Le Venezuela est au centre de la scène mais cadré sur un seul angle, celui de l’Empire. En réalité, il y a un « coup d’État institutionnel » dans le pays, organisé par les Etats-Unis à travers l’extrême-droite. Une nouvelle sorte de coup d’Etat basé sur une dangereuse simulation avec la complicité de ce qu’on appelle la « communauté internationale. » Dans la version des médias, il y a d’un côté un « dictateur communiste » qui ne peut diriger un pays parce que c’est un ancien chauffeur de bus, qui fait mourir de faim sa population et l’opprime quand elle demande la « liberté » et de l’autre, un jeune inconnu dynamique qui a décidé de se proclamer président et de chasser « l’usurpateur » une fois pour toutes.
Le premier a pour nom Nicolás Maduro, le second est un certain Juan Guaidó. Pour soutenir le premier, le président actuel, élu le 20 mai 2018 avec plus de 6 000 000 de voix, il y a une multitude de chemises rouges, de femmes, de jeunes des quartiers, de travailleurs, d’indigènes et d’afro-descendants. Les secteurs de la classe moyenne, tellement différents et composés sous l’œil des caméras, qui se consacrent au coup d’Etat et à la déstabilisation, vont écouter les proclamations du second, un militant du parti d’extrême-droite Volonté Populaire, actuel président du Parlement dans l’illégalité. Les conflits politiques, ils les résolvent en brûlant vifs leurs adversaires. C’est arrivé pendant les protestations violentes de 2017 et à nouveau maintenant mais les grands médias continuent à attribuer ces morts au Chavisme.
Aucun dirigeant de l’opposition n’a élu président cet inconnu de 35 ans puisque la partie la plus extrême de la droite avait décidé de saboter les dernières élections pour ouvrir la voie aux plans de Washington. Et en fait, pour la première fois dans l’histoire du Venezuela, c’est Donald Trump qui a décidé que le pays devait avoir un « président par interim » nommé directement par la Maison Blanche. Immédiatement, ses vassaux lui ont fait écho : le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, les pays néolibéraux d’Amérique Latine et même l’Europe hypocrite qui a lancé un ultimatum à Maduro: s’il n’organise pas des élections « démocratiques » très rapidement, Guaidó sera reconnu en tant que président.
Une situation grotesque qui viole les principes les plus basiques de l’indépendance d’un pays souverain et la légalité internationale, qui n’est basée sur aucune clause de la Constitution, qui ignore les institutions intérieures et la volonté des électeurs et exige une invasion militaire par un pays étranger.
Tout cela s’appelle « démocratie » ? Evidemment oui, étant donné la longue soumission des Gouvernements européens aux diktats de la Troïka et du Fonds Monétaire International. Evidemment oui pour les Gouvernements latino-américains de droite, nostalgiques du temps où le continent était considéré comme « l’arrière-cour des Etats-Unis. »
L’imposition d’une nouvelle « Doctrine Monroe » par les Etats-Unis est certainement à la base des stratégies de déstabilisation qu’ils appliquent au Venezuela bolivarien. Un pays qui regorge de ressources stratégiques, de pétrole, d’or, de coltan et d’autres minéraux mais aussi riche en eau. Mettre la main sur ce p pays signifierait, entre autres choses, que les Etats-Unis possèdent les immenses réserves de pétrole disponibles tout près, ce qui raccourcit le temps de transport par rapport à celui qui est nécessaire pour amener le pétrole du Moyen Orient aux Etats-Unis.
Cela signifierait aussi une meilleure confrontation avec les projets chinois pour la nouvelle Route de la Soie. De plus, le Venezuela a été gouverné pendant 20 ans par une « démocratie participative et agissante » dans laquelle ce n’est plus seulement une oligarchie restreinte soumise aux grandes transnationales qui jouit de ces richesses mais le peuple.
Un pays qui, en quelques années, a accordé aux secteurs traditionnellement exclus des droits et des avantages, ce qui indique qu’il a pris une voie différente de celle du capitalisme. Un exemple dangereux qui doit être détruit par tous les moyens : en infectant et en multipliant les vieilles blessures grâce à l’utilisation de systèmes modernes de tueurs à gages économiques pour faire « crier l’économie » comme l’ont fait le professeur Friedman et ses Chicago Boys sur ordre de la CIA avec Allende au Chili.
Le coup d’Etat de 1973 au Chili est une référence très présente au Venezuela. Le pilier essentiel de la révolution bolivarienne, en fait, est l’union civique et militaire : les Forces Armées entraînées par l’exemple des « libérateurs » et le « socialisme humaniste, » prêtes à donner leur vie pour défendre « la paix avec la justice sociale » et non à la vendre au plus offrant.
Et c’est le premier écueil que doit affronter l’impérialisme pour imposer son « Gouvernement de transition » sur le modèle syrien ou libyen au pays de Bolivar. Le second obstacle est le soutien du peuple dont jouit le chavisme malgré le coût élevé imposé par la guerre économique et même malgré les limites d’une « expérimentation » postérieure au XX° siècle destinée à tracer un nouveau chemin dans des eaux infestées de requins.
Le troisième obstacle aux appétits de Trump, c’est la position du Venezuela dans les relations internationales. Suite à la politique de relations Sud-Sud mise en place par Chávez, le Gouvernement bolivarien a privilégié ses relations avec le Russie, la Chine, l’Iran et maintenant la Turquie. Quand il assumait la présidence tournante du Mouvement des pays Non-alignés (MNOAL, la plus grande organisation après l’ONU), il a mis la diplomatie de paix au centre de cette organisation et il veut faire la même chose à l’OPEP, dont il assume actuellement la présidence.
Jusqu’à présent, ces obstacles ont empêché que triomphe la stratégie du « chaos contrôlé, » un des buts poursuivis par l’impérialisme aussi ben grâce à la guerre économique que grâce aux sanctions et à l’isolement international comme la création d’une soi-disant « crise humanitaire » des migrants sur les frontières. Des arguments grâce auxquels ils essaient d’impliquer les pays voisins en transformant le Venezuela bolivarien en menace pour la sécurité de ces pays, évidemment alliés de Washington. Une stratégie qui, avec le retournement de l’Equateur de Lenin Moreno, a frappé férocement les alliances de l’ALBA créées par Fidel Castro et Hugo Chávez.
Le Venezuela est un laboratoire pour les guerres de quatrième et de cinquième génération qui utilisent les grands médias comme acteurs des conflits armés. Comme dans les agressions antérieures (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie), des prétextes sont construits et diffusés pour augmenter encore plus le niveau de conflit. Dans ce cas, avec l’imposition d’institutions internationales totalement artificielles comme le Groupe de Lima, il y a une augmentation supplémentaire du seuil et de la politique du fait accompli. Ce qui aujourd’hui concerne Venezuela, demain peut concerner n’importe quel autre pays, même ceux qui aujourd’hui soutiennent les politiques du complexe militaire et industriel. Parce que l’impérialisme ne reconnaît aucun drapeau.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos. Révision Gabriela Pereira
Source en espagnol :
http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/01/26/venezuela-el-golpe-de-estado-y-el-ungido-del-senor/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/01/venezuela-le-coup-d-etat-et-l-oint-du-seigneur.html