Jean Collin (2013),
‘L’illusion nucléaire – La face cachée de la bombe atomique’ par Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain (2018)
– des films :
‘La France, le Président et la Bombe’, par Stéphane Gabet
‘La Bombe et Nous’ par Xavier-Marie Bonnot
‘Le début de la fin des armes nucléaires’, par Alvaro Orùs ‘Pressenza’
– une Expo’ « Exigez! » itinérante, en français, anglais, espagnol, italien et allemand
– et de nombreux Articles et Rencontres…
Et maintenant allons voir un peu ce qui se passe chez nos voisins et amis activistes italiens :
Il existe en Italie 13 associations partenaires d’ICAN, énumérées ici par ordre alphabétique :
Associazione Italiana di Medici per la Prevenzione della Guerra Nucleare (AIMPGN), Cormuse, Disarmisti Esigenti, IALANA (International Association of Lawyers Against Nuclear Arms)-Italia, Istituto di Ricerche Internazionali Archivio Disarmo (IRIAD), Mayors for Peace, Pax Christi-Italia, PeaceLink, Pressenza Italia, Rete Disarmo, SenzAtomica, WILPF (Women’s International League for Peace and Freedom)-Italia e World Foundation for Peace,
et au moins autres 14 associations (eco)-pacifistes, présentées ici par ordre alphabétique : Accademia Kronos, Beati i costruttori di Pace, Centro Gandhi-Pisa, Comitato Fermare la Guerra-Firenze, Comitato No Guerra No Nato (CCNGNN), Comitato pace convivenza e solidarietà Danilo Dolci di Trieste, Energia Felice, Fucina per la non-violenza, Green Cross-Italia, IPB (International Peace Bureau)-Italia, ‘Laudato Si’’, MIR (Movimento Internazionale della Riconciliazione) (= IFOR) Palermo, Movimento Nonviolento, et USPID (Unione degli Scienziati Per Il Disarmo) très liée au mouvement Pugwash.
Plusieurs de ces associations ont participé et participent à une campagne pour la signature du TIAN de la part de l’Italie, par le biais :
– des collectes de signatures de citoyens remises au Président de la République réalisées par les Associations WILPF-Italie, Pax Christi et Disarmisti Esigenti (≈ 8000 signatures) et Rete Disarmo/SenzAtomica : initiative « Italia Ripensaci » (≈ 7200 signatures individuelles + 71 associations et paroisses).
– des Déclarations des villes : Milan, Palerme, Brescia (+ 27 municipalités), Turin, Bergame, Ancône, Trévise, Vicence, Salerne et Pérouse.
– de différentes initiatives et événements, notamment pendant la « 2ème Marche Mondiale pour la Paix et la Nonviolence » entre le 2 octobre 2019 (départ de Madrid) et le 8 mars 2020 (arrivée à Madrid), avec en particulier la projection dans les quartiers, les écoles et les lieux publics du documentaire de Pressenza « Le début de la fin des armes nucléaires ».
Il convient de noter en particulier l’initiative WILPF-Italie, à laquelle participent de nombreuses autres associations :
« Pace Femminista in Azione : Giustizia Climatica, Sicurezza e Salute » qui a eu lieu de novembre 2018 à juin 2019 :
« Impliquer les institutions et les mouvements de défense de l’environnement dans la campagne de l’ICAN pour la ratification du TIAN, par la mobilisation des femmes et des jeunes ». Ainsi, de nombreux événements, rencontres, conférences et « ateliers » dans les écoles secondaires et les lycées ont eu lieu à Livourne, Pise, Trieste, Rimini, Rome, Florence, Palerme, Crespina (Pise), Castellina Marina (Pise), Ariano Irpino (Avellino), Accadia (Foggia), Monteleone (Foggia), Sant’Agata (Foggia), Anzano (Foggia), Messine et Noto (Syracuse). Avec un colloque de clôture à Rome le 7 juin 2019 sur le thème : « Les héros qui ont sauvé le monde de l’holocauste nucléaire ».
Ainsi, l’adhésion de l’Italie au TIAN signifierait que les bombes B61 seraient rendues à leur propriétaire : les États-Unis.
Et voici les associations plus spécifiquement engagées dans ce but :
– le Comité « No Guerre No Nato », et la WILPF-Italie avec la participation aux réunions anti-OTAN à Bruxelles, Dublin et Florence,
– les Disarmisti Esigenti, avec notamment des manifestations à la base de l’OTAN de Ghedi-Torre (Brescia) et sur d’autres sites militaires importants,
– l’IPB – Italie, avec participation aux réunions anti-OTAN à Bruxelles.
La réunion de Dublin, en novembre 2018, a été particulièrement importante, car c’était la première Conférence internationale à demander la fermeture des bases militaires des États-Unis et de l’OTAN, avec la participation d’environ 300 militants de 35 pays et en particulier des membres de la WILPF du Tchad, du Kenya, de l’Italie, de la Norvège, de l’Écosse et des États-Unis.
Cette Conférence a permis de lancer une campagne mondiale afin de sensibiliser le public et d’organiser une résistance de masse nonviolente à l’échelle mondiale contre toutes les bases militaires des États-Unis et de l’OTAN, ainsi que contre leurs missions militaires partout dans le monde.
En synthèse, il existe de nombreuses initiatives d’associations visant à faire pression sur le gouvernement pour qu’il renvoie à son propriétaire toutes les bombes américaines B61 actuellement sur son territoire afin qu’il puisse signer et ratifier le TIAN. La difficulté vient de la forte implication de l’Italie dans le complexe USA/OTAN, dans lequel elle est harnachée comme une pieuvre !
Il s’agit donc d’aider l’Italie à s’en sortir, avec l’ouverture de négociations notamment avec la Russie et la Chine pour transformer les tensions actuelles en relations de coopération, en profitant également de l’état actuel de crise croissante au sein de l’OTAN. (****)
Cependant, l’intérêt de toute activité pacifiste en cours réside déjà dans la sensibilisation du public au risque croissant de guerre nucléaire en Europe et dans le monde, ainsi qu’au lien étroit entre les armes nucléaires et les graves problèmes climatiques et environnementaux, abordés notamment par certaines associations telles que le « WILPF-Italie », les « Disarmisti Esigenti » et la « Laudato Si » (*****).
Dans ce contexte, il convient de mentionner les initiatives lancées par le « Disarmisti Esigenti » : « Rete della Terrestrità » et « NO arsenali, SI’ ospedali ». (******)
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(*) Voici le lien en anglais vers le texte intégral du TIAN : https://www.icanw.org/full_text_of_the_treaty ; et voici le lien de la version en français : https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/tectodevms/pages/2417/attachments/original/1571248126/French.pdf
(**) ‘Command and Control – Nuclear Weapons, the Damascus accident, and the illusion of safety’ di Eric Schlosser, The Penguin Press, New York, 2013
(***) Pour l’état actualisé des signatures et ratifications du TIAN, voir le lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Traité_sur_l’interdiction_des_armes_nucléaires
(****) On peut voir ce thème un peu plus développé dans l’article : https://www.pressenza.com/fr/2020/05/le-complexe-usa-otan-a-la-recherche-sans-fin-dun-ennemi-quelle-issue-serait-possible/
(*****) ‘Niente di questo mondo ci risulta indifferente. Associazione Laudato si’. Un’alleanza per il clima, la Terra e la giustizia sociale’. A cura di Daniela Padoan – Edizioni Interno 4, 2020