Pierre Hurmic nous rappelle que souvent les grandes réformes, les grandes nécessités commencent par la désobéissance, par des gestes symboliques.
Procès de l’Inaction Climatique à Bordeaux le vendredi 13 décembre 2019, à l’occasion de l’audition au Tribunal de Grande Instance des 8 décrocheurs de portraits de Macron ANV-COP21.
Pierre Hurmic : avocat et conseiller municipal de Bordeaux, élu écologiste.
Crédits vidéo : Xavier Foreau
Transcription
Je pense qu’une démocratie ne peut pas vivre sans qu’il y ait un devoir de vigilance permanent de la part des citoyens, et ce devoir de vigilance permanent, il s’appelle comment ? Il s’appelle bien souvent la désobéissance, et c’est pour ça qu’aujourd’hui, certaines camarades vont comparaître devant le tribunal correctionnel.
Cela m’évoque de tas de souvenirs, j’ai souvent plaidé pour des faucheurs volontaires, José Bové et ses amis pour, pareil, des actes commis en réunion, des actes de désobéissance civile qui leur valaient les foudres du tribunal. Et pour la bonne cause, puisque le combat contre les OGM, effectivement, il a d’abord été judiciarisé, il y a eu d’abord des sanctions lourdes, puis qui au fil du temps sont devenues tout à fait symboliques, mais le combat a été gagné. Donc c’est vrai que souvent, souvent, les grandes réformes, les grandes nécessités commencent par des désobéissances, commencent par des gestes symboliques, comme celui qui en amène certains devant le tribunal cet après-midi, et finalement finissent toujours par l’emporter.
J’ai la conviction que les véritables décrocheurs ne sont pas ceux qui seront jugés cet après-midi, mais les décrocheurs sont ceux qui ont décroché de la réalité climatique, c’est à dire des gens qui ne voient pas que l’impératif aujourd’hui c’est la lutte contre le changement climatique, et s’ils ne voient pas c’est parce qu’ils ont décroché et c’est eux qui devraient comparaître ou qui comparaîtront demain devant des tribunaux correctionnels, devant des tribunaux internationaux pour précisément des écocides, qui sont réalisés aujourd’hui sous les yeux.
Voilà je vous avais dit que je ne serai pas très long, il me revient en tête une phrase que j’ai déjà utilisée précisément pour les faucheurs volontaires, dont je parlais il y a quelques instants, mais c’est une phrase attribuée à Paul Ricoeur qui paraît-t’il qui a été proche de l’actuel président de la République, et Paul Ricoeur dit la chose suivante : Il y a des transgressions qui détruisent et d’autres, qui en détruisant, édifient, et donc je suis persuadé que ceux qui comparaissent aujourd’hui devant ce tribunal sont précisément ceux qui construisent l’avenir de demain. Merci.