Cette année, France Libertés a choisi de décerner les prix Danielle Mitterrand à deux lauréats dont l’engagement est remarquable : le peuple autochtone Krenak du Brésil et la comédienne franco-iranienne Golshifteh Farahani. Deux combats, celui d’un peuple pour la justice et celui d’une femme libre qui se répercutent et dialoguent en écho.
Le peuple Krenak exige justice
Il y a 3 ans, le peuple autochtone Krenak a été victime de la plus grande pollution minière du Brésil. Un bassin de stockage de déchets miniers, propriété de la multinationale Samarco, s’est rompu. Des quantités gigantesques de déchets toxiques ont alors dévasté la vallée du fleuve Rio Doce. La pollution massive de leurs terres a anéanti la vie quotidienne des Krenak en les privant de leurs moyens de subsistance traditionnels. Les Krenak ne peuvent plus pêcher ni boire ou se baigner dans l’eau du Rio Doce et leurs activités agricoles et économiques sont mises à mal.
La destruction de leur fleuve sacré est également une blessure spirituelle profonde pour les Krenak dont la culture est intimement liée aux eaux du Rio Doce. Trois ans plus tard, les droits des Krenak sont toujours violés, les écosystèmes sont détruits, et aucun responsable n’a été condamné.
Pour les Krenak, cette catastrophe n’en est pas une : il s’agit d’un crime, commis en toute impunité par la compagnie minière Samarco, avec la complicité des autorités brésiliennes. Le peuple est en lutte depuis 2015 pour obtenir réparation et que leurs droits soient enfin respectés. La campagne Justice for Krenak menée par le peuple Krenak et la Fondation France Libertés appelle à la solidarité internationale pour que justice soit enfin faite.
Le prix sera remis au représentant Geovani Krenak qui témoignera de la lutte de son peuple.
Le courage de Golshifteh Farahani pour la justice et les libertés
Née en 1983 à Téhéran, Golshifteh Farahani est une comédienne franco-iranienne qui compte, parmi sa filmographie, des œuvres telles que Les filles du soleil (Eva Husson, 2017), Santa &Cie (Alain Chabat, 2017), Paterson (Jim Jarmusch, 2016), Les malheurs de Sophie (Christophe Honoré, 2015), Les deux amis (Louis Garrel, 2015), ou encore Pirates des caraïbes (Joachim Ronning et Espen Sandberg, 2015).
Adolescente, elle se rase la tête, se bande les seins et s’habille comme un garçon pour pouvoir se promener librement dans les rues de Téhéran. Après le grand succès du film Mensonges d’État de Ridley Scott en 2008, elle subit six mois d’interrogatoire en Iran puis apparait tête nue et en décolleté lors de la promotion du film aux États-Unis. Elle est alors bannie de son pays par le régime des Mollahs et s’exile.
En 2013, elle joue le rôle principal féminin de My Sweet Pepper Land, film qui se déroule au Kurdistan d’Irak après la chute de Saddam Hussein. Elle interprète le rôle d’une jeune institutrice qui tente d’émanciper les enfants des montagnes par l’éducation et l’instruction face au conservatisme et au patriarcat du système tribal kurde.
Rebelle, éprise de liberté, citoyenne du monde, franche et entière, défenseure de la cause kurde et de la biodiversité, ses combats rejoignent les engagements de France Libertés et de sa fondatrice. Danielle Mitterrand affirmait avoir appris très jeune à « remettre en cause, interpeller l’incompréhensible, l’inadmissible, se rebeller contre les autorités qui se drapent dans leurs titres ou se cachent derrière leurs prérogatives ». Un enseignement précieux partagé de toute évidence avec Golshifteh Farahani.