J’avais gardé un silence prudent à l’annonce de la visite en juin dernier de Michelle Bachelet au Venezuela en sa qualité de Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Malgré mon envie naturelle d’écrire sur ce thème étant donné les antécédents politiques de cette fonctionnaire internationale, je me suis abstenu par respect pour de nombreux amis au Venezuela et ailleurs qui qui avaient fondé des attentes sur l’honorabilité et la respectabilité supposées de la dame en question, qui auguraient la neutralité et l’impartialité du rapport qu’elle devait établir.
Il faut dire qu’en tant que fils d’un homme qui a été emprisonné et torturé dans une démocratie au Venezuela et dans une dictature au Chili, et ayant aussi des dizaines d’ami·es qui ont été emprisonné·s, torturé·es et ont disparu dans plusieurs pays de la région, je rejette la pratique des violations des droits humains, quelle que soit leur origine, et la Haute Commissaire, qui est l’autorité suprême dans ce domaine dans le monde, devrait également avoir cette attitude dans l’exercice de ses responsabilités.
Je ne vais donc pas me référer au rapport qu’elle a fait, que je ne vais même pas lire, mais, comme je l’ai dit à tous ceux qui voulaient l’entendre, ce rapport était fait avant l’arrivée de Bachelet à Caracas, ajoutant le fait que – vu la carrière de la fonctionnaire en question – il a très probablement été élaboré à Washington. Cela a été démontré aujourd’hui lorsque le gouvernement vénézuélien a déclaré que 82% des données contenues dans le rapport proviennent de l’extérieur du pays. Je doute sérieusement que ce travail ait pu être réalisé après le voyage de la commissaire à Caracas. Non, il était déjà prêt.
En d’autres termes, il ne s’agit pas de savoir si le rapport dit la vérité ou non, mais de savoir à quel point un rapport peut être vrai lorsqu’il émane d’un organisme qui a une mauvaise réputation et d’une fonctionnaire qui manque de crédibilité dans le domaine des droits de l’homme étant donné les violations continues des droits humains pendant son mandat de présidente du Chili, notamment la répression brutale dont le peuple mapuche est victime.
D’autres soutenaient que personne ne pouvait être pire en matière de loyautés impériales que celles du prédécesseur de Bachelet dans sa responsabilité, le prince jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, connu pour sa subordination à Washington où il a fait un long stage comme ambassadeur de Jordanie d’abord et représentant de son pays à l’ONU ensuite.
Mais, comme le dit un sage dicton populaire vénézuélien, « les désirs ne se mettent pas en gage » : j’ai été impressionné par l’innocence de tant de gens qui tiennent encore Bachelet pour une championne des droits de l’homme alors que son parcours montre tout le contraire. Il semble incroyable qu’on puisse penser que Bachelet pouvait être impartiale au sujet du Venezuela alors qu’elle a été une fondatrice active et enthousiaste du groupe de Lima, une annexe de l’OEA créée pour provoquer le renversement du gouvernement vénézuélien. Comble de l’impudence, lorsqu’on lui a posé à un moment donné des questions à ce sujet, elle a rejeté la faute de tous ses agissements sur son ministre des Affaires étrangères, Heraldo Muñoz, dont elle a dit : « Je ne peux pas le contrôler ».
Fidèle à cette façon d’agir et de penser, Bachelet a une fois de plus rejeté la responsabilité des actes de son office sur les fonctionnaires placés à leur poste « par mon prédécesseur », qu’elle ne peut soi-disant pas non plus contrôler.
Bachelet est l’une de ces personnalités étranges que l’on pourrait qualifier en politique d’ « extrême-centre » , c’est-à-dire ne pas exprimer une opinion, ne pas s’engager, laisser faire, rejeter la faute sur d’autres et ne pas assumer de responsabilités, caractéristiques apparemment typiques de la politique chilienne si l’on considère qu’elle a été élue à deux reprises présidente du Chili, mais cette identité ne lui est pas naturelle, elle est assumée consciemment sur instructions d’en haut de qui a étudié son profil et compris que cela était le meilleur moyen pour la placer aux plus hautes instances de gouvernement.
