Vu le contexte qui vit le Venezuela en ce moment, Pressenza francophone publie l’interview réalisée avec le consul vénézuélien à Barcelone en mai 2018, suite aux élections présidentielles vénézuéliennes. Cette interview apporte des éléments pour la compréhension de ce qui se passe en ce moment.
Par Daniel Cruz
A propos des élections de dimanche dernier [N.d.T. 20 mayo 2018] : « Il n’y a pas de possibilité de fraude. Au cours des 16 années et des 24 élections où le système de vote électronique a été utilisé, il n’y a pas eu une seule fois où la vérification ait donné lieu à une seule erreur ».
Depuis près de 18 ans, c’est-à-dire depuis la victoire du Chavisme, l’actualité politique vénézuélienne est suivie de très près en Espagne et dans la plupart des pays qui sont dans l’orbite des États-Unis. Dimanche dernier, le 20 mai, des élections présidentielles et régionales ont eu lieu dans le pays des Caraïbes et, malgré le fait que l’abstention, ou la fraude électorale, ait été la principale manchette de nombreux médias, il ne faut pas oublier que 46 % de la participation est un chiffre similaire à celui des autres démocraties matures et même supérieur à celui des dernières élections européennes (42,6 % en moyenne) et qu’à ce jour il n’y a aucune preuve de manipulation.
Ricardo Capella Mateo (Nirgua, Venezuela, 1954) est, depuis octobre 2014, Consul général du Venezuela à Barcelone, ce qui équivaut au rang d’Ambassadeur, il est personnellement nommé par le Président Maduro. Rodé à la politique municipale, élu deux fois maire de Nirgua sa ville natale, à l’époque pré-Chávez, ce qui dérange le plus cet ingénieur en mécanique d’origine catalane, ce sont « les accusations d’absence de démocratie », car il considère que « le socialisme ne se conçoit pas sans démocratie ». Il prétend faire de la politique « par conviction » et que, bien qu’il soit sur le point de prendre sa retraite, « il prendra part à la politique jusqu’à la fin de ses jours ».
Entouré de cartons contenant les votes des 53.000 Vénézuéliens appelés à voter dans la zone où il est Consul (Baléares, Valence, Aragon et Catalogne), et qui doivent être gardés pendant 45 jours, Ricardo Capella nous reçoit dans son bureau, au troisième étage du bâtiment central où est installé le Consulat général du Venezuela à Barcelone (Bd. Urquinaona, 6).
(Photo : René Gómez)
Daniel Cruz : Tout d’abord, félicitations pour la victoire électorale. En tant que Consul général, vous avez supervisé afin que cette journée soit vécue dans la plus grande régularité ; peut-on dire que ce fut une journée électorale calme ?
Ricardo Capella : Oui, nous sommes très contents de cette journée. En dépit de toute la campagne médiatique menée contre elle, près de 50% de la population s’est rendue aux urnes, ce qui est tout à fait normal pour les élections présidentielles et législatives (régionales). Ceux qui sont allés voter, je les appelle les braves, parce qu’ils sont venus et on les a traités de traîtres. A Vigo, Bilbao et Tenerife, il y a eu quelques incidents de ce type.
Là aussi, il y a eu une manifestation d’environ 200 personnes sur l’avenue Mistral, dont 7 ou 8 sont restées devant le consulat, non pas dans l’intention de voter, mais en attendant que le vote prenne fin et être les témoins du dépouillement. Et comme nous avons dû laisser le bureau de vote sous la surveillance de la garde centrale toute la nuit et que le décompte des voix a été effectué le lendemain, nous avons été accusés d’avoir manipulé le déroulement du scrutin après l’avoir même examiné devant trois journalistes des médias qui ont soutenu les opposants et leur ont remis les procès-verbaux officiels du décompte électoral. Pour notre part tout était transparent.
Vous avez été maire de Nirgua pour la première fois en 1996 pour le parti de la Cause radicale, un parti minoritaire qui s’est battu pour se frayer un chemin dans le système bipartite et ne comptait à cette époque que six mairies. Au cours de ces 22 années, les rôles ont changé et les partis conservateurs sont maintenant minoritaires. Si vous vous remettez dans la situation où vous étiez à l’époque, confronté au pouvoir, comprenez-vous les critiques formulées par les partis d’opposition actuels accusant les élections de fraude électorale ?
