Leona Morgan fait partie du Groupe d’étude sur les questions nucléaires. Indienne Navajo du Nouveau-Mexique (Etats-Unis), elle a participé à la COP25 pour dénoncer comment son peuple et ses territoires, sont nucléarisés par l’extraction de l’uranium – qu’il est prévu de redémarrer -, par les usines d’uranium déjà installées, par les effets des essais nucléaires effectués en 1945 et par les installations actuelles pour le développement d’armements… et pour être devenu le « cimetière nucléaire » des États-Unis.
Dans cette interview, Morgan déclare que continuer à produire de l’énergie et des déchets nucléaires est « une grave violation des droits humains » et exige de ne pas laisser un tel héritage aux générations futures.
La version originale en vidéo, en anglais, est à la fin de l’article.
Bonjour ! Je m’appelle Leona Morgan et je fais partie du Groupe d’étude sur les questions nucléaires.
L’extraction de l’uranium se fait sur les terres des autochtones.
Nous nous concentrons sur tous les aspects de la chaîne du combustible nucléaire au Nouveau-Mexique. Dans les années 1950 jusqu’aux années 1970, il y a eu un boom de l’extraction de l’uranium qui a été utilisé à des fins militaires et la première arme atomique a été testée au Nouveau Mexique. La première arme nucléaire au monde a été testée le 16 juillet 1945 au Nouveau-Mexique.
Je suis Diné, ou Navajo, je suis originaire de cette région des États-Unis et il y avait beaucoup de mines d’uranium sur nos terres qui causaient des problèmes environnementaux et des problèmes de santé, et c’est la même chose partout dans le monde, l’extraction d’uranium se fait principalement sur les terres de peuples originaires, et cela nuit aux habitants avec différents cancers et autres problèmes.
Au Nouveau-Mexique, nous avons des anciennes mines d’uranium, et ils veulent en reprendre l’exploitation. Nous avons également deux installations de recherche nucléaire, qui sont des laboratoires de recherche sur les armements. Nous avons la seule installation d’enrichissement de tout le pays : c’est une usine d’enrichissement d’uranium dans le sud-est et nous avons l’un des seuls centre de stockage en enfouissement géologique profond au monde. Il y a une installation de traitement des déchets contaminés au plutonium au Nouveau-Mexique et c’est la seule du genre au monde. Maintenant, nous sommes menacés par une nouvelle décharge de déchets nucléaires : une société appelée Whole Tech International. Whole Tech veut construire une décharge pour les déchets de tous les réacteurs aux États-Unis, plus de 100 réacteurs nucléaires.
C’est le même problème partout dans le monde : il n’y a pas d’endroit sûr pour stocker en permanence les déchets des réacteurs. C’est un problème dans de nombreux pays qui n’ont aucun endroit où mettre les déchets.
Continuer à produire de l’énergie nucléaire est une grave violation des droits humains.
Nous sommes ici à la COP 25 pour sensibiliser les gens, les ONG et nos gouvernements au problème de l’énergie nucléaire, parce que certains pensent que c’est bon pour le climat. Nous disons qu’il faut arrêter d’investir dans le nucléaire, parce que c’est très coûteux et à cause du problème des déchets et de la contamination par la radioactivité. C’est une lourde violation des droits humains si nous continuons à produire de l’énergie nucléaire, nous devons cesser de produire de l’énergie nucléaire.
Les mesures du carbone provenant du nucléaire ne sont effectuées qu’à la centrale nucléaire et la vapeur qui en sort n’est pas du carbone, de sorte que l’industrie et le gouvernement disent que le nucléaire ne génère pas de carbone, mais ils ne comptent pas l’extraction, le traitement et toutes les étapes avant la centrale, ni le stockage des déchets après la centrale. Il y a donc beaucoup de carbone, mais cela n’est pas inclus lorsqu’ils calculent l’empreinte carbone du nucléaire.
L’énergie nucléaire a un impact sur la santé. Nous devons cesser d’y investir pour protéger les générations futures.
Je viens du Nouveau-Mexique, mais je travaille aussi à l’échelle nationale avec des groupes aux États-Unis, ainsi qu’avec d’autres ONG au niveau international et c’est pourquoi nous disons que le nucléaire ne constitue pas une solution au changement climatique. Nous disons : n’atomisez pas le climat. Nous avons un site web dontnuketheclimate.org. C’est pourquoi je suis venu ici à Madrid, et j’ai également été à Salamanque et Cuenca ; ce sont des villes d’Espagne qui luttent contre les mines d’uranium. A Salamanque et à Cuenca, ils se sont aussi opposés avec succès à une décharge de déchets nucléaires. Je sais qu’il y a sept réacteurs nucléaires en Espagne et qu’il y a aussi le problème d’où stocker les déchets. La première chose à faire, c’est d’arrêter de produire davantage de déchets.
Aux États-Unis, nous avons des études sur les effets de l’extraction de l’uranium sur les femmes et les enfants, et nous avons appris qu’il y a une université qui étudie la question, les problèmes de santé, et ils ont découvert que l’extraction minière d’il y a 50 ans produit encore des cas de contamination, et sur les bébés qui naissent aujourd’hui – certains ont de l’uranium dans leur urine. Donc, ce problème ancien est toujours là, nous devons nous débarrasser de toute la contamination, arrêter l’énergie nucléaire, et nous devons travailler ensemble pour le faire partout dans le monde. Nous le faisons pour la protection de notre eau et nous disons que l’eau, c’est la vie, et aussi pour la protection des générations futures. L’énergie nucléaire aggrave le changement climatique et nous devons travailler ensemble pour cesser d’y investir et de produire des déchets nucléaires pour les générations futures.
Traduit par Jean-Marc Dunet