Selon un document officiel rendu public par les autorités maliennes, ces accords de paix ont été conclus dans les régions de Mopti et de Ségou par une dizaine de groupes armés peuls et dogons.
Mais il faudra attendre l’application effective de ces accords. Car les précédents ont été systématiquement violés, donnant lieu à un retour des affrontements. Aujourd’hui il n’y a donc rien de sûr quand au retour de la paix estime Issa Ndiaye, ancien ministre de la Culture et de l’Education qui dirige désormais l’Association malienne du forum civique.
« Je pense que c’est très aléatoire tant que la sécurité ne revient pas dans la zone et tant que les communautés elles-mêmes ne seraient pas impliquées dans le processus de pacification. Parce que jusqu’ici, c’est l’affaire de groupes armés face à des populations qui sont démunies. Des communautés qui sont censées être protégées par des forces armées maliennes », affirme M. Ndiaye.
Dialoguer avec les groupes armés
Un avis que ne partage pas Boukary Sangaré, chercheur au bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le bassin du Lac Tchad à l’institut d’Etudes et de Sécurité basé à Bamako.
Pour lui, le dialogue entre les communautés civiles est nécéssaire mais pas suffisant. Il souhaite que ceux qui détiennent les armes soient directement impliqués dans le processus de paix.
« Le problème qu’on avait avec ces accords est que ceux qui participaient à la signature des accords n’étaient pas forcement les personnes influentes – c’est à dire qu’elles n’étaient pas membres des groupes armés. C’est très difficile dans ce contexte lorsqu’on a en face des groupes armés extrêmistes et des chasseurs traditionnels qui ne sont soumis à aucune autorité traditionnelle ou religieuse. Donc c’est difficile de faire respecter ces accords par les groupes armés », indique-t-il.
Aujourd’hui, les groupes armés sont bien directement signataires de ces accords de paix. Ils se sont également engagés à « dénoncer les terroristes et au besoin à les combattre » dans une région meurtrie par des violences intercommunautaires qui ont fait des centaines de morts.
Elles avaient atteint leur point culminant le 23 mars à Ogossagou, près de la frontière burkinabè. A l’époque, quelque 160 Peuls avaient été massacrés par de présumés chasseurs dogons.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, les violences communautaires dans les régions de Ségou et Mopti ont entraîné le déplacement de 70.000 personnes entre mai 2018 et mai 2019.