Par Àlice Slater* pour InDepthNews.
Nous sommes aujourd’hui assommés par bon nombre de rapports et informations sur la manière dont le monde tente urgemment d’éviter et de mettre fin à toutes les conséquences mortelles de l’explosion très largement médiatisée du Coronavirus. Cela pourrait causer le report ou la réduction du nombre de participants à la Conférence de Revue du Traité sur la de Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP) à venir, qui a lieu tous les cinq ans.
De manière ironique, on ne rapporte pas aussi bien que le Traité de Non-Prolifération, âgé de 50 ans, menace le monde d’une maladie encore plus grave que ce récent et terrifiant Coronavirus.
Le résultat critique du TNP mentionnant que les nations détentrices de l’arme nucléaire qui ont signé le traité en 1970 doivent faire des efforts de bonne volonté pour le désarmement nucléaire est moribond. Les nations développent de nouvelles armes nucléaires, dont certaines sont décrites comme étant davantage « utilisables » et qui détruisent les traités qui ont contribué à créer un environnement plus stable.
Le Traité des Missiles Anti-Balistiques négocié entre les États-Unis et l’URSS en 1972 et qui a pris fin en 2002 en fait partie. Les divers refus des offres de la Russie et de la Chine de négocier un traité qui permet de garder les armes, de la Russie de bannir les cyberguerres. Tout cela pourrait contribuer à une « stabilité stratégique » qui pourrait permettre d’atteindre les promesses de désarmement nucléaire du TNP.
De plus, cette année, les Etats-Unis se sont retirés de l’accord sur les forces nucléaires à portée intermédiaire conclu avec la Russie en 1987, ils ont abandonné l’accord nucléaire qu’ils avaient négocié avec l’Iran, et ils viennent tout juste d’annoncer qu’ils ne rencontreraient pas les Russes pour discuter du renouvellement du Traité de Réduction des Armes Stratégiques (START) qui arrive à expiration cette année et qui limite les missiles et les ogives nucléaires.
Ils ont également créé une toute nouvelle branche militaire, le Département de la Force Spatiale, qui était auparavant intégré à l’Armée de l’Air nord-américaine. Et dans un but évident de violation de la « bonne volonté », en février, les Etats-Unis ont mis en scène dans un jeu de guerre une bataille nucléaire « limitée » contre la Russie!
On ne peut pas dénigrer le fait que le TNP contribue à un bourgeonnement de prolifération nucléaire en étendant son « droit inaliénable » mal conçu d’un pouvoir nucléaire « pour la paix ». Il propose en ce moment cette technologie mortelle à l’Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis, à la Biélorussie, au Bangladesh et à la Turquie qui sont tous en train de construire leurs premières centrales nucléaires. Les clés de la fabrication d’une bombe sont diffusées dans un nombre croissant de pays, et tous les états déjà détenteurs d’armes nucléaires ont de nouvelles armes nucléaires en cours de développement.
Les Etats-Unis par exemple planifient de dépenser plus d’un milliard de milliard de dollars sur les 10 prochaines années et travailler avec le Royaume-Uni pour remplacer les ogives nucléaires du programme britannique Trident.
Au lieu d’adresser le chemin prometteur fourni par le nouveau Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires pour enfin bannir les bombes, les États-Unis ont lancé une nouvelle initiative : Créer un Environnement Propice au Désarmement Nucléaire (CEND). Il s’agit de développer un jeu de nouvelles mesures pour se conformer avec les promesses de « bonne volonté » datant d’il y a 50 ans pour le désarmement nucléaire.
Lors d’une récente réunion à Stockholm avec 15 de leurs alliés, de nouvelles mesures pour le désarmement nucléaire ont été annoncées. Elles sont décrites comme des mesures « tremplin », issues de divers accords conclus dans le passé présentant des étapes et des engagements non équivoques envers ses étapes puisque le TNP avait été étendu en 1970 de manière indéfinie et inconditionnelle.
Ces nouvelles « mesures tremplin » nous remémorent le dessin étonnant de M.G. Escher montrant des marches qui ne mènent à rien, avec des gens qui les montent péniblement pour ne jamais atteindre leur destination !
*Alice Slater siège au Conseil d’Administration de « Le Monde après la Guerre » (World Beyond War) et représente la Fondation Nuclear Age Peace Foundation aux Nations Unies.
Traduction de l’anglais, Frédérique Drouet