Aujourd’hui, nous savons que l’utilisation de la technique peut mener à l’exploitation irrationnelle des ressources, à la pollution industrielle, à la contamination et à la détérioration de l’environnement.
Mais l’exploration et la recherche spatiale ont entrainé des avancées technologiques spectaculaires dans plusieurs domaines.
Grâce à l’exploration spatiale l’humanité a vu, pour la première fois, la planète de l’espace. Les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune, décrivaient la Terre comme une planète précieuse, et fragile.
Presque tout le monde, 50 ans plus tard, comprend que la protection de l’environnement et du climat sont les enjeux incontournables pour la survie des générations futures.
Avec l’arrivée des femmes menant des missions spatiales, la création d’armées spatiales, le changement du statut juridique de l’espace et la privatisation des voyages spatiaux, nous sommes au début d’une nouvelle ère spatiale.
Les femmes dans l’espace
Après un demi-siècle de sorties uniquement masculines ou mixtes, le 18 octobre 2019, Christina Koch participe avec Jessica Meir à la première sortie dans l’espace entièrement féminine. Koch est de retour sur Terre le 6 février 2020 après 329 jours, elle détient le record de la femme ayant effectué le plus long séjour dans l’espace.
La première femme dans l’espace était la Soviétique Valentina Terechkova en 1963. Non seulement, Terechkova est la première femme à avoir effectué un vol dans l’espace, mais demeure encore aujourd’hui, la seule femme à avoir fait un vol solitaire en orbite. C’est une pionnière de la conquête spatiale.
Par conséquent, les douze astronautes à avoir marché sur la Lune lors des missions Apollo entre 1969 et 1972, étaient exclusivement des hommes. Depuis, 1972 personne n’est retourné sur la Lune.
« Il est probable que la prochaine personne sur la Lune sera une femme. Et la première personne sur Mars sera aussi probablement une femme », a dit Jim Bridenstine, administrateur de la NASA à l’occasion de la Journée internationale des femmes en 2019. (La Presse)
Depuis le début de l’exploration spatiale, sur les 565 voyageurs, 65 étaient des femmes (statistique décembre 2019).
L’exploration de l’espace et la coopération internationale
Depuis le début de l’exploitation spatiale, ce sont les États qui planifient les voyages spatiaux et financent les missions.
La Station Spatiale Internationale (ISS) est occupée en permanence par un équipage international qui se consacre à la recherche scientifique dans l’environnement spatial. Ce programme a été lancé et piloté par la NASA, développé conjointement avec l’agence spatiale fédérale russe, avec la participation des agences spatiales européenne, japonaise et canadienne. (Wikipédia)
La station spatiale, par sa position en orbite terrestre basse, fournit un endroit relativement sûr pour mettre au point les systèmes spatiaux qui seront nécessaires pour les missions de longue durée vers la Lune ou sur Mars. Elle permet d’acquérir de l’expérience dans le domaine de la maintenance, de la réparation et du remplacement de systèmes en orbite : toutes ces techniques sont vitales pour la mise en œuvre de vaisseaux qui devront s’éloigner de la Terre et s’affranchir de toute possibilité de dépannage depuis la Terre. Ce type de recherche permet à terme de réduire les risques courus par ces missions et d’optimiser la capacité des vaisseaux interplanétaires. (Wikipédia)
Le rôle de l’équipage porte sur la recherche mais également sur l’éducation et la coopération internationale. L’équipage de la station spatiale permet à des étudiants sur Terre de participer, y compris par le biais d’expériences développées par eux, à des travaux pratiques. Le programme de la station spatiale lui-même et la coopération internationale qu’il suscite, a permis à 13 nations d’apprendre à vivre et travailler ensemble dans l’espace, préparant le terrain pour de futures missions internationales. (Wikipédia)
Le changement de statut juridique de l’espace
L’ISS a été développée en coopération avec plusieurs pays. Sa construction et sa gestion sont régies par des accords de coopération internationaux, dont le Traité de l’Espace adopté en 1967 par les Nations unies. En fait, grâce à cette coopération, plusieurs exploits et découvertes ont été accomplis par des chercheurs et astronautes des différents pays qui participent au programme de recherche de l’ISS.
