Plusieurs centaines de « sans papiers », exilés et migrants ont occupé ce 12 juillet dans l’après-midi le Panthéon à Paris, monument célèbre qui abrite les restes des plus grandes figures qui ont fait l’histoire de la République française.
La police aurait bloqué la sortie des manifestants, procédant à des inculpations et à des arrestations. Après la sortie, un groupe pacifique est resté à l’extérieur du Panthéon.
Ce que l’on appelle les Gilets Noirs seraient en fait un groupe de collectifs, dont La Chapelle Debout et Droits Devant. Ces collectifs exigent des permis de séjour, un logement décent, du travail, la justice sociale contre la répression, le racisme et l’exploitation.
Leur communiqué montre qu’ils sont là non seulement pour les « papiers« , mais aussi pour lutter contre le système qui crée les « sans papiers ».
Leur objectif aujourd’hui est de rencontrer le Premier ministre français Edouard Philippe, à qui ils ont adressé une lettre.
Au cours de l’année écoulée, la loi sur l’asile et l’immigration a aggravé les conditions de vie des réfugiés et des exilés, augmentant les conditions de détention dans les différents centres, facilitant les rapatriements avant même le traitement complet des demandes d’asile.
En particulier, selon la lettre, les mauvaises conditions de vie et le traitement brutal infligé par la police dans les centres de détention de Marseille et Toulouse ont conduit plusieurs personnes au suicide.
La dénonciation de l’absurdité des centres de détention est complétée par celle de la présence de 200.000 logements vacants dans la capitale parisienne.
Dans la même lettre, les manifestants pointent du doigt le gouvernement français : « Vous vous êtes défini comme le rempart qui nous protège de l’extrême droite et du racisme, mais vous êtes le seul groupe organisé et armé qui chasse les immigrés dans les rues, dans la jungle de Calais ou dans les montagnes, qui les arrête en masse et les enferme, […] qui arrache les tentes chaque matin et détruit les effets personnels, les documents des migrants […]« .
Cet événement s’inscrit dans le sillage d’autres événements dans des lieux à fort caractère symbolique pour leurs revendications : la Défense, le centre d’affaires parisien, la Direction Générale du Travail. Ils ont également occupé le terminal d’Air France à l’aéroport Charles de Gaulle, d’où ils sont renvoyés dans leur pays.
Étaient présents Eric Coquerel, Esther Benbassa, respectivement député de La France Insoumise et sénateur d’Europe Ecologie – Les Verts, qui ont soutenu ces revendications le jour même où la ville de Paris a récompensé Carola Rackete et Pia Klemp pour leur lutte
Les Gilets noirs ne veulent pas que leur lutte soit récupérée par la politique traditionnelle et ils affirment la valeur historique et symbolique de la place qu’ils occupent, le Panthéon.
Il y a des personnalités enterrées comme Tillion, qui a aidé les « sans papiers », Césaire, qui a combattu le colonialisme, Zola, qui a combattu le racisme et l’antisémitisme, Cassin, rédacteur en chef de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 proclamant la libre circulation et l’installation des personnes, Jaurès défendant les exploités et les opprimés, Hugo donnant la parole aux misérables, et Schoelcher plaidant pour l’abolition définitive de l’esclavage en France en 1848.
Le site de « Droits Devant » dit : « Pour honorer la vie de ces combattants de la liberté, il ne suffit pas d’organiser des funérailles pompeuses ou de réciter des discours vibrants : respecter les personnages du Panthéon signifie concrétiser par des actes ce qui était leur pensée et leur engagement.
« Liberté, Égalité, Fraternité » ? Dans le communiqué du collectif « La Chapelle Debout » ils écrivent :
« C’est la devise de la France pour les étrangers : humiliation, exploitation, déportation. »