Le 12 octobre 2019, à Paris, le Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) a organisé des événements pour la Journée internationale de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques.

Nous reproduisons ici l’intervention de Michelle Cook, indienne Navajo.

« … La police, le gouvernement fédéral n’enquête absolument pas, aucune investigation sur les meurtres.

Aux États-Unis, en Amérique du Nord, les femmes autochtones ont dix fois plus de risque d’être assassinées qu’une non-autochtone, les blancs. Dans mon pays, en Amérique du Nord, aux États-Unis, une femme sur quatre risque d’être violée au cours de sa vie.

Et à cause du racisme et du colonialisme qui est perpétué, nos nations tribales ont été dépossédées de leur juridiction tribale qui leur permet normalement de poursuivre les attaquants, les meurtriers.

Ce problème est très largement impacté également par l’extractivisme, l’extraction du pétrole sur nos territoires ancestraux. Les entreprises des multinationales pétrolières et gazières amènent leurs ouvriers sur nos territoires, et ils s’attaquent aux femmes. Dans ces camps, nos femmes sont violées, il y a du trafic humain, nos enfants sont exploités, sont harcelés..

C’est pour cela que nous devons absolument faire cesser l’extraction du pétrole, l’extraction des ressources naturelles qui a cours sur nos territoires.

Nous devons aussi défier le patriarcat qui est arrivé sur nos terres en provenance d’Europe. Moi, j’appartiens à l’une des dernières tribus dont la lignée est matrilinéaire sur cette planète. Mais pour mon peuple, notre dieu, c’est une femme. Nous vous demandons votre aide et votre solidarité, vous, peuples européens. Nous vous demandons de vous lever, avec nous, pour mettre au défi vos banques qui investissent dans ces projets, vos banques comme le Crédit Agricole, comme la Société générale ou d’autres.

Demandez, exigez de vos institutions financières de stopper les investissements dans les industries fossiles sur nos territoires, ces banques qui ne s’accordent pas avec l’article de la Déclaration des droits des peuples autochtones, sur le consentement libre, préalable et éclairé.

Je vous demande de vous joindre à cette guérison, vous, en tant que peuples européens. Parce qu’il faut mettre un terme à cette violence du patriarcat.

Je vous demande, je vous donne l’autorisation et j’insiste pour que vous aidiez, pour que vous souteniez nos peuples. Nous, on est la pointe de la lance, de la flèche. Et on a besoin de vous, pour tirer cet arc et pour abattre ce monstre, ce monstre du génocide climatique qui nous affecte, qui nous impacte tous, chacun d’entre nous et qui impacte notre futur à nous tous et toutes.

Nous devons nous unir, être ensemble, afin de pouvoir sauver notre monde, pour protéger les femmes autochtones, protéger ce qui est sacré, ce jardin, cette création, cet univers qui nous est offert, qui nous a été offert. C’est notre héritage à tous. C’est à nous tous, donc, de le protéger.

Je remercie, je suis reconnaissante envers chacun d’entre vous qui êtes venus, et je sais que chacun d’entre vous, vous possédez quelque chose que vous pouvez mettre à contribution pour nous aider.

Merci beaucoup, merci. »