Malgré leur lettre de noblesse, la recherche et l’exploitation spatiale, n’ont pas échappé à ces tendances négatives qui dirigent l’économie dans nos sociétés depuis les dernières décennies.
En effet, le Traité de l’Espace est malmené et le statut juridique des ressources spatiales a connu un changement profond ouvrant ainsi la porte à leur appropriation par des entreprises privées.
Jusqu’à tout récemment, le statut juridique de l’espace et des ressources extra-terrestres était fixé par le Traité de l’Espace. Dans le texte, il est précisé que l’espace une «chose commune» (res communis au sens des Romains). (NouvelObs)
Les États-Unis ont les premiers fait évoluer une législation sur l’espace, avec l’adoption en 2015 d’un Space Act, sous la présidence de Barack Obama. Ce texte très controversé exploite l’une des « failles » du Traité de l’Espace de 1967, dans la mesure où il ne remet pas directement en cause le principe de l’inappropriabilité des ressources spatiales par un État. (NouvelObs)
Néanmoins, il prévoit que: «Un citoyen des États-Unis engagé dans la récupération à titre commercial d’une ressource se trouvant sur un astéroïde ou dans l’espace aura droit à toute ressource obtenue, incluant le droit de détenir, de posséder, de transporter, d’utiliser et de vendre la ressource obtenue… » (NouvelObs)
Cela revient à dire que les sociétés privées capables d’envoyer des fusées dans l’espace, possèdent un titre juridique de propriété sur les ressources qu’elles pourront en extraire. Et il n’est pas surprenant que l’adoption de cette loi ait été saluée par des sociétés minières aux noms évocateurs (Moon Express, Planetary Resources, Deep Space Industries, etc.) qui entendent à présent profiter de cette opportunité pour monter des projets visant à exploiter ces ressources, à commencer par celles de la Lune. (NouvelObs)
Grâce à l’apparition de cette brèche dans le Traité de l’Espace, plusieurs États n’ont pas tardé à lancer des projets similaires à ceux des Américains avec des entreprises privées, et même, des projets de développement d’armées spatiales.
L’administration de Donald Trump a décidé de poursuivre la même direction. En fait, la présidence a redéfini les missions de la NASA en lui demandant de travailler plus étroitement avec les entreprises privées souhaitant exploiter les ressources spatiales. (NouvelObs)
En fait, l’administration a déclaré l’an dernier haut et fort que les ressources spatiales n’étaient pas « chose commune » de l’humanité.
Les Américains créent la « Force spatiale des États-Unis »
Comme le corps des Marines est placé sous l’autorité de l’US Navy, la force spatiale sera placée sous l’autorité du secrétaire à l’US Air Force et dirigée par un Chef des opérations spatiales, qui sera placé sous l’autorité directe du ministre de la Défense. (La Presse)
Le chef du Pentagone a comparé la naissance de cette nouvelle force américaine à celle de l’US Air Force, séparée de l’armée de Terre en 1947. (La Presse)
La force de l’Espace sera composée dans un premier temps des 16 000 militaires et civils déjà chargés des opérations liées à l’espace au sein de l’US Air Force, a indiqué la secrétaire à l’US Air Force de l’époque Barbara Barrett. (La Presse)
L’objectif de cette nouvelle force est d’y intégrer progressivement les militaires et civils en charge de l’espace, qui étaient jusqu’ici rattachés à l’armée de Terre et à l’US Navy. (La Presse)
«Les États-Unis sont actuellement les meilleurs au monde dans l’espace. Aujourd’hui, ils sont encore meilleurs», a déclaré le général Raymond. «Conformément à notre stratégie nationale de défense, une force basée aux États-Unis concurrencera, dissuadera et vaincra grâce à notre position de force, sécurisant notre mode de vie et notre sécurité nationale.» (La Presse)
Il n’y a pas seulement les Américains qui s’y mettent et lancent des armées spatiales, d’autres grandes puissance le font actuellement. Dans un tel contexte, nous sommes très loin d’une possible coopération internationale.
