Lors du prochain sommet de l’OTAN (11 et 12 juillet 2018 à Bruxelles), les Etats-Unis feront pression sur les Européens pour qu’ils augmentent leurs dépenses militaires. Ils insisteront pour que les Européens (et en particulier l’Allemagne) s’engagent à atteindre à mi-2020 les objectifs de dépenses de défense de 2% du PIB, dont 20% pour l’équipement.
De plus, l’OTAN devra renforcer ses capacités de réaction rapide aux frontières russes. Deux nouveaux commandements (Ulm en Allemagne et Norfolk aux États-Unis) auront pour mission de permettre un déploiement plus rapide de forces combattantes aux frontières de la Russie et d’améliorer l’acheminement des renforts américains en cas de crise.
Ces mesures risquent d’aggraver les tensions actuelles avec la Russie. Dans ce contexte, l’OTAN entend renforcer son dispositif de dissuasion dans le domaine des armes tant conventionnelles que nucléaires, ce qui annonce le déploiement rapide (2020) des bombes modernisées B61-12. Pour les Américains, la mise à disposition de cette arme aux Européens (et en particulier aux Allemands) serait un « argument de vente » pour les nouveaux avions de combat F35. Le maintien en Europe d’une force nucléaire tactique « modernisée » mise en œuvre par des avions de combat européens sur autorisation américaine répond aux souhaits de certains Américains, notamment dans l’entourage de Trump. Ils y voient un moyen d’accroître la pression militaire sur la Russie à moindre risque pour leur pays.
Mais ce serait totalement contraire aux intérêts stratégiques de l’Europe. Cette arme, inutile militairement, porterait une nouvelle atteinte à la sécurité et à la stabilité du continent européen. Elle entretiendrait l’illusion d’une « guerre nucléaire limitée » et provoquerait d’inévitables contre-mesures russes, telles que des déploiements nucléaires renforcés dans le district de Kaliningrad.
Autre objectif du sommet de l’OTAN : associer étroitement aux structures de l’OTAN les coopérations européennes de défense en cours de mise en place, ce qui réduirait à peu de chose l’ambition d’autonomie stratégique de l’Europe.
Dans la perspective de ce sommet, Emmanuel Macron a présenté une « vision française de l’avenir de OTAN », comme « une organisation unie et solidaire, modernisée, utilisant au mieux ses ressources au service de la stabilité et de la sécurité de la zone euro-atlantique, et crédible et efficace pour notre défense collective ». Il est regrettable que cette « vision », aussi vague que possible, permette au Président de la République des’abstenir de tout jugement sur les demandes américaines (à l’exception de celle des dépenses militaires à 2% du PIB, dont il annonce qu’elle sera satisfaite par la France « à l’horizon 2025 »).