Un rapport des Nations unies publié en marge du sommet sur la lutte contre la désertification à New Delhi (Inde) établit des liens entre le phénomène de la dégradation des terres et certaines formes de migration.
Dans leur rapport, le premier du genre, les experts onusiens reconnaissent la complexité du phénomène. Mais après quatre années de recherches, leur constat est clair : la dégradation des terres explique certains mouvements de populations.
Mariam Traoré Chazalneöl est co-auteur du rapport : « En général, les gens migrent vers des zones proches des endroits où ils sont déjà. Mais maintenant, on a aussi des exemples dans le cas des sécheresses intenses, où on voit des gens migrer au-delà des frontières, dans la même région ou au-delà pour pouvoir compenser le fait qu’ils ne peuvent plus vivre de l’agriculture ou de l’élevage » explique la spécialiste des migrations et environnement à l’OIM
96% des populations vivent dans des zones arides comme le Mali, précise le rapport des Nations unies sur le climat, or ces populations ne dépendent que de l’agriculture.
Pour survivre, de nombreux Maliens ne peuvent compter que sur les membres de leurs familles qui ont migré notamment dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire selon les experts onusiens.
Des pays non arides concernés
Certains pays qui ne sont pas beaucoup touchés par la désertification, subissent aussi les conséquences qu’elle engendre.
C’est le cas de la Centrafrique qui accueille des populations entières venues du Tchad et du Niger qui ont dû abandonner leurs localités à cause de l’aridité des sols.« Ceux qui subissent plus la désertification et qui sont à la recherche du pâturage et des terres, nous envahissent sous les yeux impuissants des paysans qui parfois voient leurs cultures détruites par les bétails qui viennent de l’autre côté. Aussi en voulant réagir, les paysans viennent avec des armes. Ce qui entraine des crimes, beaucoup d’autres problèmes qui finalement, nous a conduit dans des conflits qui durent jusqu’à aujourd’hui » regrette Laeticia Boukoro, ministre déléguée auprès du Premier ministre centrafricain.
Les liens désormais confirmés entre la dégradation des terres et les migrations ne se limitent pas qu’aux États africains.
Des pays asiatiques comme le Bangladesh, le Guatemala, l’Inde, le Peru ou encore la Thaïlande et le Vietnam sont aussi concernés.