Cette intervention publique a été enregistrée le 24 mars 2019, à l’occasion du Festival France Amérique Latine(*) qui s’est tenu au cinéma Jean-Eustache de Pessac (33).
Photo / Vidéo : Xavier Foreau
Juan Branco : Il y a quand même un truc qui est extraordinaire, c’est que, on n’a pas voulu le voir à l’époque, mais si Emmanuel Macron a annulé tous ses vœux. Vous voyez, le Président de la République fait des vœux à l’Ensemble des Corps Constitués et un peu au-delà de chaque année, il avait vingt-cinq cérémonies de prévu. Il les a toutes annulées sauf celle de l’Armée en janvier, si bien qu’en fait, il savait bien que son régime vacillait, et je dis, son régime, de façon volontaire, et qu’il n’y avait plus fondamentalement que deux vecteurs qui permettaient de s’alimenter son assise politique : c’était la police et l’armée. et qu’à partir de là, la police, ok, il avait répondu à leur demande en décembre, en augmentant, enfin en versant une prime, et en versant les primes qui étaient dues depuis des années etc., il leur restait l’Armée à convaincre, qu’elle ne devait pas être désolidarisée, dans l’éventualité d’un engagement.
A l’époque, on disait ça, on était vu comme des hurluberlus complètement délirants, etc. Deux mois plus tard, en effet l’Armée avait été engagée, non pas pour se confronter directement aux manifestants, presque, mais pour suppléer aux forces de l’ordre policières, qui étaient en train de se désolidariser parce qu’elles étaient en train de s’effondrer, en termes, tout simplement, de capacité d’engagement.
Et donc on est dans une situation qui aujourd’hui confirme les présages qui depuis des mois commencent à s’annoncer, c’est-à-dire d’un régime qui ne répond à la crise politique que par une verticale autoritaire, une assise répressive, et cette assise répressive qui peut sembler virtuelle à la plupart d’entre nous, surtout s’il n’y a ici pas beaucoup de personnes qui s’engagent dans les manifestations, je sais pas, c’est peut-être l’inverse, je ne sais pas dans quelle, en tout cas, pour ceux qui ne se manifestent pas, qui ne vont pas les samedi, qui ne vont pas voir la réalité du régime… parce que dès le moment où vous essayez d’exprimer une opinion politique qui diverge radicalement de sa position, ben, vous vous retrouvez à risquer de perdre un œil, une main, voire toutes les mains, ou juste simplement d’être maltraité, frappé, de vous prendre les gaz lacrymogènes, qui peuvent être dangereux si vous êtes asthmatiques etc. Eh bien, justement, face à cette réalité répressive, eh bien, il y a la question de la possibilité de mobiliser au-delà l’armée, c’est-à-dire, un moment de la faire tirer à balles réelles pour défendre, l’une dirait, l’Assemblée Nationale, empêcher de manifester devant elle, diraient les opposants, et moi, je pense qu’à ce niveau-là, on a la chance, l’impression que j’ai par rapport à ce que j’ai vu, entrevu au sein de l’espace du Petit-Paris, c’est qu’on a des généraux très républicains, des hauts-gradés très républicains qui ne supporteraient pas l’idée de se mêler de politique, qui ne supporteraient pas l’idée d’être mobilisés pour des raisons politiques au sein du territoire national, et qui donc, un moment, prôneraient le désengagement des forces armées par rapport à la population un moment et prendraient quelque part une forme de désobéissance, c’est-à-dire un refus de tirer, etc.
C’est mon histoire, et en tout cas, c’est ce qu’il faut qu’on recherche, de façon à ce que, si en effet, la situation se dégrade, et le simple fait que l’on ait à se poser la question, dit quand même quelque chose de la situation dans laquelle on est, on ne se retrouve pas avec la mauvaise surprise de voir un pouvoir militaire qui en effet, prendrait la défense d’un gouvernement contre sa population.
Merci à Marguerite pour sa transcription
Voir aussi :
Liste des articles et vidéos de l’intervention publique de Juan Branco le 24 mars 2019 :
Interview de Juan Branco : Gilets Jaunes et élections européennes
Juan Branco : Violences politiques & Gilets Jaunes
Juan Branco : La France dans un système aristocratique prérévolutionnaire
Juan Branco : RIC Outil de Résistance
Juan Branco : Gilets Jaunes & Armée
Juan Branco : Gilets Jaunes & Extrémisme
Références
(*) Festival France Amérique Latine (*) : Comité Bordeaux – Gironde