Discours prononcé par David Andersson le vendredi 9 novembre 2018 à la National-Spanish Benevolent Society lors d’une journée de réflexion sur les migrations et en particulier sur la caravane de migrants qui est partie de Honduras depuis quelques semaines, [N.d.T. Voir article « Honduras : Pourquoi s’en vont-ils ?« ].
Permettez-moi tout d’abord de remercier la Confédération des journalistes équatoriens à New York d’avoir organisé ce forum consacré aux migrants et à la Caravane. Ce thème de la caravane est le reflet de notre société déshumanisée. Les gens fuient la violence économique, la violence physique, la violence culturelle et la violence politique – violence que nos sociétés dites « développées » ont peu contribué à résoudre et qu’elles ont dans certains cas accélérées. Depuis le début de l’année, 3114 personnes sont mortes ou ont disparu sur les routes migratoires à travers le monde, selon le ‘Projet des Migrants Disparus (PMR)’ de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Les organisations et les forces humanitaires réussissent de moins en moins à atténuer ces calamités. La capacité de ces institutions est de plus en plus réduite chaque jour par des barrières politiques ou religieuses. Le Yémen, par exemple, est confronté à une famine sans précédent. Si rien ne se passe bientôt, des millions de personnes mourront de faim.
Il ne s’agit pas de catastrophes naturelles, mais de catastrophes fabriquées et produites par l’homme. Nous avons créé ces caravanes et nous devons en assumer la responsabilité. Aujourd’hui, tout est devenu barbare, sans logique ni sens. Nous pourrions discuter ici aujourd’hui de ce qui va se passer à la frontière, en nous demandant si Trump enverra des troupes ou une centaine d’autres questions. Mais le temps et l’énergie consacrés aux ragots sur l’actualité n’est qu’un moyen d’apaiser les tensions engendrées par cette injustice.
J’espère que nous pourrons transformer le sens de cette caravane pour en faire un symbole de notre société mourante et décadente et de la nécessité de la transformer. Voir notre besoin de placer l’être humain comme une valeur centrale et une priorité. Nous devons construire la première civilisation humaine et en finir avec ce système préhistorique.
Beaucoup de gens commencent à reconnaître la nécessité de faire quelque chose, les gens voient la nécessité d’apporter certains changements. Mais comment un poisson peut-il changer l’eau de son aquarium ?
Comment transformons-nous nos valeurs personnelles et sociales et notre paysage social ? Comment changer nos croyances ? Comment pouvons-nous cesser de demander aux gens d’où ils viennent et plutôt montrer de l’intérêt pour savoir où ils vont et ce qu’ils veulent faire de leur vie.
La caravane est bien plus qu’une question d’immigration, de pauvreté, de latino ou de discrimination. C’est l’illustration d’une crise de civilisation. Cette civilisation a besoin de mourir et de donner naissance à une nouvelle civilisation centrée et faite pour le développement et le bien-être de tous les êtres humains.