Par Dolores Pizarro Vidal
Qui aurait cru qu’un groupe interdisciplinaire de femmes, composé de 4 professionnelles de Valparaíso, qui ont travaillé silencieusement et anonymement, serait à l’origine de cette performance devenue un phénomène non seulement au Chili, mais dans de nombreux pays du monde ? Reproduit par des femmes diverses et innombrables qui se sont senties représentées dans cette puissante composition et représentation puissante « Un violador en tu camino » (Un violeur sur ton chemin). Notre reconnaissance et notre gratitude envers elles.
Parmi beaucoup d’autres, ce mercredi 4 décembre la représentation a eu lieu à l’extérieur du Stade National du Chili. Un lieu symbolique de la dictature militaire qui porte en lui gravé au sang le souvenir d’un État oppressif. Et qui fut aussi de manière symbolique un point de rencontre favorable. Mais cette fois – et c’est ce qui la rend si puissante – « Las Tesis Seniors », des femmes âgées de plus de 40 ans, se sont rencontrées.
C’était une occasion révélatrice de deux choses que nous avons tous en commun, quel que soit notre âge. Il est devenu évident que cela s’est toujours produit, et si nos arrière-arrière-grands-mères avaient été en vie, elles auraient sûrement participé, parce que c’est un thème depuis le début des temps. La différence, c’est que nous sommes maintenant assez fortes et courageuses pour le reconnaître et le dénoncer.
Et un pas de plus, pour le mettre en évidence et prendre des mesures pour que cela n’arrive pas aux nouvelles femmes à naître…
Mais en même temps, les femmes veulent aussi la loyauté et l’endiguement d’une partie de notre sexe. C’est ce qui a motivé la demande présentée par la Coordinadora Feminista 8 de Marzo à Valparaíso, qui a exigé la démission de la ministre de la Femme et de l’Egalité des genres, Isabel Plá, après son silence face à toutes les dénonciations qui ont été présentées avec des bases solides et fortes sur les abus, harcèlements sexuels et viols, au moyen d’un sondage dans tout le pays.
Les femmes sont des personnes fortes, capables, entraînées à se battre dans la vie. Nous sommes filles, mères, tantes, grand-mères, belles-mères, cousines ; nous sommes une partie importante du pilier fondamental de la famille. Nous assumons aussi tous les rôles et depuis l’aube historique de l’humanité, nous avons été blessées, brûlées, torturées… nous avons été prises comme des objets sexuels, on nous a coupé la tête… (oui, même si nous avons aussi été aimées, on ne le nie pas).
Je pense qu’hier, au Stade National, il n’y avait que des femmes claires, survivantes et émues. Parce que bien que toutes les mauvaises choses soient parfois arrivées il y a longtemps, cette occasion unique de cet « hymne de guérison », nous permet une catharsis nécessaire énorme.
Rien de pire ne peut arriver maintenant. Et de ce phénomène, il ressort que même s’ils voulaient nous faire taire, il est impossible de museler l’âme féminine.
Voir aussi
La performance féministe chilienne « Un violeur sur ton chemin » se propage dans le monde entier
Traduit de l’espagnol par Claudie Baudoin