L´universitaire et journaliste franco-espagnol Ignacio Ramonet a rejeté aujourd’hui la thèse selon laquelle la pandémie causée par le coronavirus SARS-Cov-2 est un événement inattendu, qui a pris l’humanité par surprise, et en particulier les grandes puissances.
‘Il n’y avait pas besoin d’une enquête d’un service de renseignement ultrasecret pour savoir ce qui approchait. On savait… Ils le savaient… Le désastre aurait pu être évité…’, affirme dans un ample article publié simultanément par Le Monde Diplomatique, La Jornada, Cubadebate et Mémoire des luttes.
L´écrivain cite divers arguments pour écarter le critère selon lequel la crise sanitaire actuelle était imprévisible, utilisé par des dirigeants comme Donald Trump, depuis la différence de temps pour frapper les pays, le nouveau coronavirus a par exemple causé les premiers décès aux États-Unis alors qu’il avait déjà attaqué la Chine plus de deux mois auparavant, jusqu’à l’alerte de personnalités et de multiples œuvres de fiction.
Il mentionne également des épidémies récentes, notamment le SRAS de 2002, la grippe aviaire de 2005, la grippe porcine de 2009 et le MERS de 2012, capables d’atteindre le niveau de pandémie et de faire des milliers de victimes, ainsi que des études mettant en garde contre l’apparition d’un nouveau type de virus.
‘La plus importante, peut-être, de ces analyses a été présentée en novembre 2008 par le National Intelligence Council (NIC), le bureau d’anticipation géopolitique de la CIA, qui a publié pour la Maison Blanche un rapport intitulé Global Trends 2025 : A Transformed World’, précise Ramonet.
Selon lui, ce document confidentiel comprenait des recherches d’environ 2.500 experts indépendants d’universités de 35 pays d’Europe, de Chine, d’Inde, d’Afrique, d’Amérique Latine et du monde arabo-musulman.
‘Avec un sens inhabituel de l’anticipation, il annonçait avant 2025 l’apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine, hautement transmissible et virulente pour laquelle il n’existe pas de contre-mesures adéquates, et qui pourrait devenir une pandémie globale’, souligne-t-il.
L’étude du NIC prédisait même son irruption dans une zone marquée par une forte densité de population et une étroite association entre humains et animaux, comme beaucoup au sud de la Chine et en Asie du Sud-Est, et prévoyait une réponse trop lente des autorités.
Ramonet explique qu’un rapport plus récent, réalisé par le Pentagone en 2017 (déjà avec Trump à la Maison Blanche), a confirmé que l’alerte de ‘la menace la plus probable et significative pour les citoyens étasuniens est une nouvelle maladie respiratoire’.
Cependant, Trump a ignoré celui-ci et d’autres rapports, au point que le journaliste Lawrence Wright, qui a interviewé plusieurs experts épidémiologistes qui ont lancé ces avertissements, considère le mandataire ‘responsable de l’une des défaillances de santé publique les plus catastrophiques de l’histoire de ce pays’.
Ramonet rappelle également des avertissements de l’Organisation Mondiale de la Santé et de plusieurs scientifiques.
Donc, malgré le fait que cela dérange Donald Trump et ces dirigeants qui ont parlé de surprise ou de stupeur, la réalité est que l’on connaissait, depuis des années, le danger imminent de l’irruption d’un nouveau coronavirus qui pouvait passer d’animaux à humains et provoquer une pandémie terrifiante, a-t-il estimé.
L’universitaire franco-espagnol a également souligné la solidarité de Cuba avec d’autres pays dans la bataille contre le Covid-19, malgré les dommages causés par le blocus des États-Unis.
Un petit pays s’est distingué par son altruisme et sa générosité. Il s’agit de Cuba. Assiégée et bloquée depuis 60 ans par les États-Unis et soumise en outre par Washington à des mesures coercitives unilatérales brutales, a-t-il souligné.
Le journaliste a affirmé que l’île a été la première à venir en aide à la Chine quand la pandémie a éclaté.
Depuis lors, les autorités cubaines n’ont cessé d’envoyer des brigades de médecins et de personnel sanitaire pour combattre le Covid-19 dans une vingtaine de pays, répondant aux demandes angoissées de leurs gouvernements, a-t-il signalé.
Selon Ramonet, le monde est en train de découvrir ce que les principaux médias dominants internationaux ont essayé de cacher jusqu’à présent, que Cuba est une superpuissance médicale, avec plus de 30 mille médecins et infirmiers déployés dans 66 nations, obéissant à un mot d’ordre humaniste et visionnaire de Fidel Castro.
À cet égard, il a rappelé les paroles du leader historique de la Révolution cubaine : « Un jour, j’ai dit que nous ne pouvions ni ne ferions jamais d’attaques préventives et surprises contre un coin sombre du monde ; mais que, au contraire, notre pays était capable d’envoyer les médecins nécessaires dans les coins les plus sombres du monde. Des médecins et pas des bombes, des médecins et pas des armes intelligentes ».
La Havane fournit également son médicament antiviral Interféron Alfa-2B Recombinant, mis au point par ses scientifiques dans ses laboratoires de biotechnologie, et dont l’utilisation empêcherait l’aggravation et les complications chez les patients infectés par le nouveau coronavirus, a signalé Ramonet.