Dans un podcast récent intitulé « Comment seulement 3,5 % de la population peut changer la société », Sonali Kolhatkar a interviewé Erica Chenoweth, co-auteur du livre « Pourquoi la résistance civile fonctionne : La logique stratégique du conflit nonviolent ». Le livre décrit une étude des campagnes massives de résistance nonviolente contre la tyrannie et le colonialisme menées dans le monde de 1900 à 2006. Les auteurs ont constaté que les luttes nonviolentes étaient plus de deux fois plus efficaces que leurs homologues violentes pour atteindre les objectifs visés. L’étude a également conclu qu’une campagne nonviolente ne nécessite la participation, en moyenne, que de 3,5% de la population pour réussir. Pour les États-Unis, cela se traduirait par environ 12 millions de personnes.
À un moment donné de notre histoire collective, nous pouvons tous nous souvenir d’expériences fortes d’organisation nonviolente. Au milieu du dernier siècle, par exemple, les syndicats représentaient 40% de la population active et grâce à ce mouvement, nous avons obtenu la semaine de travail de 40 heures, la négociation collective et la sécurité sociale. La Communauté afro-américaine a eu beaucoup de succès avec l’action nonviolente pendant le Mouvement des droits civiques avec la campagne pour le droit de vote.
Imaginez si, au lieu de se concentrer sur l’acquisition du pouvoir et de ne rien faire, les politiciens et les organisations concentraient leur énergie et leurs ressources sur l’organisation et la mobilisation des gens. Imaginer est facile, mais le réaliser est une autre histoire. Aujourd’hui, l’individualisme a détruit le tissu social, privant les gens de leur pouvoir et augmentant les niveaux de stress, de peur et de nihilisme. Le nombre de suicides augmente à deux chiffres et la toxicomanie atteint des niveaux records, ce qui indique que quelque chose ne va pas.
Les jeunes de Hong Kong qui luttent pour la démocratie, les étudiants d’Europe qui réalisent « grèves » tous les vendredis pour faire pression contre le changement climatique, et les jeunes des États-Unis qui ont organisé la Marche pour nos vies contre la violence armée, ont-ils quelque chose en commun ?
Il y a des signes que quelque chose bouge. Elle peut prendre des formes différentes ou traiter de questions différentes, mais la méthode de base qu’elles partagent est la même : la mobilisation nonviolente qui vise à atteindre une masse critique. On partage la compréhension que personne ne résoudra seul un conflit et que rien ne changera tant que les pouvoirs actuels ne seront pas remplacés par un nouveau groupe de personnes ayant une sensibilité différente et travaillant avec un ensemble de valeurs différentes.