Entretien avec Ernst Zürcher, le 07 juillet 2019, à l’occasion d’une journée artistique en forêt des Arbailles, dans le cadre du mouvement Back To The Trees.

Dans cette première partie, M. Zürcher aborde la relation entre les Arbres, les Hommes et le Cosmos.

Monsieur Ernst Zürcher, ingénieur forestier PFFZ, professeur en Sciences du Bois, est l’auteur du livre « Les Arbres, entre visible et invisible » (Actes Sud).

Crédits Photo / Vidéo : Xavier Foreau

Transcription de l’Entretien :

Pressenza : Quelle est la relation entre les hommes, les arbres et les étoiles ?

Ernst Zurcher : La connexion de l’homme avec l’arbre et avec le cosmos c’est à peu près la même réponse puisque vous avez des arbres dont on découvre maintenant la dimension cosmique qui sont en tant qu’être vivant, pulsations constantes.

Tout ce qu’est ce qui vit pulse, c’est une règle pour le vivant.

Et ces pulsations, c’était à la fois des pulsations conditionnées par les conditions immédiates de température, de nutriments, etc., mais c’est aussi conditionné par des facteurs cosmiques, comme naturellement l’énergie solaire, mais aussi cette énergie modulée dans les rythmes lunaires et maintenant on vient de comprendre vraiment ce que les anciens savaient déjà.

C’est que la modulation lunaire est vraiment présente dans le monde vivant, autant animal, végétal et humain naturellement.

Donc ces êtres pulsants que sont les arbres, ils nous concernent puisqu’ils ont donc ces pulsations solaires et lunaires à la fois. Et juste un endroit où l’on peut se le remarquer, qu’on pulse aussi, pas seulement en fonction du soleil entre le jour et la nuit, mais la qualité du sommeil et la manière de dormir, n’est pas conditionnée par le soleil mais par la lune.

Il y a une rythmicité lunaire dans la physiologie du sommeil : la rapidité de l’endormissement, la durée du sommeil, la qualité subjective du sommeil.

On peut demander à quelqu’un le matin : est-ce que tu as bien dormi ou mal dormi ? On sait toujours répondre.

Ensuite, sur l’activité rapide des yeux pendant le sommeil et paupières fermées, on peut mesurer cette activité.

Tout ça varie en fonction des phases lunaires. Même le niveau des fréquences électromagnétiques du cerveau, et surtout le niveau de mélatonine qui peut varier du simple au double, et ce qui est intéressant c’est que l’on a la moitié de mélatonine en période de pleine lune, rapport à la période de nouvelle lune.

Donc, il ne faut pas s’étonner si l’on a l’impression de mal dormir, ne de pas dormir de manière très profonde en période de pleine lune, c’est parce que la physiologie est axée, est modulée par ces rythmes.

Pressenza : Comment peut-on concevoir que les arbres soient en connexion avec des planètes ?

Ernst Zurcher : Ça c’est vraiment un sujet à émerveillement. Comment est-ce possible ?

Ce qu’on peut d’abord comprendre, c’est que les planètes, on connaît à peine les planètes.

On connait notre satellite lunaire, ça c’est bon. Mais on connaît un petit peu Venus, et ensuite demander à quelqu’un où est Mars en ce moment, est ce que tu peux montrer Jupiter, ou où se trouvent Saturne ? Là, il faut déjà avoir quelques connaissances en astronomie.

Je trouve que ça manque dans les écoles, d’avoir ces connaissances de base.

Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est que le soleil n’est pas une source d’énergie, centre de notre système.

Le soleil a une pulsation, pulsation rythmique de 11 ans environ : c’est l’activité solaire.

C’est comme des éruptions volcaniques de nature solaire qui augmentent et diminuent dans une rythmicité de 11 ans.

La découverte, c’était que cette activité solaire, cette périodicité de 11 ans de l’activité solaire est dictée par les périodes et par la trajectoire de Jupiter par exemple.

La plus lourde de nos planètes dicte, parce que Jupiter a une période de 11 ans, et bien l’activité solaire est en relation avec les ordres de Jupiter.

Donc là, on se rend compte brusquement que Jupiter est très loin, et pour le Soleil pas beaucoup de masse, mais il a une influence tout à fait claire, dans ces expressions de vie du soleil, si l’on peut nommer ainsi la pulsation du soleil.

