Cette interview a été réalisée lors de la conférence intitulée « Démocratie Horizontale, Fantasme ou Solution ? » organisée à Garein (40), le 28 septembre 2019.
Etienne CHOUARD aborde 3 thèmes dans les 3 vidéos (*) :
1 – L’état actuel de notre société française
2 – Le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC)
3 – Quelles actions pouvons nous mener ?
Ce deuxième article présente le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC)
Crédit Photo/ Vidéo : Xavier Foreau
TRANSCRIPTION DE L’INTERVIEW
Nos institutions anti-démocratiques
Etienne CHOUARD : « Nos institutions soi-disant démocratiques, sont anti-démocratiques depuis le début. Les penseurs politiques du gouvernement représentatif, c’est ça le nom officiel depuis le début, depuis 1789 du régime dans lequel on vit, c’est gouvernement représentatif.
On n’est pas démocratie. Et quelqu’un comme Seyès en France, et Madison aux États-Unis, les penseurs, les plus grands penseurs du gouvernement représentatif savaient très bien ce qu’était la démocratie et ils n’en voulaient pas, et ils l’ont dit explicitement.
Il n’est pas question que la France ait une démocratie.
Ils ont mis en place un système dans lequel, un régime dans lequel, le Peuple, Nous, sommes méthodiquement et systématiquement, tenus à l’écart de toute décision politique.
Donc l’état dans lequel nous vivons est celui de l’impuissance politique, qui a été programmé depuis le début.
Ce sont nos représentants qui sont les souverains et pas nous !
On nous dit, que nous sommes les souverains pour nous calmer, pour que nous restions chez nous. Mais à l’évidence quand on regarde la situation, on voit bien que le souverain, c’est celui qui décide et nous voyons bien que nous ne décidons de rien.
Donc nous sommes dans un régime d’impuissance politique. »
Des représentants hors contrôle
Etienne CHOUARD : «Pourquoi ? Parce que ce sont les représentants qui ont tous les pouvoirs et qui se sont mis progressivement hors contrôle, complètement.
Je ne remets pas forcément en cause l’existence de représentants.
Nous avons probablement, vu notre nombre, nous avons probablement besoin de représentants.
Mais notre problème c’est que ce sont les représentants qui ont écrit eux-même les règles de la représentation.
Or, je prétends, que seuls les représentés sont aptes, capables et légitimes à écrire les règles de la représentation. Notre problème, c’est que nous n’écrivons pas nous mêmes les règles de la représentation. »
Le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) et la démocratie directe
Etienne CHOUARD : «Si nous écrivions nous mêmes les règles de la représentation, et je le vois dans les ateliers que je fais depuis 15 ans, tous les humains pensent au Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) qui est la procédure type, la procédure emblématique, la procédure décisive de souveraineté populaire dans un contexte représentatif.
Le RIC ce n’est pas la démocratie directe. En démocratie directe, les citoyens voteraient eux-mêmes toute leurs lois, toutes les lois seraient votées par les citoyens.
Ça ce serait la démocratie directe
Le RIC ce n’est pas ça. »
A quoi sert le RIC ?
Etienne CHOUARD : «Le RIC c’est, dans un jeu d’institutions représentatives, dans lequel nous élisons, nous tirerons au sort, nous désignons par concours, peu importe la procédure, nous désignons des représentants parce que nous ne voulons pas faire de la politique tout le temps.
Nous voulons être représentés, et dans ce contexte là, nous voulons malgré cet accord à être représentés, nous tenons à garder la main sur les sujets que nous considérons comme essentiels, donc nous voulons garder l’initiative, sans que les représentants s’en mêlent.
Nous voulons être à l’initiative, pouvoir être à l’initiative :
- de nouvelles lois,
- d’abrogation de lois,
- de révocation d’élus dont nous voulons plus,
- et de modification de la constitution.
Et dans un contexte représentatif, le RIC est un correctif démocratique.
Ça n’est pas la démocratie directe.
C’est une capsule de démocratie dans un régime représentatif.
Et un vrai RIC ne pourra être écrit que par les citoyens, que par les représentés.
A chaque fois que ce sont les représentants qui écrivent les règles du RIC, ça donne des fake, des faux RIC, des RIC qui n’en sont pas.
Les Gilets Jaunes dans le mouvement de 2018 – 2019 ont incroyablement aidé l’idée du RIC à progresser. C’est devenu dans l’esprit des gens, beaucoup plus de gens, grâce à une médiatisation et à une focalisation remarquable. La population en France en tout cas cette habituée à l’idée d’un RIC Écrit Par Nous Mêmes (EPNM) : ça c’est décisif !
On ne va jamais le risque on demandera aux élus, c’est pas la peine. C’est pas la peine de rêver à ça.
Écrit par nous mêmes, et En Toute Matière (ETM), c’est à dire qu’il s’agit d’instituer une véritable souveraineté.
Ce qu’ont fait les gilets jaunes aussi, j’en terminerai avec ça parce que c’est absolument décisif, c’est que dans les ateliers constituants où ils ont se sont entraînés a écrire, et ils s’entraînent en ce moment à écrire eux-mêmes le RIC qu’ils veulent, localement et nationalement, les gilets jaunes et les citoyens constituants, ne manquent pas de penser à instituer l’indépendance des médias.
Parce que dans tous les pays du monde où existe le RIC, une trentaine à 35 pays à peu près, dans lesquels existe le RIC, ça change pas de façon sensible les choses sur le plan de l’oppression des travailleurs par les oisifs, les plus riches, mais c’est parce que les oisifs, les plus riches, ont pris le contrôle dans tous ces pays, comme chez nous, les médias.
Les médias sont achetés par les plus riches.
Or les médias permettent de façonner l’opinion, d’intoxiquer les citoyens, de les désinformer, et de proche en proche, de les faire voter contre leurs intérêts.
Donc un RIC bien pensé, et c’est ce que font les chez les Gilets Jaunes et c’est ce que feront les citoyens constituants, c’est ce que nous ferons quand nous serons tous devenus Gilets Jaunes Constituants, ou citoyens constituants si le mouvement des Gilets Jaunes finit par s’éteindre, un vrai RIC intégrera une, j’hésite avant de dire nationalisation ou une fonctionnarisation des journalistes.
Il faut que nous mettions les journalistes à l’abri des pouvoirs politiques, évidemment donc du gouvernement, des juges, du parlement, de tous les pouvoirs. Il faut que nous mettions les journalistes à l’abri des pouvoirs politiques, des pouvoirs institués, et des riches. Il faut que les journalistes n’aient pas besoin de l’argent des riches.
Donc il faut que ce soit nous qui les payons, que ce soit les citoyens qui payent les journalistes, comme nous payons les juges, et qui les protégions contre toutes les pressions.
Ainsi institué, le RIC français ou algérien, parce qu’il est possible qu’on se fasse doubler par les algériens qui font la révolution plus vite que nous, là nous on traîne un peu je trouve en ce moment, ça se passera je sais pas dans quel pays ça se passera en premier mais, un RIC écrit par les citoyens eux-mêmes, sera une vraie révolution.
Enfin les choses vont changer pour les pauvres gens, c’est à dire le plus grand nombre. »
Références
L’Abbé Séyès : https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel-Joseph_Siey%C3%A8s
Articles connexes:
Etienne CHOUARD : https://www.pressenza.com/search_gcse/?q=etienne%20chouard
https://www.facebook.com/etienne.chouard
Philippe PASCOT : https://www.pressenza.com/search_gcse/?q=Philippe%20PASCOT
https://www.facebook.com/philipe.pascot
Remerciements
Merci à Ascencion pour l’organisation de cet évènement.
(*) Voir l’ensemble des entretiens avec Etienne Chouard :
1 – Notre impuissance politique (1/3)
2- Le Référendum d’Initiative Citoyenne RIC, correcteur Démocratique ? (2/3)