En juin 2014, lorsque Zeid Ra’ad Al Hussein a été élu à ce poste, les avocats spécialistes en droits humains Javier El-Hage et Roberto González ont écrit un article dans le journal madrilène El País dans lequel, décrivant cette responsabilité dans la structure de l’ONU, ils écrivaient : « … jusqu’ici les actions du Haut-Commissaire ont été dans le meilleur des cas timides, généralement sans nord démocratique et parfois même en contradiction avec ses idéaux. En effet, le HCDH souffre, quoique dans une moindre mesure, du même problème structurel que d’autres organes de l’ONU tels que le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme, dont les déclarations et les actions concrètes sont fortement influencées par des dictatures ayant le droit de veto et la majorité ». Si nous examinons le bilan des deux derniers hauts-commissaires, nous constatons que ces opinions sont globalement correctes.
Dans le cas de Michelle Bachelet, après avoir été une militante politique insignifiante du parti socialiste du Chili – selon un article publié dans le journal disparu de Santiago La Nación, du 16 janvier 2006 – elle est partie aux USA pour étudier « …pour un diplôme en stratégie militaire à l’Académie nationale des études politiques et stratégiques (ANEPE), auquel ont participé douze étudiants : six officiers des Forces armées et de l’Ordre et de la Sécurité, et six civils, où – pour sa bonne performance – elle a obtenu la première place dans la promotion, et grâce au parrainage de la bourse du Président de la République elle a continué en 1997 avec un cours supérieur sur la défense continentale au Collège interaméricain de défense, situé à Washington D. C., USA. À son retour en 1998, Bachelet a travaillé pendant un an comme conseillère au Ministère de la Défense Nationale » et curieusement, c’est à partir de ce moment qu’elle a commencé son brillant décollage politique qui l’a conduite – en seulement 8 ans – à être élue présidente du Chili. Tout indique qu’elle a pu difficilement réussir à se débarrasser de la tutelle que le Pentagone a exercé sur elle.
Selon l’organisation mapuche Meli Wixan Mapu, il y avait en octobre 2018 au Chili 20 prisonniers politiques mapuches, injustement condamnés en vertu de la loi antiterroriste approuvée dans ce pays le 16 mai 1984 alors qu’il n’y avait pas de parlement sous la dictature de Pinochet. Bachelet n’a rien fait pour l’éliminer dans ses deux mandats, au contraire, elle a renforcé la répression contre le peuple mapuche pendant ses deux gouvernements.
Il faut dire que depuis 2001, sous les gouvernements post-dictatoriaux, à la plupart desquels le parti de Michelle Bachelet a participé, 19 Mapuches ont été assassinés, dont deux, Johnny Cariqueo Yáñez en 2008 et Jaime Facundo Mendoza Collío en 2009, pendant le premier gouvernement Bachelet et deux autres, José Mauricio Quintriqueo Huaiquimil en 2014 et Víctor Manuel Mendoza Collío en 2014, pendant le second gouvernement de celle qui est aujourd’hui fonctionnaire internationale, sans que celle-ci ne fasse absolument rien pour élucider les homicides.
Ces faits font que Michelle Bachelet est considérée comme une répresseure féroce par le peuple mapuche. À partir de son arrivée au gouvernement en 2006, elle a ordonné la répression des membres de la communauté mapuche de la localité de Quepe de la commune de Freire dans la région de l’Araucanie, qui protestaient contre l’installation d’un aéroport dans les territoires ancestraux mapuches usurpés de force à leurs propriétaires légitimes. En août de la même année, Juan Lorenzo Collihuin Catril, 71 ans, a été assassiné et son meurtrier, un sergent carabinier, a été relaxé par le Bureau du Procureur militaire.
Le 30 octobre 2007, Patricio Queipul Millanao, âgé de 13 ans seulement, a été blessé au thorax par 6 coups de feu tirés par des carabiniers avec leurs fusils antiémeute.
Le 3 janvier 2008, Matías Catrileo Quezada, 22 ans, a été assassiné par le sous- caporal des carabiniers Walter Ramírez, sans que les autorités ne mènent aucune enquête pour rendre justice. Le 30 janvier, Patricia Troncoso, en grève de la faim pendant 112 jours après avoir été condamnée avec d’autres membres de la communauté mapuche à 10 ans et 1 jour de prison en vertu de la loi antiterroriste de Pinochet qui est toujours en vigueur au Chili, a conclu sa peine. La nouvelle serait passée inaperçue si si elle n’avait pas, avec la mère de Matías Catrileo, écrit une lettre à Bachelet dans laquelle elle disait : « Je veux vous demander (…) Vous qui étiez prisonnière politique, qui avez été torturée, aujourd’hui vous avez le plaisir de nous torturer, comment vous sentez-vous, Madame la Présidente ? (…) Quel dommage que vous ayez oublié tout ce que signifie la prison politique et la mort de tant d’êtres ! Vous, avec l’attitude arrogante de votre gouvernement, de vos représentants, vous nous torturez aujourd’hui en nous condamnant à une mort silencieuse ».