Je comprends le fond de la question, mais il y a quelque chose qui a changé et qui est de la plus haute importance. En 1996, sous la constitution de l’époque, il n’y avait que la division classique des pouvoirs selon Montesquieu, c’est-à-dire les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ; dans la Constitution que promouvait le chavisme, deux nouveaux pouvoirs furent introduits, le pouvoir électoral et le pouvoir moral. Avec ces deux pouvoirs, nous nous assurons qu’il y ait une garantie démocratique dans tous les processus, et que ce ne soit plus le président qui organise les élections, mais l’autre pouvoir indépendant. De plus, nous avons fait l’objet de 20 vérifications pour rendre le processus transparent, et tous les partis d’opposition étaient également présents.
Si vous ne le saviez pas, au Venezuela, le vote est électronique, c’est-à-dire que vous vous rendez dans l’isoloir et choisissez le candidat pour lequel vous votez, à partir de là sort un reçu que vous introduisez dans l’urne. Pour vérifier le bon fonctionnement du système, l’audit consiste en un test croisé entre l’enregistrement électronique d’une sélection aléatoire de la moitié des machines de vote et le nombre de bulletins placés dans l’urne correspondante, qui doit donner le même nombre dans les deux cas. Nous effectuons ce processus devant tous ceux qui veulent être présents, les partis et les électeurs. Qui plus est, hier même, le président Maduro a demandé que cela soit fait dans 100 % des bureaux de vote pour plus de transparence. Il n’y a pas de possibilité de fraude. Au cours des 16 années et des 24 élections où ce système a été utilisé, il n’y a pas eu une seule fois où la vérification a donné une seule différence de vote.
Bien que nous recevions beaucoup d’informations sur le Venezuela, il est difficile de distinguer les vraies nouvelles de celles qui sont manipulées et malveillantes : quels médias recommanderiez-vous à un Européen qui veut vraiment savoir ce qui se passe au Venezuela ?
C’est l’une des questions les plus difficiles qu’on m’ait posées lors d’une entrevue. Vous avez raison, c’est très compliqué. Je ne saurais dire quel média. Je préconise l’utilisation d’un mélange de plusieurs. D’autre part, je peux citer RT (télévision publique russe) ou Telesur, qui font un bon travail et ne sont pas facilement influençables. Bien sûr, je peux aussi vous parler de la télévision vénézuélienne, mais là, on vous parle du pays des merveilles, ce qui n’est pas vrai non plus, et bien que je reconnaisse qu’il y a des choses qui ne sont pas bien faites, ce n’est pas pour ça que je vais encourager un président à prendre des raccourcis. Nous encourageons à ce qu’il y ait une vraie liberté et à expliquer les choses aussi fidèlement que possible à la réalité. Je ne dis pas que tout ce qui se passe au Venezuela est entièrement de leur faute, à cent pour cent, mais on ne peut nier qu’ils contribuent grandement à changer la perception que les gens ont de la réalité. Une chose est qu’il y ait de l’insécurité et une autre que vous perceviez qu’il y a de l’insécurité.
Par exemple, je trouve très drôle quand votre compatriote Albert Rivera – souvenez-vous, le prochain président du gouvernement espagnol – arrive à l’aéroport de Caracas et dit à des dizaines de médias qu’il n’y a aucune liberté d’expression. On ne peut qu’en rire. Si j’arrivais dans un autre pays et commençais à critiquer le fait que les droits fondamentaux ne sont pas respectés, je serais expulsé du pays, à juste titre.
Les médias construisent un imaginaire collectif, et parmi ceux qui n’ont pas eu l’expérience directe des faits et confiance en la véracité de la source, la capacité d’influence est très élevée. Avec cette prémisse, beaucoup de gens qui consomment des médias de masse pourraient penser que le seul pays d’Amérique latine qui a des problèmes de sécurité, d’approvisionnement ou de transparence démocratique est le Venezuela. Pourquoi les médias ne dénoncent-ils pas également le pouvoir des narcotrafiquants en Colombie ou le nombre inquiétant de meurtres au Mexique, par exemple ?
