L’ONG de sauvetage en mer SOS Méditerranée a célébré l’ouverture de son antenne lyonnaise ce vendredi 16 novembre à la Maison pour Tous, Salle des Rancy. Témoignages poignants, reportage incisif, pièce de théâtre mêlant humour et réalité tragique suivi d’un pot solidaire… Les membres de l’ONG et ses partenaires ont su faire passer un message d’espoir et réveiller la mobilisation citoyenne.
Salle comble pour la soirée d’ouverture
C’est avec émotion que les membres fondateurs et les bénévoles de l’Aquarius ont pu témoigner de leur expérience en Méditerranée, devant plus de 150 personnes venues pour l’occasion. Il s’agissait lors de cette soirée d’ouverture de renseigner les citoyens sur les actions menées par l’ONG et d’évoquer les difficultés auxquelles elle est confrontée à l’heure actuelle, suite à la suppression de ses pavillons le 4 octobre dernier. Cet événement fut également l’occasion de recruter de nombreux bénévoles pour la nouvelle antenne, dont les missions porteront principalement sur des actions de sensibilisation jeune public et de la recherche de fonds.
A l’heure de l’indifférence générale et du rejet identitaire croissant en Europe, cette mobilisation massive de la population lyonnaise fut source d’espoir et prometteuse quant au prolongement et au développement des actions de l’ONG humanitaire.
Une situation critique pour l’Aquarius, victime du barbarisme des états européens
Amarré au port de Marseille depuis plusieurs semaines, l’Aquarius ne peut plus poursuivre sa mission salvatrice et palier l’inertie des gouvernements européens au sujet de la crise migratoire en Méditerranée. Le navire s’est vu refusé l’accès aux ports italiens suite à la volonté du gouvernement de Matteo Salvini de ne plus accueillir les migrants, sombrant de ce fait dans un nationalisme qui ne peut qu’être qualifié que de barbare. A l’heure actuelle, le bateau ne possède plus de pavillon et ne peut repartir en mer, laissant la tragédie migratoire croître silencieusement, à l’abri des couvertures médiatiques.
Comment donc ne pas s’indigner de ce non-droit et de cette indifférence générale des états européens face aux naufragés dont la dignité est indéniablement violée ? Sophie Beau, co-fondatrice de SOS Méditerranée, a pu faire part au public de son inquiétude à ce sujet, en soulignant la violation massive du droit maritime international que constitue cette inertie politique. La directrice de l’ONG a également dénoncé les accords entre l’Union européenne et les gardes côtes libyens, qui désignent dorénavant ces derniers comme les principaux acteurs des sauvetages en mer. 200 millions d’euros fut le prix à payer pour l’Union européenne afin de se désengager de ses fonctions, notamment celles d’apporter assistance et protection aux rescapés. Quant à la situation des migrants en Lybie, elle reste honteusement connue – torture, esclavage, maltraitance, extorsion – mais l’Europe continue de financer ce trafic, bien décidée à ne pas accueillir « la misère du monde » en la renvoyant dans des lieux non sûrs. Ce qu’elle oublie, c’est qu’en agissant ainsi elle se rend complice d’un crime contre l’humanité et participe à la formation du « trou noir » méditerranéen, l’axe migratoire le plus meurtrier au monde, avec pour l’année 2018 plus de 1700 décès déjà recensés.
Boza, documentaire sur le sauvetage des migrants en Méditerranée, par Konbini