Dans un autre domaine, au cours des manifestations d’août 2007 appelées par les organisations syndicales insatisfaites de la politique néolibérale de Bachelet, la répression ordonnée par elle a fait une cinquantaine de blessés et 372 arrestations. Le président de la Central Unitaire des Travailleurs (CUT), Arturo Martínez, a appelé le gouvernement à analyser la violence, à son avis « inhabituelle », avec laquelle la police a agi. La journée a commencé lorsque des milliers de manifestants descendus pacifiquement dans la rue ont été réprimés avec force par les carabiniers, qui ont arrêté en quelques heures une centaine de personnes.
Elle a poursuivi sa politique de répression du mouvement populaire, au cours des premiers mois de 2008 dans les villes les plus importantes du pays, les lycéens et les étudiants ont développé des mobilisations demandant l’abrogation définitive du cadre légal de l’éducation créé par la dictature. La réponse du gouvernement de Bachelet a été de convenir avec les partis pinochétistes d’approuver une nouvelle loi qui n’a rien changé, puisqu’elle n’a pas modifié son caractère néolibéral et a perpétué les privilèges de ceux qui profitent de l’éducation au Chili. Pour cela Bachelet a joué le rôle d’articulatrice entre les partis de droite qui étaient au gouvernement et en dehors : La démocratie chrétienne et les pinochétistes de Renovación Nacional (RN) et Unión Democrática Independiente (UDI) dans l’opposition, ainsi que l’Église catholique discréditée et mafieuse, l’Opus Dei et d’autres acteurs qui se sont enrichis avec l’éducation dans ce pays. Pendant ce temps, la présidente a ordonné une dure répression des mobilisations étudiantes afin de ramollir les dirigeants, de les coopter et de démanteler le mouvement, ce qui a réussi d’une certaine manière. En cours de route, les forces répressives bachelétistes ont brutalement agressé un journaliste qui rapportait les événements.
Il convient également de rappeler qu’à la fin du mois de décembre 2010, un câble rendu public par Wikileaks a révélé qu’un document de l’ambassade des USA au Chili, daté du 7 février 2008, indiquait clairement que l’ancienne présidente Bachelet avait demandé l’appui des services de renseignements US pour suivre la « radicalisation » du conflit mapuche et ses contacts éventuels avec « d’autres groupes terroristes étrangers ». Ce faisant, Bachelet a montré non seulement sa disposition répressive, mais aussi sa véritable identité nationale en étant prête à céder la souveraineté du Chili en autorisant le gouvernement d’une puissance étrangère à s’ingérer dans les affaires intérieures du pays afin de réprimer le peuple qui se battait pour ses revendications légitimes.
Plus récemment, au cours de son deuxième gouvernement, l’organisation pro-usaméricaine Amnesty International, confrontée à l’impudence avec laquelle l’État chilien ignorait les droits humains, a été contrainte de recommander à l’État chilien une série de mesures politiques en faveur du respect des droits humains. Ils ont mentionné précisément l’application de la loi antiterroriste. En ce sens, la secrétaire générale de cette organisation, Irene Khan, a déclaré en 2008 : « Les peuples indigènes sont très discriminés et marginalisés au Chili, et se considèrent comme victimes d’une stratégie économique qui détruit leur vie et leurs moyens de subsistance ». À cet égard, Hernando Silva, coordinateur juridique de l’Observatoire des citoyens, se référant à l’application de cette loi par les gouvernements post-dictature, a déclaré : « La criminalisation de la protestation sociale indigène, qui a été un phénomène qui s’est produit principalement sous le gouvernement de Ricardo Lagos, a été une tendance qui s’est répétée sous celui de Michelle Bachelet, dans la mesure où des charges criminelles exceptionnelles ont été utilisées pour dénaturer les processus de revendications de droits des communautés mapuches ».
Le temps a passé et l’oubli a affligé le peuple chilien qui a réélu Bachelet en 2014 pour un nouveau mandat présidentiel de quatre ans. L’un de ses projets emblématiques a été une fois de plus la répression du peuple mapuche. Pour cela elle a conçu l’ « Opération Ouragan » qui a configuré des actions jamais vues auparavant, pas même sous la dictature. Le montage d’ opérations sous fausse bannière dans le plus pur style du gouvernement colombien d’Alvaro Uribe, qui a conduit à des accusations contre des dirigeants mapuches pour justifier la répression la plus brutale contre eux, a été ce qui a le plus marqué ce second gouvernement Bachelet. Le responsable qui a dirigé les opérations, haut dirigeant du parti socialiste chilien, a tenu des réunions avec les autorités judiciaires, la police, les procureurs et les avocats pour élaborer un complot visant à criminaliser les dirigeants mapuches. Au sommet de cette trame criminel se trouvaient la ministre de l’Intérieur et la présidente Bachelet elle-même, comme l’a dénoncé Rodrigo Román, un avocat du Bureau du Défenseur du peuple dans des déclarations à la radio de l’Université du Chili. Román a affirmé que Bachelet n’avait pas été affectée parce qu’elle était protégée par « les riches, les puissants et les médias », rappelant également que « l’une des promesses de campagne de Bachelet pour atteindre l’exécutif était la non-application de la loi antiterroriste », mais que « loin de ne pas l’appliquer, elle a investi des ressources considérables pour condamner les peñis [frères en langue mapudungun] pour comportement terroriste ».
Sa personnalité ne change pas sur la scène internationale. En juillet 2014, Leopoldo López, aujourd’hui en fuite, a rencontré Bachelet, alors candidate à la présidence, au Chili. Bachelet, qui se définit elle-même comme une social-démocrate, est un membre actif de l’Internationale socialiste (IS), qui, sous la houlette de l’ancien Premier ministre espagnol, Felipe González, a mené une campagne internationale féroce et systématique contre le Venezuela. Le parti de López est également membre de l’I.S. c’est à ce titre qu’il s’est rendu au Chili. Lorsque la rencontre a été révélée dans la presse, Michelle Bachelet a déclaré qu’elle ne connaissait pas le parti politique auquel Leopoldo López appartenait et « qu’elle ne savait pas qui il était ».
La répression s’est poursuivie : Juana Calfunao, leader mapuche, a été condamnée en septembre 2016 à 5 ans de prison pour avoir refusé d’accepter la construction d’une route qui traversait sa propriété. Depuis plus de 20 ans, la communauté Juan Paillalef à laquelle appartient le lonko [chef·fe d’une communauté mapuche] est en conflit avec l’Etat parce qu’elle s’oppose au tracé de la route qui « diviserait sa communauté et détruirait les espaces sacrés où se tiennent cérémonies et prières, et qu’elle n’a pas été consultée au préalable sur sa construction, librement et de manière informée comme le prévoit la Convention 169 de l’OIT », selon un rapport du site chilien eldesconcierto.cl. En mars 2011, Calfunao a affronté l’ancienne présidente Michelle Bachelet au Parlement européen à Bruxelles à propos de l’application de la loi antiterroriste.
Elle a ainsi a modelé son action sur la scène internationale, sans assumer de conflits structurels avec les intérêts globaux des USA et de l’Union européenne. Lorsque Bachelet a rendu visite Obama à la Maison-Blanche au cours de son premier mandat présidentiel, le président des USA l’a félicitée pour avoir travaillé pour les femmes durant les dernières années à l’ONU et l’a définie comme sa « deuxième Michelle favorite » , en référence à son épouse, la première dame Michelle Obama.
Bachelet a toujours gardé le silence en tant que présidente et continue dans sa nouvelle fonction à protéger les amis des USA à l’ONU tout en utilisant sa position pour attaquer ceux qui s’opposent à eux, agissant de la manière servile et rampante qui la caractérise. Souffrant d’une pathologie connue sous le nom de syndrome de Stockholm, elle est même allée jusqu’à protéger les militaires impliqués dans les violations des droits de l’homme pendant la dictature en ne bougeant pas le petit doigt pour que les prisons cinq étoiles où meurtriers, violeurs et tortionnaires passent leur merveilleuse existence dans les meilleures conditions matérielles soient éliminées. Cela fait sans doute aussi partie de l’accord avec le Pentagone, puisque même Sebastián Piñera, changer grand-chose, a pris des mesures dans ce domaine.
