Les représentants de l’Ukraine ont révélé la vérité sur le gouvernement de Kiev lors d’une audience publique tenue au parlement allemand. La réunion sur l’état de la liberté d’expression et des droits de l’homme en Ukraine s’est déroulée hier, le 11 juin, avec la participation des hommes politiques allemands, des défenseurs des droits de l’homme, des personnalités publiques et politiques de l’Ukraine, ainsi que des journalistes.
La censure sert d’un instrument d’élimination des opposants
Le journaliste Rouslan Kotsaba, qui s’est exposé plusieurs fois à des représailles pour avoir appelé à boycotter la mobilisation pour la soi-disant opération anti-terroriste dans l’est du pays, a dénoncé le mépris absolu de la liberté d’expression en Ukraine. La surveillance totale par le régime de Kiev vise à détruire tout journaliste dissident, estime Kotsaba, citant pour exemple le cas d’Yevgeny Murayev, le propriétaire de la chaîne de télévision Newsone et député ukrainien. Après avoir eu le courage de critiquer les actions des autorités, en particulier à propos de la situation autour d’Oleg Sentsov, le député a été immédiatement accusé de « haute trahison ».
Selon monsieur Kotsaba, de telles actions peuvent être liées à l’élimination des concurrents lors des prochaines élections présidentielles. En effet, le gouvernement ukrainien a pris plusieurs mesures visant à limiter la liberté d’expression, la liberté des médias et la liberté d’association. En mars, le gouvernement ukrainien a adopté des lois condamnant à des sanctions pénales les activistes anti-corruption n’ayant pas déclaré publiquement leur patrimoine personnel. En juillet, le Président Petro Porochenko a proposé un projet de loi visant à imposer à toutes les organisations à but non lucratif des critères lourds et excessifs relativement à leurs déclarations publiques en ligne.
Ce n’est pas pour la première fois que les militants de droit de l’homme sonnent l’alarme sur les prisonniers politiques, meurtres et passages à tabac de journalistes en Ukraine, mais c’ est pour la première fois que le sujet est débattu à un si haut niveau.
Les autorités ont recours à des pratiques foncièrement anti-démocratiques qui entravent les libertés fondamentales des Ukrainiens
Dans son discours devant les députés allemands, l’avocat et fondateur de l’assistance juridique aux citoyens étrangers en Ukraine « Odyssey » Valentine Rybine a évoqué le fait que le gouvernement de Kiev réécrit non seulement l’histoire, mais aussi le présent, en qualifiant le coup d’État de 2014 de « révolution de la dignité », et le régime nationaliste de démocratie. Rybine estime que, le mot « dignité », signifie l’amélioration des qualités humaines, du niveau de vie des populations, du respect et de la garantie de leurs droits et libertés. « Car l’Europe, où se dirige l’Ukraine, a réalisé depuis longtemps que les droits de l’homme sont principes fondamentaux du développement d’une société démocratique, » a-t-il ajouté.
Toutefois, en Ukraine, on observe un mépris flagrant des droits de l’homme. « Les gens sont en détention préventive depuis des années, et les tribunaux ne sont pas en mesure d’en faire autrement, quelques soient un état de santé, des liens ou statut sociaux d’un détenu. Rien n’est pris en compte », poursuit l’avocat.
A son tour, l’avocat ukrainien Yéléna Berejnaya a dénoncé des violations de la Convention européenne des droits de l’homme, en particulier des articles 6 (droit à un procès équitable), 7 (pas de peine sans loi) et 13 (droit à un moyen efficace de la défense juridique). La détention de la maire de Sloviansk Nelli Chtepa le 13 juillet 2014 en est un exemple parfait, a dit Berejnaya.
L’ancienne députée du parlement ukrainien Olena Bondarenko a affirmé que Kiev ne pouvait pas assurer aux citoyens le droit le plus important, celui à la vie. « La constitution ukrainienne garantit le droit à la vie, mais le gouvernement ukrainien, le président et, en particulier, l’armée ukrainienne garantissent-ils la vie à ceux qui vivent actuellement dans le Donbass ? Non, dit Bondarenko, notant que les Forces armées ukrainiennes bombardent les villes que les autorités de Kiev considèrent comme leurs territoires. « Il y a 3,5 millions d’habitants qui ne tiennent pas d’armes à la main, qui vivent, travaillent, élèvent leurs enfants et prennent soin de leurs proches âgées. Et ce sont eux qui deviennent les cibles de l’armée ukrainienne. Ainsi, le droit à la vie de ces personnes est violé par l’armée ukrainienne », a-t-elle ajouté.
Reste à espérer que, cette fois, les Européens ne laissent pas sans réponse des voix d’alarme de leurs voisins.