Lors du IIème Forum mondial sur la violence urbaine et l’éducation pour la coexistence et la paix, qui s’est tenu à Madrid du 5 au 8 novembre, Pressenza a saisi l’occasion pour couvrir les activités menées par l’équipe internationale de militants de l’ICAN.
Aurora Bilbao, de l’IPPNW, et Hayley Ramsay-Jones, de Soka Gakkai International, ont fait un exposé conjoint sur deux questions très importantes : les conséquences humanitaires des armes nucléaires et les aspects intersectoriels de la discrimination raciale et sexuelle dans le désarmement nucléaire.
Nous voulions en savoir plus sur les aspects de genre et de race du désarmement nucléaire, alors après la présentation, nous avons rencontré Hayley pour lui poser quelques questions…
Vidéo de Álvaro Orus.
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Pressenza: Veuillez vous présenter ainsi que l’organisation avec laquelle vous travaillez.
Hayley Ramsay-Jones: Je m’appelle Hayley Ramsey-Jones et je travaille pour Soka Gakkai Internacional. Nous sommes une organisation partenaire de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires et travaillons avec elle en tant que militant.
PZ : Dans votre présentation, on a eu l’impression que, par définition, une arme nucléaire est raciste. Pouvez-vous m’en dire plus ?
HRJ : Les armes nucléaires sont problématiques parce qu’elles sont par nature génocidaires. Nous pensons à l’idée de la volonté d’un groupe de personnes, ou d’une nation, de détruire en tout ou en partie un autre groupe de personnes, ou une autre nation ; de détruire leur culture, leur mode de vie ; de détruire leur identité religieuse, ethnique et raciale. C’est la définition même du génocide et c’est xénophobe et raciste.
PZ : Vous avez également parlé de l’effet disproportionné des armes nucléaires sur les peuples autochtones…
HRJ : Des pays comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France ont largué leurs bombes, leurs déchets nucléaires et ont fait de test sur des populations non blanches en Afrique et en Asie Pacifique, ainsi que sur des terres appartenant à des populations pauvres et des populations indigènes aux Etats-Unis et en Australie. Ces pays, qui se disent « États nucléaires responsables », l’ont fait sans reconnaître ni réparer les personnes vivant à Kiribati, à Fidji, en Polynésie française et dans les Îles Marshall, où l’on constate encore des taux inexplicablement élevés de cancers, de malformations congénitales et d’espaces inhabitables.
PZ : Veuillez donner des précisions sur les effets médicaux des armes nucléaires sur les femmes et les enfants.
HRJ : La recherche initiale qui a été faite sur les impacts des armes nucléaires sur les humains n’a donc porté que sur le corps masculin de taille standard, ce qui est problématique en soi. Par la suite, des recherches ont été menées sur le corps des femmes et des enfants. Des recherches menées par Mary Olsen montrent que les femmes et les enfants en souffrent plus gravement. Si nous examinons les tissus reproducteurs des femmes, par exemple, et d’autres questions, ils ont des effets plus graves et des dommages plus graves sur leur corps, et aussi les enfants, naturellement, qui sont encore en développement, souffrent plus gravement qu’un homme qui a une taille de corps normale.
PZ : Enfin, quels efforts sont réalisés pour lutter contre cette discrimination endémique ?
HRJ : Je ne suis pas sûre qu’on en fasse assez. Je pense qu’on n’en fait certainement pas assez à l’égard des gouvernements et de certaines de nos institutions qui devraient examiner cette question, mais je pense que même nous, en tant que société civile, croyons que ceux d’entre nous qui travaillons pour la paix et le désarmement aussi avons une responsabilité dans notre travail, et il est souvent très difficile de faire cela, mais nous avons tendance à reproduire certaines structures, pratiques et comportements discriminatoires des institutions et gouvernements que nous cherchons à modifier, et je pense que c’est un processus d’apprentissage pour nous tous, mais je pense que nous pouvons examiner l’intersectionnalité et essayer d’avoir une approche plus intersectionnelle de notre travail, qui nous aide à identifier les voix qui ne sont pas entendues, et où il peut y avoir des inégalités et des abus de pouvoir dans nos propres organisations, et je pense que cela nous aidera à mieux combattre les injustices sociales en général, et les armes nucléaires restent la pire injustice.