Contrairement aux propos du président Al-Sissi, les véhicules blindés transférés par la France ont bel et bien été utilisés dans le cadre de la répression en Égypte
Amnesty International fait suite aux déclarations du président de la République Emmanuel Macron et du président Al-Sissi faites lors de leur conférence de presse conjointe le 28 janvier 2019 au Caire. Au cours de cette dernière, le président Al-Sissi a nié toute utilisation de véhicules blindés français ou d’une autre origine pour réprimer les manifestations depuis 2011.
Amnesty International réitère vivement les conclusions de son rapport intitulé « Égypte : des armes françaises au cœur de la répression », qui vont à l’encontre de cette affirmation. S’appuyant sur une analyse de plus de vingt heures de vidéo disponibles dans le domaine public, de plusieurs centaines de photos et de 450 gigaoctets de supports visuels supplémentaires provenant de groupes locaux de défense des droits humains et des médias, ce rapport atteste clairement du déploiement de véhicules Sherpa et MIDS, fournis par la France, lors de certaines des opérations les plus sanglantes de la répression interne en Égypte, entre 2012 et janvier 2015.
Une partie des véhicules transférés par la France a en effet été détournée au profit des forces du ministère de l’Intérieur égyptien qui les ont utilisés pour disperser et réprimer des manifestations. Malgré ce détournement et l’utilisation de matériel français, ainsi que de véhicules Humvee d’origine américaine, lors du massacre de la place Rabaa qui a fait près de 1 000 morts, la France a continué ses exportations de véhicules blindés sans tenir compte de ses engagements européens, impliquant de ne pas fournir d’équipement pouvant servir à une répression interne.
« Aucun des auteurs responsables des violations graves des droits humains commis ces dernières années n’a jamais été poursuivi tandis que la France est devenu le fournisseur principal en armements de l’Egypte », a déclaré Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer Armes à Amnesty International France. Face à l’opacité française des exportations d’armements et de leur motivation, il est temps que les parlementaires français se donnent les moyens d’exercer un véritable contrôle de l’action du gouvernement. »
Amnesty International prend par ailleurs acte des déclarations du président Emmanuel Macron, déclarant que « l’utilisation des blindés doit être exclusivement militaire », et non utilisées pour réprimer toute protestation populaire.
Vidéo réalisée par Amnesty International France : Des véhicules blindés et des munitions fournis par la France sont au cœur de la répression sanglante des manifestations en 2013.