Vendredi 21/12 au soir, la jeunesse hongroise, par ailleurs plutôt résignée et politiquement fatiguée, s’est rassemblée pacifiquement devant le parlement hongrois pour protester contre la nouvelle loi sur les heures supplémentaires, la « loi sur les esclaves », on appelle aussi Voir aussi sur Pressenza ).
Après la signature de la loi par le président hongrois János Áder, tous les partis d’opposition de gauche à droite ont spontanément appelé hier à une grande manifestation sous le slogan « Honte à vous, János« .
A 20 heures, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant le Parlement dans une foule multicolore, qui a fait tout sauf donner une impression de résignation avec la musique, les tambours et les banderoles créatives. Il était déjà clair pour tout le monde qu’ils avaient une fois de plus perdu contre l’élite politique détachée et arrogante du parti au pouvoir, le FIDESZ. Ce 21/12, on a eu l’impression que l’opposition venait tout juste de s’échauffer et qu’elle avait déclaré une lutte nonviolente au gouvernement antidémocratique, avec beaucoup d’enthousiasme et de vigueur, et bénéficiant du soutien des jeunes. Reste à savoir si le mouvement de protestation aura une force de résistance suffisante. Mais peut-être pourrait-elle tirer un peu d’élan de la vague de protestations qui est arrivée dans plusieurs pays européens (voir aussi : L’Europe va t-elle protester bientôt ?)
La « loi sur les esclaves » permet aux entreprises hongroises d’obliger leurs employés à faire 400 heures supplémentaires par an et de retarder le paiement jusqu’à 3 ans. Cela équivaut à une introduction rampante de la semaine de six jours et constitue un bon exemple de la proximité du capitalisme prédateur et des gouvernements nationalistes. En d’autres termes, le néolibéralisme s’appuie de plus en plus sur le populisme et le néofascisme de droite pour faire valoir ses intérêts, comme on peut aussi l’observer en dehors d’Europe avec notamment le gouvernement Macri en Argentine et Bolsonaro au Brésil.
Depuis le parlement, les manifestants se sont rendus dans le quartier du château et se sont rassemblés devant la résidence officielle du président hongrois. Les lettres et chiffre « O1G » ont été projetés surdimensionnés sur la résidence et le bâtiment du Parlement.
Le regard public de Simicska sur son ancien compagnon « Orbán egy geci », est exprimé dans la traduction allemande plutôt d’une manière faible : « Orban ist ein Dreckskerl » (Orban est un sac à merde). Ainsi, ces caractères Hashtag O1G sont devenus un symbole d’opposition et de protestation, ils sont omniprésents.
Reportage photo de Reto Thumiger: