Nous avons interviewé Jobana Moya et Andrea Carabantes, coordinatrices du Réseau Migration, Réfugiés et Genre qui participe au IVème Forum Humaniste Latino-américain, les 10, 11 et 12 mai à Santiago du Chili, forum sur le thème « Construire des Convergences », dans différents lieux du quartier Yungay.
Pressenza : Nous voulons savoir comment le réseau auquel vous participez fonctionne, quelles questions vous avez abordées et quelle trajectoire vous avez suivie.
Jobana Moya et Andrea Carabantes : Ce réseau est né en 2014 avec la création du Front des femmes immigrantes et réfugiées à São Paulo, au Brésil. Ce front a été créé pour répondre à un fort besoin d’articuler les collectifs et les organisations qui travaillaient sur cette question dans la ville.
Depuis le Forum social mondial sur les migrations de São Paulo en 2016, dont Warmis – Convergence des cultures a été l’organisateur, nous percevons l’urgence de nous structurer au niveau latino américain, de renforcer le réseau et de resserrer les liens.
En 2018, dans la perspective du IVe Forum Humaniste Latino-américain, notre collectif a décidé de faire partie de l’organisation et de travailler avec le Brésil et le Chili. A São Paulo, nous avons organisé un pré-forum avec des organisations locales, dont nous avons apporté le résultat au Chili, et nous avons fait connaître cet événement aux organisations et institutions qui travaillent sur ce thème dans les différents pays du continent. A Santiago, nous avons participé activement à l’organisation du forum et nous nous associons aux organisations locales de migrants pour instaurer la journée de lutte contre le racisme, une discrimination qui est étroitement liée aux migrations.
Pressenza : Que signifie pour vous ce Forum et cette rencontre à Santiago ?
JM et AC : C’est l’opportunité de rencontrer différents points de vue sur le thème de la migration, des réfugiés et du genre. Nous voulons converger dans la diversité, connaître les différentes visions possibles et trouver le point de convergence à partir duquel nous nous renforcerons à l’avenir de manière importante.
Le Chili est actuellement très intéressant parce qu’il a accueilli un grand nombre de migrants et de réfugiés, en provenance principalement des conflits de la région, ce qui a généré un besoin d’organisation de la part des migrants. Il y a, proportionnellement, beaucoup plus d’organisations ici à Santiago qu’à Sao Paulo. Le racisme et la xénophobie se sont révélés, mais la solidarité aussi.
Nous espérons qu’il y aura un échange très riche. Le Brésil est un pays intrinsèquement de migrants, du moins c’est ainsi qu’il est reconnu, et le Chili, au contraire, est un pays qui a reçu, comparativement aux autres pays de la région, très peu de migrations. Cela a changé récemment et fait que les échanges d’expériences peuvent se faire de façon très productive grâce aux confrontations des regards nouveaux et des regards expérimentés sur ce sujet.
Pressenza : Comment voyez-vous le futur et comment envisagez-vous de continuer à travailler à l’avenir ?
JM et AC : Nous voulons promouvoir et structurer le Réseau latino-américain et caribéen sur le genre et la migration, afin de renforcer les liens et de lancer des actions simultanées pour freiner les régressions des politiques migratoires actuelles dans la région. Nous nous concentrerons sur la lutte contre la xénophobie et la discrimination croissantes et, en particulier, sur le changement de regard sur les migrations. Nous voulons influencer pour un changement de perspective, dans laquelle les politiques publiques et la société se positionnent à partir du droit à la migration.
Pressenza : Comment abordez-vous le dialogue entre ce réseau et les 23 autres réseaux participant à ce forum ?
JM et AC : La migration, en soi, est un phénomène qui inclut tous les autres car il s’agit d’êtres humains qui, lorsqu’ils migrent, voient tous leurs droits bafoués, donc, nous convergeons toujours sur la santé, le logement, la politique, le féminisme, l’environnement, etc. Et dans cet événement, nous espérons créer des espaces de rencontre entre les réseaux pour connaître les différentes positions et points de vue, et pour nous rencontrer sur les aspects communs à partir desquels nous pouvons avancer ensemble.
Traduit de l’espagnol par la rédaction francophone