Le président Donald Trump et ses sbires menacent de déclencher de nouvelles guerres. Le célèbre cinéaste Oliver Stone signe avec Dan Kovalik, professeur de droit international, une tribune pour appeler à la reconstruction d’un mouvement pour la paix. Alors que de nombreux citoyens sombrent dans la pauvreté, que les infrastructures se délabrent et que le déficit se creuse malgré une conjoncture favorable, les dépenses militaires augmentent et l’armée US apparaît comme l’un des pires contributeurs au réchauffement climatique. « Un mouvement pour la paix est nécessaire, c’est même une question de vie ou de mort« , expliquent Oliver Stone et Dan Kovalic. (IGA)
L’ancien président Jimmy Carter a récemment fait une déclaration profonde et accablante : les États-Unis sont « la nation la plus belliqueuse de l’histoire du monde » . Carter a comparé les États-Unis à la Chine, soulignant que la Chine construit des trains à grande vitesse pour son peuple tandis que les États-Unis investissent toutes leurs ressources dans la destruction massive. Où sont les trains à grande vitesse aux États-Unis? s’est demandé Carter à juste titre.
Comme s’il voulait prouver l’affirmation de Carter, le vice-président Mike Pence a déclaré aux élèves de l’académie militaire de West Point : « C’est une quasi-certitude que vous allez vous battre sur un champ de bataille pour l’Amérique à un moment de votre vie.. . . Vous dirigerez des soldats au combat. Ça arrivera. » Faisant clairement référence au Venezuela, Pence a poursuivi : « Certains d’entre vous pourraient même être appelés à servir dans cet hémisphère. » En d’autres termes, Pence a déclaré que la guerre était inévitable, c’était une certitude pour ce pays.
De plus, il a récemment été rapporté que le Pentagone se préparait à la guerre à la fois contre la Russie et la Chine. Cela arrive au moment même où Trump et ses sbires menacent ouvertement d’attaquer l’Iran et le Venezuela, allant jusqu’à doubler la guerre d’Afghanistan déjà vieille de près de 20 ans, tout en soutenant et en encourageant l’Arabie saoudite dans sa guerre génocidaire contre le Yémen. On pourrait penser, et même espérer qu’il y aurait une levée massive de boucliers contre ce qui apparait comme la menace imminente d’une nouvelle guerre.
Et pourtant, cette menace n’a rencontré qu’un silence quasi total. En effet, dans la mesure où les médias mainstream ont réagi aux menaces belliqueuses de Trump, ils ont plutôt affiché leur déception. Le président n’irait pas assez vite vers une agression militaire. Un article du New York Times du 11 mai illustre la tendance, « Trump a déclaré qu’il apprivoiserait les États voyous. Maintenant, ils le défient ». Cet article pousse essentiellement Trump à utiliser la force militaire contre la Corée du Nord, l’Iran et le Venezuela.
Ce que le Times et d’autres médias ne reconnaissent pas, c’est que ce sont les États-Unis qui sont l’État voyou à tous points de vue. Et cette vérité n’est pas oubliée par les citoyens du monde qui, dans deux sondages mondiaux, ont classé les États-Unis comme la plus grande menace à la paix mondiale.
Entre-temps, on n’évoque plus les promesses désespérément nécessaires de remettre en état les infrastructures de ce pays; des villages de tentes abritant des SDF se dressent dans presque toutes les grandes villes US; près de la moitié des Étasuniens ne peuvent s’offrir les produits de première nécessité; et les soins de base sont toujours hors de portées pour des millions de citoyens.
Le mammouth dans la pièce que tout le monde refuse de voir, c’est l’insatiable complexe militaro-industriel. Il détourne des ressources précieuses de ces causes et les consacre à la destruction d’autres nations. Pendant ce temps, la machine de guerre US est sans doute le plus grand contributeur mondial au réchauffement climatique. Comme pour illustrer la menace environnementale qu’elle représente, l’armée US vient d’ouvrir une piste d’atterrissage dans l’archipel des Galapagos.
Alors que la campagne présidentielle de 2020 commence, il est déconcertant de constater que rien de tout cela ne fait l’objet de débats. La seule candidate qui est prête à aborder ce sujet – la vétérane militaire Tulsi Gabbard – est calomniée et ridiculisée. Les gens ne se rendent-ils pas compte qu’il n’y aura pas de « Green New Deal », ou de « Medicare for All », ou d’autres louables programmes sociaux tant que nous continuerons sur notre chemin sans fin de la guerre ? En effet, les États-Unis viennent d’entrer dans l’histoire cette année en connaissant une augmentation historiquement élevée du déficit malgré une conjoncture économique favorable. Et la raison à cela, c’est que nous sommes maintenant engagés dans des dépenses déficitaires pour la guerre au lieu de répondre aux besoins humains.
En fin de compte, la plus grande chose que nous puissions faire, tant pour nous-mêmes que pour le reste du monde, c’est d’empêcher les États-Unis de déclencher leur prochaine guerre, tout en exigeant de mettre fin aux conflits déjà en cours. Nous devons exiger que notre gouvernement cesse de consacrer des ressources à la guerre et à la destruction et qu’il les consacre plutôt à la construction, à la satisfaction des besoins humains et à la protection de notre environnement. Cela nécessitera la reconstruction aux États-Unis du mouvement pour la paix, mouvement qui a contribué à arrêter la guerre du Vietnam et la guerre US contre l’Amérique centrale, mouvement qui a également mobilisé un nombre record de personnes contre l’invasion de l’Irak en 2003. Un tel mouvement pour la paix est plus que jamais nécessaire aujourd’hui, et c’est littéralement une question de vie ou de mort.
Source originale: Boston Globe
Traduit de l’anglais par Investig’Action