Chaque jour, toute la journée, nous sommes bombardés de mises à jour et d’analyses sur COVID-19, un virus qui a empêché notre seule et unique planète de « tourner ». Le monde entier est bouclé et presque tout a été fermé : entreprises, centres culturels, institutions religieuses, etc.
Au début des années 80, je marchais dans une rue de Paris lorsque j’ai été arrêté par un Nouvel Humaniste qui m’a parlé de ce nouveau courant d’idées basé sur la nonviolence et le développement personnel, en l’encadrant d’une phrase très simple : « Il n’y a pas de développement social sans développement personnel, et pas de développement personnel sans développement social ». Cette philosophie a été développée principalement par Silo, l’auteur de nombreux livres, dont un avec la proposition d' »Humaniser la Terre ». A cet esprit brillant qu’était Silo, les gens demandaient souvent de les guider dans leur situation personnelle, leur travail, un dilemme familial, des problèmes relationnels, et sa réponse à ces demandes était souvent : « La question n’est pas de savoir comment sortir de cette situation, mais plutôt comment je me suis retrouvé dans cette situation au départ ».
Comment en sommes-nous arrivés à une pandémie de cette ampleur ? Qu’avons-nous fait, ou pas, pour que notre planète soit verrouillée ? Pourquoi n’avons-nous pas vu le bulldozer arriver ? Voilà les questions que nous devrions nous poser.
Presque du jour au lendemain, le taux de chômage américain est passé de 3 % à 30 %. Les chiffres du ministère du travail pour la semaine se terminant le 28 mars ont montré une augmentation à 6,6 millions de chômeurs – ce qui est littéralement hors norme. Il y a eu une demande sans précédent dans les stocks de nourriture à travers le pays. En janvier 2019, cependant, lorsque le National Intelligence a publié sa longue liste de menaces pour la sécurité nationale https://nationalinterest.org/blog/buzz/these-are-top-26-national-security-threats-facing-america-40412 12/03/19), il n’y avait rien sur les virus pandémiques.
Me demander comment je me suis retrouvé dans une mauvaise situation semble un peu contre-productif au début. Pourquoi passer du temps à penser au passé alors que je dois me concentrer sur la recherche d’une solution pour l’avenir ? Mais voici l’erreur fatale. Le plus important est de comprendre ce à quoi je pensais qui m’a conduit dans cette situation. Quelles étaient mes croyances ? Comment ai-je justifié mes décisions ? Si je peux répondre à ces questions, je trouverai un moyen de sortir du problème et j’augmenterai également les chances de ne pas répéter la même erreur.
Le coronavirus va directement à l’encontre de notre système de croyances. Le virus est si efficace parce qu’il va à l’encontre de ce que nous pensons être en tant qu’êtres humains. Nous voulons être individualistes, tout résoudre par l’argent et la violence, et pourtant nous voilà avec des militaires qui construisent des hôpitaux au milieu de Central Park et les soi-disant « pays développés » de l’Ouest qui deviennent le « Ground Zero » de l’épidémie. Le virus nous a attaqués au niveau social et sanitaire, nous montrant que si la santé et le tissu social ne sont pas soignés et protégés, rien d’autre ne fonctionnera – pas de système économique, pas de marché boursier, pas d’entreprises, pas de marché du logement. Rien.
Le rabbin Heschel avait une citation célèbre : « Peu sont coupables, mais tous sont responsables. » Oui, nous sommes tous responsables de cette pandémie, nous n’avons pas regardé dans la bonne direction, nous n’avons pas eu les bonnes priorités, nous n’avons pas poussé nos politiciens à faire ce qu’il fallait, nous n’avons pas donné assez de pouvoir à nos démocraties, à nos institutions internationales, à notre bien commun.
Aujourd’hui, dans de nombreux cas, nous devons repartir de zéro, tout repenser, réorganiser nos vies, mais la partie la plus importante de notre travail consiste à comprendre comment nous sommes arrivés à cette situation. Quel système de croyance nous a mis dans cette situation ? Il ne s’agit pas de juger du bien ou du mal ; il s’agit de savoir si cela fonctionne ou non. Même nos croyances sur ce qui est humain ne sont pas correctes, pour la plus grande partie.
Si nous avions cru que l’être humain est la valeur la plus importante, que tout ce que nous faisons est pour le développement de l’être humain et de notre environnement social commun, nous serions dans une situation très différente aujourd’hui.
Que pouvons-nous tirer de ce virus ? Quelle sera notre meilleure chance de nous immuniser contre les futurs virus? La réponse -courte- est la suivante : nous devons changer notre système de croyances.
Traduction de l’anglais, Claudie Baudoin