Communiqué de presse qui présente la note éditoriale du nouveau directeur de la Fondation France Libertés sur leur site www.france-libertes.org.
Chères lectrices, chers lecteurs,
Nouveau directeur général de la fondation Danielle Mitterrand, je souhaite vous livrer ici une conviction qui m’anime et m’a poussé à prendre cette fonction. Plutôt qu’un long texte de présentation, je préfère vous proposer une vision du monde simple, pétrie par mes 3 ans d’engagement à France Libertés et 15 ans de militantisme dans les mouvements d’éducation populaire, de jeunesse et altermondialiste.
Un autre monde émerge, pluriel, solidaire, vivant ; il ne pourra exister que par nous tou.te.s, citoyennes et citoyens du monde !
Nous peinons parfois encore à le comprendre, l’intérioriser ; nous, citoyen.ne.s, avons les moyens de changer le monde. Si nous prenons pleinement conscience de ce potentiel, que nous ne déléguons plus notre pouvoir aux États ou notre confiance aux multinationales mais que nous nous unissons dans notre diversité, alors nous créerons un autre monde, loin d’être parfait, mais juste et soutenable.
Les réactions des États ultralibéraux et des multinationales dès qu’une résistance et une alternative se créent en sont la preuve : ils déploient leur arsenal judiciaire et policier. Que ce soit pour contrer la mise en place concrète de systèmes alternatifs au Rojava, au Chiapas ou à Notre-Dame-des-Landes, la solidarité dans la vallée de la Roya, à Calais ou à Lesbos, la résistance écologique contre la Montagne d’Or ou les multinationales et bien d’autres exemples encore ici et ailleurs.
C’est tout le but du monde capitaliste : nous résigner, nous limiter à un seul possible, un seul imaginaire.
Pourtant, partout sur la planète, d’autres mondes émergent, portés par les citoyens, par les peuples, forts des résistances d’hier et d’aujourd’hui. Au Rajasthan, ce sont les paysans qui réhabilitent le système des Johads et font revenir l’eau, restaurant localement le climat et permettant le retour de l’agriculture et le développement de l’économie locale. A Détroit, ce sont les populations les plus précaires qui font commun pour développer une agriculture urbaine saine et solidaire et proposent un modèle de société post-industrielle soutenable. Au Kenya, ce sont les femmes qui plantent des millions d’arbres et permettent de combattre pauvreté et changement climatique. Partout dans le monde, ce sont elles qui se lèvent et défont le patriarcat, proposent une autre relation entre les individus. En Guyane, ce sont les jeunes Amérindiens qui luttent pour l’eau et le vivant, contre la Montagne d’or que veut imposer l’État français. Au Kurdistan syrien, ce sont les différents peuples de la région qui développent ensemble une nouvelle manière de faire société, basée sur la démocratie directe, la pluralité culturelle, le féminisme, l’écologie et l’économie coopérative. En France, les mouvements sociaux convergent et se réinventent, comme nous avons pu en faire l’expérience à l’université d’été solidaire et rebelle à la fin du mois d’août. Les citoyens se mobilisent, luttent contre les grands projets inutiles, inventent, expérimentent, échangent, donnent vie.
Partout donc, des femmes et des hommes se lèvent dans le même élan, celui de faire collectivement, avec l’autre, avec la nature, dans une pluralité de mouvements, d’initiatives, de façons d’agir, dans la bienveillance ; alors, tous les jours, ils contribuent à un autre monde de justice, d’égalité, de solidarité et de paix.
Les paroles de Danielle Mitterrand n’ont jamais été autant d’actualité et nécessaires pour réaliser ce rêve: « Nouveaux résistants à l’ordre néolibéral, bâtisseurs d’un monde où chacun trouve sa part de vie, de liberté et d’action, expérimentateurs de solutions alternatives aux problèmes du temps… Qu’ils se rassemblent, s’unissent, fusionnent partout dans le monde pour mettre un terme à la dictature économique et financière, suppôt des dictateurs politiques ».
Il n’y aura pas de leaders providentiels, d’élections miracles, de despotes éclairés, à nous d’agir, et d’obliger les États à agir, pour le bien commun, le vivant.
D’autres mondes sont possibles !
Jérémie Chomette