Organisé par le collectif « Accueil de Merde »(*), un rassemblement a eu lieu le 23 novembre rue Didot à Paris, face du siège de la Croix Rouge française.
Une cinquantaine de personnes étaient présentes ainsi que beaucoup de jeunes mineurs étrangers isolés venus protester contre l’accueil qui leur est réservé, notamment par la Croix Rouge française, « chargée de l’évaluation de la minorité et de l’isolement familial des personnes se déclarant mineures privées temporairement ou définitivement de la protection de leur famille » (arrêté du 17/11/16).
Avant de présenter un extrait du texte, lu par le collectif, il est bon de rappeler les principes et valeurs de la Croix Rouge française, qui dans le cas présent semble s’être éloigner de son « humanité, impartialité, neutralité et indépendance. »
Extrait du texte :
« Nous sommes devant le siège historique de la Croix Rouge française. Ce lieu fait partie des nombreux lieux inoccupés à Paris, qui pourraient accueillir tant de personnes, tant de jeunes qui dorment à la rue. Où est la logique ? Il semblerait que les gouvernants préfèrent laisser les mineurs étrangers affronter tous les dangers plutôt que de leur offrir la protection à laquelle ils ont droit.
Le 20 novembre, il y a eut une manifestation pour exiger le respect des droits des jeunes étrangers isolés en Ile de France à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant. Aujourd’hui c’est l’occasion de rappeler que des mineurs sont enfermés… c’est inacceptable !
Nous sommes solidaires de toutes ces associations qui œuvrent pour une société égalitaire. Des mineurs dorment à la rue, et rien, surtout pas les fantasmes xénophobes ne peuvent justifier çà. On est en colère ! Les jeunes mineurs étrangers isolés ont affronté de nombreux dangers, ils ont risqué leur vie en méditerranée, aux frontières françaises ils ont parfois été refoulés, poursuivis, on leur a refusé le droit d’entrée au mépris de la loi. Quand ils arrivent devant la Croix Rouge, ils pensent que le cauchemar est terminé. Il n’en est rien ! La plupart d’entre eux ne seront pas reconnus mineurs et devront affronter la rue et ses dangers, la précarité, l’indifférence.
Voici comment ça se passe. Les jeunes se présentent à un entretien devant des personnes de la Croix Rouge, qui vont décider s’ils sont mineurs ou non, qui tenteront de deviner leur âge, grâce à des éléments totalement aléatoires tels leur faciès, leur comportement, leur degré de maturité psychique, et à travers le récit de vie de ces adolescents. Comment est-il possible de donner un âge précis à un jeune qui a entre 15 et 20 ans ! Cette absurdité tourne à l’ignominie quand on sait les difficultés qui découlent pour les jeunes de cette décision. Les jeunes étrangers isolés sont en danger. La Croix Rouge française n’est pas au rendez vous d’humanité. C’est pour cela que nous sommes réunis ici aujourd’hui. Si nous ne faisons rien nous nous rendons complices des actes de cruauté exercés à l’égard de ces jeunes, ces êtres humains dont on nie l’humanité. Car chaque personne devrait avoir droit à un toit, un couvert, accès aux soins et à l’éducation.
Mesdames et messieurs de la Croix Rouge française, du Département, mesdames et messieurs du gouvernement, si vous continuez à bafouer les droits humains les plus élémentaires, sachez que vous nous trouverez toujours, imperturbables, fortes et forts, déterminés, oui, vous nous trouverez toujours sur votre chemin. Nous tendrons la main à ces personnes que vous ne savez pas accueillir. Nous construirons des abris, nous monterons des barricades, nous construirons le monde de demain, solidaire, plus vite que vous ne vous évertuez à le détruire. Nous vous traînerons devant les tribunaux, nous serons pour vous l’épine dans le pied dont on ne peut se défaire. »
(*) « Accueil de merde »
Nous sommes un groupe de riverain.e.s du nord-est de Paris, lancé.e.s dans l’aide aux réfugiés il y a deux ans, par le hasard de la proximité avec les camps qui s’y étaient installés. Nous avons progressivement pris la mesure de ce que nous jugeons être de la duplicité de la part de l’État, comme de la Mairie de Paris sur le sujet. Et nous tenons à le faire savoir, pour que l’accueil des exilé-e-s soit effectif et humain.
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Crédit photos : Brigitte Cano