Nous reproduisons ici la troisième interview réalisée suite à la projection du film de Flore Vasseur « Meeting Snowden » au cinéma Utopia, pour les 10 ans de Pressenza.

Korbak est membre d’Aquilenet, une association qui propose de défendre la culture d’un Internet local et respectueux du principe des communs, du partage, ouvert et neutre.

Jean-Marc DUNET : Nous venons de voir le film « Meeting Snowden » ; dans ce film il y a beaucoup de choses : liberté d’information, lanceurs d’alertes et démocratie. Ce qui est expliqué, c’est que la démocratie est en danger. Toi, tu participes dans une association, Aquilenet, quelle est ton approche par rapport à ces questions ?

KORBAK : J’ai plusieurs approches. Une approche sur le fait que le fonctionnement de la démocratie en France me pose un énorme problème, parce que je n’appelle pas ça du tout une démocratie. On est dans un pays où on élit un représentant qui ensuite désigne plus ou moins toutes les instances qui peuvent permettre de contrôler son pouvoir, et à partir de là on n’est plus du tout consulté. Cela c’est mon opinion « politique » sur l’état de la démocratie en France.

Après je considère que pour faire de la démocratie il faut avoir accès aux savoirs, de manière générale, au sens large du mot savoir, et donc je considère qu’il faut libérer l’information autant que possible. Donc pour moi internet c’est la meilleure invention qui ait jamais existée, puisqu’elle permet de faire ce genre de choses, et c’est pour cela que je suis engagé dans une association, Aquilenet, qui est un fournisseur d’accès internet associatif, et qui nous permet de protéger un peu ce petit internet auquel on tient particulièrement, et d’essayer de le faire fonctionner à une échelle humaine, par des humains, sans intérêt privé, sans volonté mercantile, ou un quelconque objectif de contrôle, et pour moi c’est un outil démocratique très important.

Jean-Marc DUNET : Je te pose une question toute simple : moi parfois je suis devant internet, je regarde, je reçois pleins de choses, plein de choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord, même des choses qui me dégouttent, qu’est ce que je peux faire, quelle peut être mon action sur internet en tant que citoyen ?

KORBAK : Alors tout dépend si tu es face à un contenu qui te choque pour des raisons de croyances personnelles.

Jean-Marc DUNET : De manière globale, quand je vois la circulation de toutes ces informations, avec beaucoup de violence, beaucoup de mépris, des choses qui ne vont pas dans le bon sens, qui ne vont pas dans le sens d’une société plus humaine.

KORBAK : Il y a plusieurs choses que tu peux faire. Déjà tu peux provoquer le débat. Sur internet c’est toujours compliqué de provoquer vraiment le débat.

Jean-Marc DUNET : Peut-être trouver simplement un petit groupe de personnes ?

KORBAK : c’est un avantage qu’on peut avoir. On peut mettre en contact des gens qui, je n’ai pas envie de dire qui sont d’accord entre eux, parce qu’il ne faut pas s’enfermer avec des gens qui sont parfaitement d’accord, mais en tous cas on peut éviter d’être mêlé à des groupes dont on ne veut pas entendre parler, assez facilement.

Après il faut faire attention à l’enfermement dans sa propre bulle, qui est un vrai problème avec les plateformes telles que Facebook, ou avec une tendance moins forte Twitter, ou Youtube, où le fait de recevoir la même information en continue qui nous satisfait mais qui n’est pas forcément vraie, cela peut être un problème. Donc cela peut être bien d’avoir un internet qui n’est pas trop quadrillé, avec des espaces de communication qui échangent entre eux, qui permettent d’avoir un débat sain, qui n’est pas juste des gens dans une pièce qui sont d’accord entre eux.

Nous remercions Korbak pour sa participation au débat et à cette interview.

 

Plus d’information sur les événements Pressenza 10 ans à Bordeaux :

1/ [10 ans Pressenza – Bordeaux] Expo photo et projection débat

2/ Interview :  « Nous sommes dans une phase de rigidification, les ferments de changement cherchent à s’exprimer », François Pellegrini

3/ Accès du citoyen à l’information : interview de Patrick Maupin, de Greenpeace

4/ Interview : Korbak, d’Aquilenet : internet, un outil démocratique