Les organisations professionnelles des médias en Guinée ont organisé ce lundi 26 août 2019, un sit-in devant le palais du 25 août, actuel siège de la Haute Autorité de Communication (HAC). De nombreux patrons, responsables et journalistes reporters des organes de la presse privée du pays ont pris part à cette rencontre.

Il faut signaler que ce sit-in fait suite à la mise sous contrôle judiciaire de deux journalistes de la radio Lynx FM.

Selon les responsables des différentes organisations organisatrices de l’événement, cette manifestation consiste à attirer l’attention des commissaires de la HAC sur les violations des procédures dans la gestion des dossiers de délits de presse en Guinée.

Cette manifestation qui a commencé aux environs de 11 heures a duré environ 2 heures. Les manifestants étaient munis d’une banderole sur laquelle on pouvait lire « Marché de colère des médias. Plus de journalistes en prison ».

Au terme de la manifestation, les organisations professionnelles des médias ont à travers une déclaration dénoncé de multiples violations de procédures judiciaires dont sont victimes les hommes et femmes des médias privés de la Guinée. Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de la déclaration lue par Mohamed Barry, chargé de communication du syndicat des médias privés de Guinée.

Musellement de la presse guinéenne : des organisations professionnelles des médias tiennent un sit-in devant la Haute Autorité de la Communication (HAC)

MEMORANDUM DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES DE MÉDIAS EN GUINÉE

C’est avec regret que les organisations professionnelles de médias que nous sommes, ont constaté la montée en flèche et de façon inouïe de mesures liberticides allant dans le sens de restreindre considérablement la liberté de la presse chèrement acquise en Guinée.

L’heure est donc grave et les jours des hommes de médias semblent comptés dans leur profession car, leur liberté est mise rudes épreuves depuis quelques mois. Ceux qui ne veulent pas sentir l’odeur de la démocratie ne manquent pas de démarches liberticides pour contrer et anéantir la presse par ricochet, notre jeune démocratie.

Nous avons encore en mémoire les cas d’agressions physiques et verbales dont nous sommes souvent victimes, des pratiques immondes propres aux régimes autocratiques sans oublier le constat amer de l’impunité garantie à ceux qui se livrent à ces pratiques rétrogrades.

L’acmé de ces exactions commises contre les femmes et hommes de médias est aujourd’hui, le scenario auquel nous assistons malheureusement, une nouvelle forme de musellement des médias indépendants de notre pays. En effet, cherchant à contourner la loi 002 qui encadre l’exercice du métier de journaliste en République Guinée, certains magistrats, se croyant plus malins que d’autres commencent à prendre goût de substituer maladroitement la loi 002 à celle portant cyber-sécurité pour traiter des dossiers des journalistes mis en cause dans l’exercice de leur profession.

Musellement de la presse guinéenne : des organisations professionnelles des médias tiennent un sit-in devant la Haute Autorité de la Communication (HAC)

Le placement sous contrôle judiciaire de deux journalistes de Lynx fm vient compléter le tableau de trophées de ceux qui veulent voir mourir la presse guinéenne puisque la procédure de citation directe dans le cas espèce est connue de tous les magistrats… mais, la presse ne mourra pas.

En tant qu’organisations professionnelles de médias, nous refusons de tels dérapages aussi flagrants qui, non seulement portent atteinte à la liberté de la presse mais, projettent aussi à la face du monde une image dégradante de notre justice qu’on croirait composée de magistrats à niveau douteux, sans probité morale et sans courage professionnel. Pourtant, parmi ces hommes de robe, y en a qui font bien, sinon qui peuvent bien faire leur travail si chacun de nous œuvrait dans le sens de bâtir un État qui rentre dans le concert des pays méritant le statut des nations à démocratie établie.

Nous sommes convaincus qu’il ne fait dorénavant l’ombre d’aucun doute que la Haute Autorité de la Communication (HAC) peut et doit, à travers ses commissaires et conformément à la Loi 003 qui la constitue, contribuer efficacement à changer la façon de faire de chacun et de tous dans ce registre. A cet titre, nous lui demandons ici et maintenant de rappeler à qui de droit qu’en Guinée, la L002 portant liberté de la presse reste et demeure jusqu’à preuve du contraire, la loi devant servir de référence lorsqu’un journaliste est poursuivi dans le cadre de l’exercice de son métier.

En fin, nous précisions que nous ne faisons pas la promotion de l’impunité en faveur des journalistes, nous demandons simplement le respect des textes appropriés pour le traitement des dossiers nous impliquant en tant que professionnels de l’information.

Respectons la République !!!

L’AGEPI, L’AGUIPEL, L’URTELGUI, REMIGUI, L’APAC, UFSIG, LE SPPG, L’AJPRG, L’UPLG et L’UPF-Guinée.

Conakry, 26 août 2019