La communauté internationale doit soutenir les efforts réels des organisations qui œuvrent véritablement en faveur de la paix et de la réconciliation, car c’est le seul moyen de changer le paysage politique israélo-palestinien.
Suite aux élections, Netanyahou est maintenant en train de conclure des accords avec d’autres groupes d’extrême droite et ultra-religieux pour former son cinquième gouvernement, après l’échec de son plus proche adversaire Benny Gantz qui, en se présentant comme une alliance des idéologies du centre et de gauche malgré son passé plus orienté à droite, a pu détourner les votes de la vrai gauche plus pro-palestinienne, et un boycott partiel des élections par les arabes israéliens.
Il y a un consensus général sur le fait que « la prochaine coalition israélienne sera l’un des parlements les plus pro-annexion de l’histoire de l’État ». (Magazine 972). Et avec toute l’aide de son ami Donald Trump qui a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem et approuvé l’annexion de facto du plateau du Golan (on a peu parlé dans les médias du pétrole qui y a été découvert) Netanyahou consolide le réseau des leaders anti-humanistes (Trump, Bolosnaro, Duterte, Orban, etc) en renforçant les politiques de peur / paranoïa, discrimination, anti-immigration, et répression violente.
De nouvelles annexions de colonies en Cisjordanie, comme promis durant la campagne, risquent de renforcer la condamnation internationale et le renforcement du BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) si exécré par la droite juive (Ce n’est pas vraiment du « sionisme », qui se réfère au projet des Juifs d’avoir un refuge pour se protéger des massacres et ensuite de l’Holocauste, soutenu à la fois par la droite et la gauche aussi bien que par des non Juifs, et qui est devenu une terme lié aux théories du complot et aux pires tropes de l’histoire de l’anti-sémitisme. Une bonne discussion à ce sujet se trouve sur la BBC : « Quelle est la différence entre l’antisémitisme et l’antisionisme ? » Malheureusement, elle conclut qu’il semble difficile de parvenir à un accord sur la relation entre les deux termes.)
Cette élection est désastreuse pour ceux qui vivent dans le pseudo-État palestinien, non seulement parce qu’elle consacre le déni du droit d’avoir son propre pays, mais aussi parce qu’elle donne plus de pouvoir à ses éléments les plus extrémistes, comme le Hamas et le Djihad islamique. Ils refuseront probablement de reconnaître que leurs missiles ont alimenté encore plus la peur qui pousse les Israéliens à voter pour Natanyahou, le marchand de peurs en chef, mais cette lutte permanente entre les factions les plus violentes des deux camps étouffe les voix des partis modérés et non-violents. C’est aussi désastreux pour les Arabes israéliens car cela consolide leur statut de citoyens de seconde classe à travers les lois de « l’État juif ».
DIANA BUTTU, avocate palestinienne interviewée par Democracy Now !, commentait : « Pour ce qui est de la réaction à l’égard du résultat que nous avons vu, c’était, du moins pour les Palestiniens, une élection au cours de laquelle vous aviez le choix entre Trump et Trump. Les positions du Likoud et de Benny Gantz étaient pratiquement indifférenciables, surtout lorsqu’il s’agissait des Palestiniens. Ils se sont vantés d’avoir battu les Palestiniens, puis ont pris leurs électeurs au piège. Il n’est donc pas du tout surprenant que nous voyions ce résultat, étant donné que nous avions vraiment deux candidats qui se reflétaient l’un l’autre lorsque l’élection approchait. En ce qui concerne le taux de participation, un certain nombre de facteurs ont contribué à la faible participation des électeurs palestiniens. L’un d’entre eux est le fait qu’un certain nombre de personnes ont choisi de boycotter pour des raisons idéologiques. Et puis d’autres parce qu’il y avait un certain degré d’intimidation des électeurs et que les gens croyaient aussi que leurs députés, membres de la Knesset, n’étaient pas en mesure de tenir leurs promesses. »
C’est également une mauvaise chose pour Israël. L’analyste politique Alon Ben-Meir considère que « L’élection oblitérera le visage d’Israël tel que nous le connaissons »… « Contrairement à tout gouvernement israélien de droite précédent, la formation d’un nouveau gouvernement sous Netanyahou pourrait bien être la plus décisive et conséquente pour Israël comme nous le connaissons. Ce n’est rien de moins qu’un tournant dans l’histoire d’Israël, car ses dirigeants réactionnaires, zélés, messianiques et d’extrême droite choisissent plus de territoire plutôt que la sécurité et la prospérité futures d’Israël, renonçant à sa démocratie et brisant le rêve séculaire des Juifs d’établir un foyer indépendant, libre et sûr et vivant en paix. C’est un choix qui conduit Israël sur le chemin de l’abîme. »
Outre le soutien financier, politique et pratique aux projets de paix et de réconciliation dans la région et ailleurs (nous en avons mentionné quelques-uns dans un article précédent), il est urgent de parvenir à un embargo contraignant et applicable sur les armes (le Royaume-Uni et les États-Unis vendent des armes à Israël, les États-Unis arment aussi le Hamas via le Qatar, l’Iran le fait aussi avec le Djihad islamique).
Traduit de l’anglais par la rédaction francophone