Après les réponses de Riccardo Noury, Laura Quagliolo, Giovanna Procacci, Giovanna Pagani, Guido Viale, Andreas Formiconi, Jorida Dervishi, Pia Figueroa, Renato Sarti, Yasha Maccanico et Fulvio De Vita, nous parlons avec Carlo Olivieri du Parti humaniste.
Maintenant que nous sortons de l’urgence Covid-19, beaucoup de gens disent : « Nous ne voulons pas revenir à la normalité parce que la normalité était le problème ».
Cela peut donc être une grande opportunité de changement. Selon vous, quel est le besoin le plus urgent de changement en ce moment et qu’êtes-vous prêt à faire dans cette direction ?
En ces mois d’urgence sanitaire, en raison de la pandémie du Covid-19, nous avons écouté et lu pratiquement tout et son contraire. Je ne crois pas que ceux qui disent qu’ils ne veulent pas revenir à la normale parce que la normalité était le problème, représentent la majorité. Une telle déclaration présuppose qu’il existe un point de vue, juste ou faux, qui est, en tout cas, assez clair sur la situation précédente et actuelle.
Je pense, d’autre part, que la grande majorité des gens vivaient et vivent dans un état de malaise causé par des difficultés sociales et politiques, dont sont responsables aussi bien ceux qui ont gouverné avant que ceux qui gouvernent maintenant. Et pas seulement en Italie, bien sûr, mais dans le monde entier.
Ainsi, à la question de savoir quel est le besoin le plus urgent de changement à l’heure actuelle, je réponds que le changement le plus urgent est social et politique.
Changement social dans le sens où ce sont les relations sociales qui doivent changer : la société dite « dans laquelle nous vivons » se transforme en une simple somme d’individus de plus en plus isolés et concentrés sur leurs propres besoins ; besoins de plus en plus induits par un système économique et financier qui ne vise qu’à l’hyperproduction de biens de plus en plus superflus et à leur consommation spasmodique.
Changement politique, car la démocratie est au point mort. Après les premières secousses en faveur de la démocratie dans les premières décennies après la Seconde Guerre mondiale, l’évolution du système démocratique est aujourd’hui au point mort. Le processus évolutif que la démocratie avait entrepris pour devenir de plus en plus réelle, de plus en plus concrète, a été arrêté par un grand nombre de marionnettes mises à la tête des gouvernements de la plupart des pays du monde, tout comme les pays les plus riches, des marionnettes qui répondent exclusivement aux intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir économique et financier.
Il est donc vrai que de toute façon il y a un changement. Il se pourrait bien que le changement que nous vivons soit le plus profond que l’humanité ait jamais connu. Mais dans quelle direction ? Si les hypothèses sont celles que j’ai décrites précédemment, il n’y a pas de quoi se réjouir.
Mais soyons prudents. Il n’est pas vrai que ceux qui détenaient le pouvoir hier et qui le détiennent aujourd’hui veulent revenir à la situation d’avant l’urgence sanitaire. La confusion créée par cette pandémie, et qui perdure encore, représente, comme l’histoire nous l’apprend, une grande opportunité pour les puissants du moment de renforcer leur pouvoir. Ils tenteront, même en recourant à une répression violente, d’augmenter encore leurs profits, tant en termes économiques que politiques.
Alors que la grande majorité des gens se demandent ce que l’avenir leur réserve, les puissants savent déjà ce que l’avenir devrait être et feront tout leur possible pour qu’il se réalise.
Que faudrait-il pour soutenir ce changement, au niveau personnel et social ?
Il est donc nécessaire, à mon avis, de travailler sur deux fronts.
Il s’agit de travailler sur soi-même pour sortir de cette confusion. S’il y a confusion, elle n’est pas due à la pandémie, qui ne fait qu’accentuer la confusion, car elle existait déjà auparavant. Le moment présent peut donc représenter, si vous en ressentez le besoin, une occasion d’observer quels sont les éléments internes qui ont contribué à la genèse de cette confusion et de mettre en place les ressources, dont nous disposons déjà mais que nous n’utilisons pas, pour construire une réalité interne qui nous donne au contraire de la lucidité et de l’attention.
L’autre front est celui de l’action dans le monde. À cet égard, je trouve éclairant ce que Silo, le fondateur du Mouvement Humaniste, a écrit dans le dernier chapitre, « Changement », du Paysage Intérieur :
« […] j’aimerais t’indiquer que changer la direction de ta vie n’est pas chose que tu puisses réaliser seulement avec des ressources de travail interne, mais en agissant résolument dans le monde, en modifiant des conduites ».
Donc, à la question de savoir ce que vous êtes prêt à faire, moi, militant humaniste, je réponds par une proposition.
Dans la foulée de ce qu’écrit Silo, je veux proposer à toutes les personnes avec lesquelles je suis en contact, à la fois directement et à travers les réseaux sociaux, quelque chose d’apparemment très simple.
Nous faisons beaucoup, beaucoup de choses dans notre vie, mais nous ne nous demandons pas toujours quelles sont nos actions. Le fait est, cependant, que la direction que prendra le changement dépend de l’action que chacun d’entre nous entreprend maintenant. C’est là que se trouve le noyau. En action. S’il y a de l’action, tout est possible, s’il n’y a pas d’action, rien ne sera jamais possible. Voici donc ma proposition :
« Faites au moins une action par jour qui va dans le sens de l’évolution et qui répond au principe de traiter les autres comme vous aimeriez être traité. Ce doit être une action qui a le saveur du changement, une action qui, si elle était menée par de nombreuses personnes, pourrait contribuer à améliorer le monde. Mais si vous le faites, ne le gardez pas pour vous. Prévenez-moi. Parce que s’il y a d’autres personnes qui sont en contact avec moi et qui ont fait le même genre d’action, ce sera mon travail de m’assurer que vous êtes en relation les uns avec les autres et alors, peut-être, vous pourriez accepter de faire la même action tous ensemble et peut-être en même temps. Car une goutte d’eau n’est peut-être rien, mais de nombreuses gouttes d’eau font la mer ».