Retour à la normalité ? 2. Laura Quagliolo du CISDA (Coordination italienne pour le soutien aux femmes afghanes) et du Réseau Jin Milan (Le Réseau Jin – https://retejin.org – se définit comme: « un réseau de femmes solidaire du mouvement des femmes kurdes et donc plus généralement de la lutte pour le confédéralisme démocratique: contre l’État, le patriarcat et le capitalisme; pour la démocratie, la révolution des femmes et le changement social ».)
Après les réponses de Riccardo Noury, écoutons Laura Quagliolo.
Maintenant que nous sortons de l’urgence Covid-19, beaucoup de gens disent : « Nous ne voulons pas revenir à la normalité parce que la normalité était le problème ». Cela peut donc être une grande opportunité de changement. Selon vous, quel est le besoin le plus urgent de changement en ce moment et qu’êtes-vous prêt à faire dans cette direction ?
Cela pourrait certainement être une occasion de changement, mais aussi, malheureusement, une occasion pour nous de perdre des droits et des libertés. Pour aller dans la bonne direction, nous aurions besoin d’un travail de base TRÈS LONG dont il ne reste que peu de traces pour le moment ; les grands changements ne se font pas avec de beaux discours et des documents que personne ne lit, ou la construction d’un parti ou d’une alliance électorale décidée à s’asseoir autour d’une table, mais avec un travail de base, humble, qui permet aux gens de comprendre sur quel juste côté doit se placer. Il faudrait un programme, une idée commune sur laquelle travailler, sans penser à obtenir des résultats rapidement.
De plus, dans ce monde globalisé, le changement ne peut être pensé pour un seul pays… surtout si l’on parle de l’Italie, qui a peu d’influence sur les décisions au niveau mondial et qui, lorsqu’elle décide, le fait toujours pour le pire.
Que faudrait-il pour soutenir ce changement, au niveau personnel et social ?
Que faire ? Il est certainement nécessaire de libérer les femmes et la société dans son ensemble du patriarcat, cette « normalité » qui a toujours régi nos vies et nous a amenés à la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Il faut alors prendre soin de l’environnement, non pas pour se laver la conscience (on ne peut pas penser, par exemple, que tout peut aller mieux en utilisant un détergent écologique, ou en ramassant correctement les déchets), mais pour changer radicalement la relation des êtres humains avec la nature ; le réchauffement climatique nous conduira bientôt à la catastrophe si les êtres humains et surtout les décideurs ne comprennent pas qu’il faut courir à l’abri dès maintenant.
Il faut parler de reconversion industrielle, de la sauvegarde d’un territoire en difficulté par l’emploi de personnes qui ne peuvent entrer dans le monde du travail, d’un investissement plus important dans les écoles, les universités et la recherche. Et puis plus de guerres, qui sont aussi (ou peut-être surtout) menées pour alimenter la florissante industrie de l’armement.
Je suis prêt à continuer à faire, dans les limites de mes forces, tout ce que j’ai toujours fait en tant que militant.