La Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit apprécie l’accompagnement social et politique sans frontière alors que le traitement du projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse prend fin.
Nous avons réussi à ouvrir les portes du Congrès pour que nos voix et nos arguments puissent être entendus et ainsi influencer nos représentantes d’une lutte qui appartient au mouvement des femmes, lesbiennes, travesties, trans et féministes ; et ceci est sans précédent et historique. Parce que nous contestons, dans le dialogue, la manière dont nous voulons qu’on parle dans les règles et les institutions. Nous avons marqué une époque et changé la politique nationale avec notre démarche. Nous avons réussi la dépénalisation sociale de l’avortement et plus tôt que tard, nous parviendrons à la loi.
Toutefois, face au rejet d’une loi fondamentale par le Sénat national, nous tenons les autorités provinciales et municipales responsables de tout échec, de quelque nature que ce soit, qui pourrait se produire en conformité avec la loi sur l’éducation sexuelle globale et le programme de santé sexuelle et de procréation responsable. Et nous demandons instamment que chaque province qui ne l’a pas encore fait adhère aux pratiques médicales établies par le Protocole pour la prise en charge intégrale des personnes ayant droit à l’interruption légale de grossesse du Ministère national de la Santé. En même temps, nous serons vigilants et n’admettrons pas qu’un médecin exerce de la violence institutionnelle et/ou dénonce juridiquement toute femme ou personne enceinte qui a subi un avortement et qui a besoin de garantir l’accès à des soins de santé complets.
D’autre part, et bien que nous prenions soin les uns des autres, nous tenons toutes les autorités compétentes responsables de notre sécurité, puisque nous devons mentionner les attaques, le harcèlement et les menaces contre ceux d’entre nous qui portent notre écharpe verte, symbole d’autonomie et de liberté, et qui sont apparus depuis que le Congrès a approuvé un texte de loi sur l’avortement.
La Campagne est un outil de construction politique fédéral avec 13 ans de travail. Nous ne faisons pas partie d’une fissure et nous ne sommes pas le « côté vert » d’un débat qui a été conclu. Nous sommes des sujets de droits, des activistes pour un monde meilleur et nous nous sommes organisées, nous avons dialogué avec la puissance de nos arguments dans chaque espace où nous développons nos vies. Il n’y a pas de gagnants lorsque les femmes et les femmes enceintes sur notre territoire continuent de se faire avorter en se cachant. La réflexion est profonde : face à l’opportunité de changer, il a été décidé de préserver le statu quo pénal de 1921 et de maintenir une règle discriminatoire parce qu’elle ne condamne qu’une partie de la population. Cependant, les femmes et les femmes enceintes continueront d’avorter même si les fondamentalistes du fœtus ne le veulent pas. Parce que nous ne nous disciplinerons pas et n’exercerons pas notre souveraineté sur notre propre corps pour toujours.
Désormais, chaque décès et chaque prisonnière pour avortement relèvera de la responsabilité du pouvoir exécutif national et de 40 sénateurs, membres du pouvoir législatif, qui se sont abstenus ou ont voté contre notre droit à la vie, à la santé et à la reconnaissance de notre dignité. Ils ont rejeté la demande populaire d’avortement légal, sûr et gratuit dans un processus démocratique de construction législative dans lequel aucune proposition alternative au problème n’a été trouvée. Ils se soucient peu des oubliées : celles parmi nous qui nous avortons à risque, celles qui allons en prison et celles qui vivons cachés à vie. Pour elles, il n’y aura pas de pardon parce qu’elles ne sont pas des représentantes dignes d’une société qui choisit d’élargir sa citoyenneté. Mais nous sommes ici pour nous et nous savons que dans chaque action, nous avons l’appui de millions de personnes qui se sont mobilisées les 13 et 14 juin et le 8 août 2018 et qui ont fait la loi sur l’avortement dans la rue.
Nous sommes appelées à continuer à nous embrasser les uns les autres dans des mouchoirs d’amour, en Argentine, dans Notre Amérique et dans le monde. Nous appelons chaque parti politique à ne pas voter pour les candidats qui nous ont refusé ou qui ont pris position contre notre droit de décider, tout en exhortant chaque parti politique à inclure dans son programme électoral, sur la voie des élections de 2019, la loi sur l’interruption volontaire de la grossesse, car c’est la revendication d’un consensus plus large du mouvement des femmes, des lesbiennes, des travestis, des trans et des féministes qui représente la majorité de la population du pays.
Nous exigeons État laïque maintenant !
Nous allons nous rencontrer en octobre à la Rencontre nationale des femmes à Chubut pour discuter et créer d’autres stratégies. Parce que nous sommes invincibles et parce que nous sommes toujours en campagne ! Parce que maintenant nous sommes rejoints par les plus jeunes, avec lesquels nous crierons encore une fois au Congrès, dans les rues et dans les réseaux :
Education sexuelle pour décider. Contraceptifs pour ne pas avorter. Avortement légal pour ne pas mourir
Nous écrivons l’histoire. L’avortement légal, une dette de la démocratie
Campagne nationale pour le droit à un avortement légal, sûr et gratuit.
Coordinatrice de la Campagne du 28 septembre pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
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