C’est encore pire. Tout tourne autour d’une nouvelle tendance mondiale à légitimer les politiciens les plus impopulaires. Par exemple, Temer est le président du Brésil [N.d.T. en mai 2018], mais personne n’a voté pour lui ; Macri est le président dont le pourcentage d’acceptation est le plus bas des 100 dernières années en Argentine ; Lénine [N.d.T. président équatorien] a trahi ses propres électeurs, a sauté la barrière, comme on dit au Venezuela. C’est le problème de la démocratie représentative. Pour cette raison, notre Constitution consacre la démocratie participative, où les hommes politiques ne sont pas des représentants mais des porte-parole ; dans mon cas, par exemple, lorsque j’étais député au Congrès, j’ai passé quatre jours dans l’assemblée de la région où j’avais été élu, j’ai aimé plus ou moins ce qui faisait l’objet du débat, et je suis revenu au Congrès pour défendre ce qui avait été décidé là-bas.
Photos diaporama : René Gómez
Quel rôle les médias ont-ils joué dans la grande émigration que subit le Venezuela ?
Il a été fondamental, extraordinairement influent. Les médias ont forcé la migration, ils ont mis le rêve européen dans la tête des Vénézuéliens. Beaucoup de ceux qui quittent le Venezuela et arrivent en Espagne ont généralement une expérience similaire : dès qu’ils mettent les pieds sur le sol européen, toutes les portes leur sont ouvertes, ils demandent l’asile politique et pendant les 6 mois nécessaires pour accomplir les formalités ils sont aidés par un versement et pour obtenir les documents. A partir de là, pratiquement aucun Vénézuélien n’obtient le statut de réfugié. Après ce délai, ils ont deux semaines pour quitter le pays. C’est ça l’émigration du Venezuela.
Ensuite, nous nous trouvons avec une autre option, c’est que les plus préparés, ceux qui ont pu profiter de l’éducation gratuite – y compris la maîtrise – qui existe pour tout le monde au Venezuela, sont embauchés à une catégorie bien inférieure et mal payés dans les pays où ils émigrent, comme les États-Unis ou l’Espagne. Nous pouvons dire que ces pays créent les conditions pour que les gens aient besoin d’émigrer pour ensuite profiter des talents qui ont été formés dans le système éducatif public vénézuélien.
Alimentée ou non par les médias, nous ne pouvons nier que vous vivez une situation critique : la faim existe-t-elle au Venezuela ? Le tissu social sous forme de CLAP (Centres Locaux d’approvisionnement et de Production) est-il suffisant pour couvrir la fuite des entreprises et les besoins du pays tout entier ?
Nous sommes en guerre, nous ne sommes pas en crise, et en guerre, il faut prendre des décisions fondées sur la subsistance. Il y a de la nourriture, mais la façon dont la nourriture est distribuée a changé. Si le président constate que la nourriture ne parvient pas aux gens parce qu’il y a un boycott qui bloque l’arrivée des ingrédients les plus fondamentaux, il faut créer des alternatives. Il est vrai qu’en ce moment, il n’y a pas tout ce que nous aimerions dans les supermarchés, mais cela ne signifie pas que la faim sévit, mais que le modèle de ravitaillement a changé. En ce moment, et à cause du blocus, nous commençons à produire ce qui est nécessaire dans chaque commune. Quand autrefois nous devions importer et consommer des semences transgéniques, nous produisons maintenant nous-mêmes des haricots, des pommes de terre ou du riz. Nous récupérons aussi la production de nos propres terres, car pendant des années, à cause de la transculture, on a importé de nombreux fruits qui n’étaient pas typiques du Venezuela, comme les pommes ou les poires, et nous avons été forcés d’acheter une grande quantité de produits à l’extérieur, et maintenant nous récupérons la production autochtone qui avait cessé d’être produite. C’est pour quoi à quelque chose malheur est bon.
