Le monopole de la violence légale ne la rend pas légitime
« Frapper ou être frappé, c’est une seule et même souillure. » – Simone WEIL
Depuis plusieurs mois, la violence se banalise dans notre pays, notamment lors des manifestations déclenchées par les décisions gouvernementales. Dans ce contexte, la déclaration sur BFM TV de Laurent NUNEZ, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, et ancien patron de la DGSI, est grave de sens : « Les policiers, évidemment, ne sont pas violents. La violence de l’État, c’est une violence qui est légitime, c’est-à-dire qu’elle est très encadrée. (…) C’est ce qu’on appelle la violence légale ».
Le MAN conteste radicalement l’amalgame ainsi fait entre légalité et légitimité. Il dénonce les violences d’où qu’elles viennent, considérant que la violence n’est jamais LA solution, même si elle peut être UNE solution par défaut dans certaines situations de légitime défense.
En démocratie, l’État détient effectivement le monopole de la violence légale au titre de sa fonction régalienne de garantie de l’ordre public. Ainsi utiliser la violence pour mettre hors d’état de nuire un forcené ou un groupe de terroristes passant à l’action est légitime. Pour autant cela ne justifie en rien les déclarations de « victoire » : toute mort d’homme doit être considérée comme une « défaite », quelles qu’en aient été les circonstances… N’en déplaise au secrétaire d’Etat NUNEZ, légalité ne vaut pas légitimité.
C’est pourquoi utiliser de façon disproportionnée la violence pour réprimer un-e ou des manifestant-es violent-es, répandre la peur en l’exerçant parfois sur des personnes désarmées ne manifestant pas d’attitude violente, voire étrangères à la manifestation elle-même, est parfaitement illégitime, et même condamnable dans ces situations. Face aux ordres reçus de leurs supérieurs en accord avec les plus hautes autorités de l’État, il serait même légitime que les policiers refusent d’obéir à de tels ordres en fidélité à leur code de déontologie.
Il est temps de désacraliser la violence d’où qu’elle vienne, de ceux dont la stratégie paraît être de « passer en force » alors que leur fonction première est de garantir la justice et la cohésion du pays, comme de ceux qui pensent que la fin justifie (tous) les moyens. Il est grand temps de prendre au sérieux la nonviolence politique : c’est ce qu’ont compris nombre de celles et ceux qui pratiquent la désobéissance civile lorsque tous les moyens légaux ont été essayés ou lorsque l’urgence, notamment climatique, l’exige…