L’entrée en vigueur d’un nouveau code pénal suscite de profondes inquiétudes et de vives protestations dans différents secteurs de la société hondurienne.
Un grand nombre d’organisations sociales, populaires et syndicales ont insisté sur la nécessité d’une réforme substantielle du nouveau code pénal, qui a été approuvé l’année dernière et entrera en vigueur le 25 juin.
Selon les trois confédérations de travailleurs honduriens, le nouveau code crée plus de 50 nouveaux types d’infractions pénales et plusieurs de ses articles portent atteinte à la liberté des syndicats, d’expression, d’association, de réunion et de manifestation.
Le nouveau code s’attaque également au droit à la protestation sociale pacifique et réduit les peines pour les crimes de corruption et de violence contre les femmes.
Joel Almendares, secrétaire général de la Confédération des travailleurs du Honduras (CUTH), a expliqué qu’en raison de la création de nouvelles figures criminelles, ils demandent l’abrogation de différents articles.
Il s’agit des articles 553 (rassemblements et manifestations illégaux), 554 (association pour commettre un crime), 573 (désordre public), 574 (trouble de l’ordre public) et 587, 588, 589 (association terroriste, collaboration sans appartenance à une association terroriste, infractions terroristes).
Également les articles 102 et 103 où il est défini que les organisations sociales seront pénalement responsables des crimes frauduleux commis par leurs représentants et membres.
Selon M. Almendares, ces figures criminelles servent à intimider, à criminaliser et à poursuivre les travailleurs, les organisations sociales et populaires, les médias indépendants et les défenseurs des droits humains, entre autres.
« Dans ces articles se trouve l’essence du plan qui vise à battre, faire taire et disparaître le mouvement social organisé, y compris le mouvement syndical.
C’est pourquoi nous exigeons l’élimination de ces articles et avons appelé à la solidarité des organisations nationales et internationales, y compris l’UITA. Le soutien a été massif », a déclaré le dirigeant syndical.
Cependant, le secrétaire général de la CUTH a averti que l’atmosphère n’est pas très favorable, et que le rouleau compresseur parlementaire du parti au pouvoir et ses alliés pourraient ignorer les propositions et suggestions qui leur sont parvenues de différentes parts.
« Nous avons affaire à un gouvernement criminel et dictatorial. Nous ne pouvons pas exclure qu’ils essaient de laisser le nouveau code pénal tel qu’il est actuellement.
En outre, l’urgence sanitaire et la limitation des droits constitutionnels ne permettent pas au mouvement social organisé de se mobiliser », a expliqué M. Almendares.
Articulation des forces et pression accrue
Dans les jours à venir, les confédérations de travailleurs honduriens continueront à rencontrer les corps diplomatiques et les organisations nationales et internationales pour accroître la pression sur le gouvernement et le parti au pouvoir.
De même, le CUTH continuera à développer des campagnes de sensibilisation destinées en particulier aux jeunes.
Les organisations sociales et populaires engagées dans la défense des droits fondamentaux font de même.
« Nous avons des jours très difficiles devant nous. Du fait de la pandémie, le Honduras va être plongé dans une crise économique sans précédent et un niveau de dette publique insoutenable.
À cela pourrait s’ajouter une crise politique si le régime entend profiter de l’urgence sanitaire pour se maintenir au pouvoir. Ce serait le déclencheur d’une crise encore plus profonde », a conclu M. Almendares.