En fait, cela vient de loin. Lorsque je travaillais dans les champs en 1979, le Venezuela devait importer environ 10 mois par an le maïs qu’il consommait, et les deux autres mois du maïs récolté sur place. Au jour d’aujourd’hui, tout le maïs est une production nationale. Oui, c’est plus cher que de l’importer, mais nous n’allons pas tomber dans le piège néolibéral d’acheter là où c’est le moins cher, car à long terme, on perd sa souveraineté.
Cela fait un an et demi que les États-Unis d’Amérique ont bloqué les comptes en dollars destinés au Venezuela et retiennent environ 3 milliards de dollars. Comment ce blocus affecte-t-il la vie quotidienne ?
En tout. Fondamentalement, cela implique que le peu que nous avons, nous l’utilisons seulement en priorité. Nous ne voulons pas d’aide humanitaire. Nous avons trois raffineries aux États-Unis et nous voulons simplement rapatrier l’argent que le gouvernement impérialiste américain nous a retenu. Ils veulent nous forcer à accepter l’aide humanitaire au lieu de nous donner l’argent qui nous appartient et avec lequel nous pourrions acheter des médicaments. Nous ne pouvons même pas distribuer de passeports parce que nous ne pouvons pas acheter le matériel nécessaire à leur élaboration.
Pendant longtemps, au Venezuela, on nous a fait croire qu’avec le pétrole, on peut tout acheter sans avoir à fabriquer quoi que ce soit, et il est évident que cette dépendance nous fait beaucoup de tort ; c’est pourquoi nous créons, pour la première fois, des usines et non des chaînes de montage.
Dans ce contexte, il ne semble pas fou de penser que la société vénézuélienne voudrait changer : comment comprendre que malgré les sanctions économiques sévères, et leurs conséquences, le Chavisme continue à faire valider les victoires électorales ?
Dans la question se trouve la réponse. En 1989, il y avait déjà une crise pétrolière majeure, au cours de laquelle les gens mouraient de faim. Cependant, à cette époque, les supermarchés étaient pleins. Pourquoi ? Parce que la moitié de la population était invisible. À l’époque, il y avait 9 millions d’électeurs contre 20 aujourd’hui. Un budget a été planifié sur la base du fait qu’une partie de la société laisse de côté l’autre, la laissant sans salubrité et sans nourriture de base. Aujourd’hui, constitutionnellement, la santé est gratuite pour tous et tous les hommes de plus de 60 ans et toutes les femmes de plus de 55 ans ont une pension ; 44 universités publiques ont été créées où quelque 3 millions d’étudiants étudient… On comprend que nous sommes meilleurs qu’il y a 30 ans, non ?
Le vénézuélien est très politisé et sait parfaitement qui est responsable de la situation qu’il vit.
Comment faire face à cette nouvelle étape après la dernière victoire électorale ?
Nous avons un plan, appelé Plan pour la Patrie, qui vise essentiellement à s’attaquer au problème monétaire, à rétablir la chaîne alimentaire et être en capacité d’acheter des médicaments. Voilà la priorité.
Changeons de sujet, puisque vous êtes consul à Barcelone depuis octobre 2014, et que vous êtes le fils d’un exilé catalan, comment vivez-vous le processus politique de la Catalogne ?
Contrairement à de nombreux politiciens espagnols, y compris certains qui croient encore que le Venezuela est sous la tutelle de l’empire espagnol, en tant que diplomate, je ne veux pas m’ingérer dans les affaires politiques des autres pays.
En effet, comme vous l’avez bien dit, mon père était de Lleida, activiste et militant du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) Au début de la guerre civile espagnole, il dut s’exiler en France, où il fut condamné lors d’un procès à Montauban et envoyé dans un camp de concentration à Arles. Là il y a eu un accord que beaucoup ont eu intérêt à oublier. La France a envoyé tous les prisonniers politiques dans un camp de concentration à Dahau, en Allemagne. Heureusement, mon père a pu en sortir grâce au fait qu’il était médecin capitaine. Bien qu’il ait dû l’exercer pendant les 5 années suivantes, il a réussi, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à fuir en douceur au Venezuela. Sans aucun doute, son histoire m’a beaucoup marqué.