La privatisation des voyages spatiaux
Il y a quelques jours, la capsule Soyouz à son bord Andrew Morgan, Jessica Meir et Oleg Skripotchka a atterri dans les steppes du Kazakhstan à 5 h 16 GMT, selon l’agence spatiale russe Roskosmos. (La Presse)
Il s’agit du dernier retour sur Terre d’un équipage américain de l’ISS avec la capsule Soyouz.
Peu avant son retour sur Terre, Jessica Meir, biologiste marine, a confié à la presse qu’il serait difficile pour elle de s’adapter aux nouvelles règles de la distanciation sociale imposées par la pandémie.« Je pense que je me sentirai plus isolée sur Terre qu’ici », a estimé l’astronaute. (La Presse)
« Nous sommes rentrés sur une planète différente mais elle reste spectaculaire » a-t-elle tweeté vendredi, une fois de retour sur Terre. (La Presse)
Alors que la planète mène son combat contre la COVID-19, l’ISS entre aussi dans une nouvelle ère en s’apprêtant à accueillir en mai les astronautes transportés pour la première fois par la capsule Crew Dragon de SpaceX. (La Presse)
La fusée de SpaceX va lancer cette capsule avec les astronautes de la NASA Bob Behnken et Doug Hurley à bord depuis la Floride, mettant fin ainsi au monopole de la fusée Soyouz, la Russie étant le seul pays depuis 2011 à effectuer des vols habités vers l’ISS. (La Presse)
Il y a quelques années, pour réduire les coûts, la Nasa a confié à des sociétés privées le transport de ses astronautes : l’agence spatiale ne possède plus les capsules ou fusées et achète un service pour un prix fixe. Plusieurs sociétés privées, telles que Boeing (qui développe sa propre capsule), Starliner et SpaceX (qui a créé un lanceur partiellement réutilisable) ont gagné des contrats de service.
La direction des choses et des événements
L’astronaute Jessica Meir a sûrement raison de croire qu’elle est revenue sur une planète différente.
Avant mars 2020, nous savions comment nos journées et nos lendemains allaient se dérouler. Aujourd’hui, les événements futurs sont de plus en plus incertains. Avec la crise sanitaire, la direction des choses a totalement changé et nous a ramenés à des choses essentielles. La pandémie nous a permis de développer une nouvelle attitude morale et une nouvelle disposition tactique face à la vie.
C’est la première crise sanitaire globale dans l’histoire de l’humanité, et nous avons choisi de protéger la vie.
En faisant ce choix, nous avons délibérément infléchi la direction des choses. Cette expérience collective et personnelle nous amène à nous questionner sur la direction que prendra notre futur et le futur collectif.
Pourrons-nous développer davantage cette attitude tournée vers le futur afin de s’humaniser et humaniser la société ? Pourrons-nous prendre une direction qui favorisera le développement de la vie et de l’être humain ?
Il me semble évident que la direction qui sera favorisée dans les prochaines semaines et mois, afin de répondre à la crise que l’humanité traverse avec la pandémie de la COVID19, la pauvreté de milliards d’individus, la crise climatique et les conflits entre États guidera non seulement le développement des projets sur notre planète mais les conditions dans lesquelles les futures missions spatiales vont se développer.
En conclusion, il faut rappeler le point fondamental de toute histoire humaine : les conditions d’origines de tous nouveaux processus imposent une direction mentale à toutes les images et projets humains qui naîtront par la suite.
Si Christophe Colomb avait traversé en Amérique, le nouveau monde, avec une attitude d’inclusion, de réciprocité, d’humaniste et non une attitude mercantile, la planète et le monde seraient différents.