Et maintenant sur Terre, on a le monde des arbres qui fabrique donc des cernes manuels en fonction de la force solaire. Et bien, la largeur des cernes est régulée par cette force solaire, donc on retrouve Jupiter dans les cernes des arbres.

On retrouve Jupiter dans les anciennes quantités de vendanges chez les vignerons, et dans les anciennes récoltes de céréales, avant que ce soit influencé par des engrais de synthèse, par des pesticides, et par des systèmes qui faussent ces rythmes naturels.

Mais les anciennes statistiques de production agricole montraient une fréquence d’activité solaire, donc de Jupiter.

Et maintenant si l’on peut aller plus loin, on a même découvert que les bourgeons du chêne par exemple, du hêtre, du merisier, sont sans arrêt en train de pulser très très lentement dans leurs formes, plus pointu, un peu plus grossier, aussi un peu plus pointu, un peu plus large…

L’homme qui a eu cette intuition, une intuition géniale, c’est un écossais, Lawrence Edwards, et il a photographié des milliers de fois successives des bourgeons des différents arbres.

Ensuite, il a agrandi ses photos, analysé la forme, avec un facteur de forme particulier, et s’est rendu compte que ces bourgeons pulsaient effectivement régulièrement avec une période de 15 jours.

Ensuite, il s’est rendu compte que certains arbres pulsent avec leurs bourgeons en phase avec la lune, c’est donc cette période de 15 jours, mais aligné avec le soleil, ça c’est le merisier.

Et sa surprise c’était de constater que ce n’est pas toujours lorsque la Lune est alignée avec le soleil ou en opposition, c’est lorsque la Lune est alignée avec une certaine planète ou en opposition.

Et pour le chêne s’était par exemple la planète Mars, ce qui nous ramène aux alchimistes et à leurs connexions cosmiques, tout à fait étonnantes.

Et c’est intéressant parce que cette notion de pulsations des bourgeons, on vient de la découvrir pour les arbres en tant que tel : le tronc des arbres pulse régulièrement. Il suffit de diminuer un peu les influences solaires en mettant les arbres sous obscurité, c’était des études italiennes, qu’on a pu reprendre avec ses collègues italiens.

On a pu publier dans Nature en 1998, que les arbres pulsent dans leur tronc quelques centièmes de mm, c’était des petits arbres.

Lorsqu’on les met dans une obscurité constante, lorsqu’on efface l’effet du soleil, il y a une rythmicité fondamentale qui refait son apparition et ses pulsations ont une période de 25 heures au lieu de 24 heures, la période des marées lunaires.

Donc vous avez des arbres qui pulsent, vous avez chaque bourgeon des arbres qui pulsent et cette pulsation c’est rien d’autre qu’un essai, c’est s’attacher à l’arbre, ou essayer de se détacher de l’arbre.

Au printemps qu’est ce qui se passe : c’est le détachement final et c’est l’éclosion, et c’est la sortie de la tige et de chaque bourgeon.

Les bourgeons ne sortent pas n’importe quand. Ils s’ouvrent en fonction de ces pulsations qui ont lieu pendant tout l’hiver.

Les arbres deviennent extrêmement vivants.

 

Un grand merci à Patricia et José sans qui l’entretien dans cette forêt magique du Pays Basque n’aurait pu être possible.

 

Liens aux entretiens avec M. Ernst Zürcher :

1ère partie : les Arbres, les Hommes et le Cosmos
2ème partie : Les Arbres, leur Longévité et Résilience
3ème partie : Arbres Sacrés et Spiritualité vécue par les Hommes
4ème partie : Les Arbres et les Actions pour protéger le Vivant
5ème partie : Message à la jeune génération [sur les Arbres, la Forêt, et « Qui nous sommes vraiment »]

 

Liens vers quelques-uns des contributeurs de la journée :

Revue HAU : http://hau.eklablog.com/
Angeli Primitivi : https://angeliprimitivi.weebly.com/
Arbrassons, sculpture sonore à caresses sur bois : https://joselepiez.wixsite.com/pulsar/emotional
Donatien Garnier, poésie contemporaine : http://arbre-integral.net/
Back To The Trees : http://www.backtothetrees.net/fr/