Sans aller au-delà d’une première estimation, considérez-vous qu’il y a des prisonniers politiques en Espagne ?
Je ne veux pas me mêler de la politique intérieure d’un autre pays, tout comme je ne veux pas que des politiciens d’autres pays se mêlent de la mienne. En tant que diplomate, je ne peux pas évaluer, je dis seulement qu’au Venezuela il n’y aurait personne en prison à cause de ce qui s’est passé en Catalogne [N.d.T. Organisation des élections indépendantistes en Catalogne], parce que si c’était le cas, dès le premier jour, le président de l’Assemblée nationale du Venezuela serait en prison car la première chose qu’il a dite dès qu’il est arrivé au pouvoir était : « dans 6 mois nous allons renverser le président Maduro ». Qu’est-ce que c’est que ça ? rébellion ? Sédition ? Pour avoir dit cela personne n’est allé en prison. De plus, depuis 2015, tout ce qu’il a fait, c’est de voir comment il peut renverser l’homme mûr, au lieu de légiférer, ce qui est sa fonction. D’un autre côté, il y a ici quelques garçons qui ont dit et fait beaucoup moins, et ils sont en prison, mais pas ceux du Venezuela. Je ne peux pas donner mon opinion, je dis juste ce qui se passe dans mon pays dans les faits.
Et au Venezuela ?
Si vous regardez la différence entre les prisonniers politiques et les politiciens emprisonnés, vous devriez faire la distinction entre la personne qui est en prison pour des idées politiques et la personne qui est en prison pour des actes qui sont punissables et sa profession est celle de politicien, et cela ne fait pas de lui un prisonnier politique. Dans le cas du Venezuela, il n’y a personne qui soit en prison sans procès et qui soit condamné pour un délit. En outre, je pense que de nombreux hommes politiques emprisonnés ont bénéficié du système judiciaire vénézuélien parce que si un simple prisonnier provoque une révolte qui fait 43 morts, comme dans le cas de Leopoldo López, vous n’êtes pas condamné à 13 ans comme lui, mais à un maximum de 30. Et on ne le transfère pas dans une prison moderne avec tout le confort non plus. Bien que ce soit une mauvaise condamnation, je la respecte. Pour autant que je puisse dire, il n’y a pas de prisonniers politiques au Venezuela.
Le Chavisme met toujours la démocratie participative au premier plan et, récemment, Podemos a lancé une consultation dans le cadre de laquelle il exhorte la base à décider si les dirigeants des partis peuvent rester à l’avant-garde après avoir obtenu un prêt hypothécaire de 600 000 euros, est-ce cela, la démocratie participative ?
Non, je ne crois pas. Nous entendons par démocratie représentative l’autonomisation de personnes éduquées, autonomes, et non par ce type de consultation.
Dix-huit ans après la révolution, et compte tenu des puissants intérêts économiques qui s’y opposent, êtes-vous optimiste quant à ce que l’avenir vous réserve ?
Bien sûr, très. Personne n’a dit que ce serait facile parce que nous sommes conscients de l’ampleur de notre entreprise : démanteler le système capitaliste libéral et bourgeois qui fonctionne depuis 200 ans et retrouver le bonheur du peuple. Comme l’a dit Gramsci, « une couche sociale ne peut être démantelée sans qu’une autre ne se développe ». J’espère qu’il n’y aura bientôt plus de différence entre un supermarché à Miami ou à Barcelone et un supermarché au Venezuela, mais je ne peux pas fixer de date limite parce qu’il y a des gens qui mettent des bâtons dans les roues. Mais bientôt. Je suis optimiste.
Si tout se passe comme prévu, votre mandat de Consul se termine à la fin de l’année, avez-vous l’intention de rester à Barcelone ?
Non, non. Non, non. Toute ma famille, sauf ma femme, est là. Je suis un homme de la campagne et là, j’ai des animaux et de la terre. Mon foyer est au Venezuela.
Traduction de l’espagnol, Ginette Baudelet