Ainsi, dans l’exercice de ses nouvelles responsabilités, Bachelet est absolument silencieuse face aux violations brutales des droits humains des monarchies arabes alliées aux USA, elle n’a aucune opinion sur les attaques israéliennes contre le peuple palestinien ou sur les violations systématiques des droits humains de la population sahraouie commises par le Maroc au Sahara occidental illégalement occupé, elle ne se fait pas l’écho des catastrophes humanitaires que provoque la guerre saoudite contre le Yémen, elle ne sait pas non non plus rendu compte que des militants sociaux, des défenseurs des droits humains et des membres démobilisés des FARC sont assassinés chaque jour en Colombie. Elle a gardé un silence total sur les crimes du gouvernement du Honduras. Elle ne s’est pas rendu compte que chaque mois, la police usaméricaine tue des citoyens noirs pour cette seule raison, elle n’a non plus pas mentionné la répression brutale et l’extermination des migrants aux USA, et elle a condamné du bout des lèvres la détention illégale de Lula.
Elle sait que la simple évocation d’une de ces violations flagrantes des droits de l’homme lui ferait perdre sa position, c’est pourquoi elle préfère l’assurer en acceptant de remettre le rapport concocté à Washington sur le Venezuela.
Il est curieux de constater que, contrairement aux trois autres présidents de son alliance politique qui l’ont précédée, ceux qui ont cédé le pouvoir à un autre membre de cette coalition, Bachelet a passé à deux reprises le commandement au pinochétisme incarné par Sebastián Piñera et que dans les deux cas, les USA lui ont obtenu une place dans une organisation internationale pour lui garantir une issue de secours économiquement rentable. On pourrait se demander en toute innocence : pour qui travaille-t-elle ?
Elle a fait sa part et, avec le Venezuela, elle a fait plus que le nécessaire, avec le même élan, le même dévouement et les mêmes efforts avec lesquels elle a participé à la fondation du Groupe de Lima, créant une fois encore les conditions pour justifier une intervention militaire au Venezuela. Elle doit savoir que si cela se produit, elle devra être accusée de crime de guerre, complice du génocide qui va suivre.
Je veux le répéter, je ne suis pas intéressé par le rapport de Bachelet, il n’a aucune validité, puisqu’il a été préparé avant sa visite dans le pays, et selon ceux qui l’ont lu, il n’incorporait aucune des données fournies par l’État vénézuélien, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un procès sans droit à une défense.
Il ne s’agit pas du rapport, même si tout ce qui y est dit était vrai, le problème est de savoir si cet organisme dispose d’une réelle autonomie et impartialité pour le faire et si la personne qui le dirige a l’autorité éthique et morale de le diriger. Évidemment que non. C’est dans cette mesure que le rapport qu’elle a présenté est sans valeur. L’empreinte de sa vie politique invalide le rapport.
Elle a agi comme ce qu’elle est, une personne sans opinion qui travaille en faveur de celui qui la paie, elle n’a jamais eu ses propres critères pour quoi que ce soit, loin de toute éthique ou engagement envers l’humanité. Même lorsque son fils, fonctionnaire à La Moneda [palais présidentiel chilien, NdT] sous son mandat présidentiel, a mené des activités frauduleuses sur lesquelles le système judiciaire enquête, elle a dit qu’elle ne savait rien. Elle ne sait jamais rien, les autres savent pour elle, les autres pensent pour elle.
Chers lecteurs, vous croyez qu’avec un tel bagage, une personne peut faire un rapport impartial et objectif sur quelque chose, sur n’importe quoi, pas seulement sur les droits de l’homme ? Impossible, le caractère méprisable des actions qu’elle a menées tout au long de sa vie politique la dépeint et la dénude.
Je me souviens qu’à Vienne, en 2006, dans le cadre du Sommet Union européenne-Amérique latine, le Président Chavez l’a rencontrée pour la première fois, lorsqu’on lui a demandé s’il y avait des instructions pour le gouvernement après la réunion, le Commandant a seulement dit : « Elle est la fille de mon cher général Bachelet ». C’est tout ce qu’elle est. Rien de plus.
Traduit de l’espagnol par Tlaxcala
Source : Le Blog de Sergio Rodriguez Gelfenstein