« L’élimination totale des armes nucléaires demeure la première priorité de l’ONU en matière de désarmement. »
— Assurer notre avenir commun : un agenda pour le désarmement
La réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires est l’un des objectifs les plus anciens de l’Organisation des Nations Unies. Cette question était, en effet, déjà inscrite dans la première résolution de l’Assemblée générale en 1946. Depuis que le désarmement général et complet est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, il est resté l’une des priorités des Nations Unies. Depuis 1975, il s’agit d’une question qui domine la conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). En 1978, la première session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement a réaffirmé que des mesures efficaces en matière de désarmement nucléaire constituaient la plus haute priorité. Une priorité qui a été appuyée par l’ensemble des Secrétaires généraux des Nations Unies.
Pourtant, à ce jour, environ 14 000 armes nucléaires prolifèrent encore dans le monde et les pays qui possèdent de tels armements ont financé des plans à long terme pour les moderniser. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays qui possèdent de telles armes ou font partie d’alliances nucléaires. Alors qu’on a assisté à d’importantes réductions des armes nucléaires déployées depuis la guerre froide, aucune ogive nucléaire n’a été détruite en vertu d’un traité bilatéral ou multilatéral, de même qu’aucune négociation en vue du désarmement nucléaire n’a été pour le moment initiée.
Malgré tout, la doctrine de dissuasion nucléaire persiste et constitue un élément des politiques de sécurité de l’ensemble des États possédant des armes nucléaires, ainsi que de leurs alliés. Les problèmes de sécurité qui prévalent ne peuvent être une excuse pour continuer à s’appuyer sur les armes nucléaires, ni pour abandonner notre responsabilité commune d’atteindre une société mondiale pacifique. Le cadre international de contrôle des armements qui contribuait à la sécurité internationale depuis la guerre froide et agissait comme un frein à l’utilisation des armes nucléaires et au désarmement nucléaire avancé, subit une pression croissante. Plus récemment, le 2 août 2019, le retrait des États-Unis a signifié la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Les États-Unis et la Fédération de Russie s’étaient engagés à éliminer toute une classe de missiles nucléaires.
Les États Membres sont de plus en plus frustrés par ce qui est perçu comme un désarmement nucléaire tardif, incertain et incomplet. Cette frustration fait écho aux préoccupations croissantes liées aux conséquences humanitaires potentielles en cas d’utilisation même d’une seule arme nucléaire, sans parler des conséquences catastrophiques que pourraient engendrer une véritable guerre nucléaire régionale ou mondiale.L’Assemblée générale a décidé de déclarer le 26 septembre Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires. Cette journée est l’occasion pour la communauté internationale de réaffirmer son engagement en faveur du désarmement nucléaire mondial et de souligner l’urgence d’y parvenir. Elle permet également de sensibiliser le grand public, ainsi que les dirigeants, aux avantages socio-économiques d’un monde exempt d’armes nucléaires. Cette Journée est particulièrement importante pour l’Organisation des Nations Unies, étant donné la nature universelle de ses membres. Il s’agit du lieu idéal pour trouver des solutions aux plus grands défis de l’humanité et pour parvenir à la paix et la sécurité internationales.
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté le 7 juillet 2017, marque une étape et une contribution importante vers l’objectif commun d’un monde sans armes nucléaires. Ce Traité reflète d’une part l’inquiétude grandissante face au risque posé par l’existence des armes nucléaires, d’autre part la prise de conscience des conséquences humanitaires catastrophiques qui résulteraient de l’utilisation de telles armes. Ce Traité est le résultat d’une campagne menée à l’échelle mondiale axée sur le caractère inacceptable de l’utilisation d’armes nucléaires en toutes circonstances, et sur l’espoir que son adoption permettra de donner un nouvel élan au désarmement nucléaire.
Le 24 mai 2018, le Secrétaire général des Nations Unies a publié « Assurer notre avenir commun : un agenda pour le désarmement ». Cet agenda place l’élimination des armes nucléaires au cœur du cadre du « désarmement au secours de l’humanité ». Le Secrétaire général appelle à reprendre le dialogue et les négociations sur la maîtrise des armements et le désarmement nucléaire. Il soutient également le renforcement des normes contre les armes nucléaires et leur prolifération, et à cet égard appelle les États qui possèdent des armes nucléaires à affirmer qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais avoir lieu. En dernier lieu, l’agenda propose également de préparer un monde exempt d’armes nucléaires à travers des mesures de réduction des risques, notamment en mettant fin à la production de matière fissile à des fins d’utilisation dans ces armes. Afin de faire avancer cet agenda, une série d’actions concrètes sont proposées.