Des membres de différentes organisations autochtones sont présents à la COP25, à Madrid pour faire entendre leurs voix.
Jaime Vargas est président de la CONAIE-Equateur, l’organisation des peuples autochtones qui a conduit les mobilisations en Equateur en octobre dernier. Vargas a dénoncé le président Lenín Moreno pour être venu à Madrid « dire de belles choses » alors qu’il n’écoute pas les organisations indigènes et sociales dans son pays. Il attire aussi l’attention sur le moment de « l’éveil » qui a lieu en différents lieux : « Nous sommes des peuples dignes, qui avons des droits. Les femmes, les jeunes se sont levés… les gouvernements se doivent d’écouter ».
“Lenin Moreno ment”
Dans un entretien accordé à Pressenza, Vargas a démenti les déclarations du président Lenín Moreno selon lesquelles « en Équateur, les droits collectifs sont respectés, les territoires des peuples autochtones ainsi que le droit à une consultation libre, préalable et éclairée sont respectés ; il dit qu’en Equateur tout est beau, que c’est un paradis, alors que nos territoires sont tous pollués, ils sont en concession, ils sont cédés ».
Le dirigeant a souligné : « Le soulèvement en Equateur n’était pas seulement celui du mouvement indigène. Il fut celui de tous les secteurs, celui du peuple équatorien. Cette proposition vient donc du peuple équatorien et nous la transmettons à Monsieur le Président de la République qui, jusqu’à présent, n’a pas répondu, mais cherche plutôt à diviser les communautés, à diviser les organisations, et ce faisant, à légitimer leurs agissements. »
« Il est regrettable de dire cela dans cet article, mais le gouvernement de l’Equateur a 12% de voix en sa faveur. Cela signifie que nous n’avons presque plus de gouvernement capable de prendre des décisions. Il y a des accords avec le Fonds monétaire international qui créent des problèmes, des crises très graves… (…) Le décret 883, qui a éliminé les subventions (aux carburants), ne tenait pas compte des intérêts de la population, mais plutôt des intérêts du Fonds monétaire international. »
« C’est pourquoi nous avons réuni 200 organisations sociales du pays, dont la CONAIE, et nous avons dit : « Monsieur le Président, asseyons-nous pour dialoguer, et débattre afin de sortir de cette situation. Et le gouvernement a dit qu’il y a eu rébellion, délinquance, que nous sommes des guérilleros, que nous sommes des subversifs, que nous sommes des terroristes… Regardez : cela fait plus de 12 ans que nous vivons très durement, et la CONAIE n’a rien fait d’autre que de dire qu’il est temps d’arrêter, c’est le moment de dire au gouvernement cela suffit de bafouer nos droits. »
« Nous avons fait des propositions nationales non seulement pour les peuples autochtones. Mais s’ils ne nous prennent pas en compte, que pouvons-nous faire ? Le peuple doit se lever, alors. C’est le seul chemin. »
« Ce sont des temps nouveaux. Les gouvernements doivent écouter »
« Oui. Je pense que c’est un temps de résurrection, de réveil. Une nouvelle aube, un jour nouveau, un nouveau moment. Les peuples autochtones se sont levés dans toute l’Amérique, parce que nous ne pouvons plus continuer à être « utiles » aux gouvernements. Nous sommes des peuples dignes, des peuples qui ont des droits. Les femmes autochtones se sont levées. Des jeunes qui veulent le changement, qui rêvent de voir un monde meilleur, un monde d’opportunités, un monde de liberté, de paix, pour dire ce dont on rêve. Le gouvernement doit entendre ça ! Les gouvernements du monde entier – et pas seulement de l’Equateur – doivent écouter, réfléchir et dire quoi faire de ces grands rêves des jeunes, des femmes, des artisans, des agriculteurs, des retraités, des enseignants, des entrepreneurs.
Je pense que la seule chose qu’ils diront, c’est qu’il faut donner aux indigènes un petit morceau de pain pour qu’ils entretiennent les forêts, mais ils continuent à industrialiser, (à construire) plus de bombes nucléaires (…) ou on continue à extraire plus de pétrole à exploiter davantage de mines.
Qui a pensé, qui a rêvé de changer le monde ? Qui ? (…) La nature ne le supporte plus. La planète Terre nous dit « Assez ! »
Et maintenant, de qui cela dépend-il ? Du peuple, des gouvernements. Mettre en œuvre des politiques environnementales publiques, et générer des ressources pour les soutenir au-delà du simple développement. Nous parlons d’un développement équilibré !
Je crois que d’ici 2030, ce ne sera plus la même chose, alors nous devons commencer à travailler et à contribuer à la vie de la nature dont nous faisons partie. (…)
Nous devons arrêter, nous devons nous améliorer et nous mettre dans la tête que la planète a besoin de nous, ou que nous avons besoin de la planète, Pachamama. La Terre a-t-elle besoin de nous ou est-ce nous qui avons besoin d’elle ?
Alors, il ne tient qu’à nous. C’est ce que nous sommes venus faire. »
Vidéo : Alvaro Oruz
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