Le 7 mai 2017 était élu président de la république française monsieur emmanuel macron, coqueluche des médias et des puissances financières. Nous sommes le 29 mai 2018, le bilan de cette première année est sombre, violent. Toutes les réformes n’ont qu’un objectif, donner plus à ceux qui se sont déjà tout approprié et réprimer dans la violence toute opposition et contestation. La légitimité de l’argent est au pouvoir ; détachée de tout engagement envers le plus grand nombre, toute puissante, elle gouverne se montrant lisse, propre et souriante et sans limite, violente, brutale et déshumanisante dans ses actions. Que tous les politiciens qui ont été élus par le passé ne se sentent pas plus légitimes, tous ont protégé et fait prospérer les intérêts économiques des puissants et les leurs au détriment de l’humain, du vivant.

Outre le service public que ce gouvernement détruit, l’action de l’état face aux protestations étudiantes, aux migrant-es et à la ZAD de Notre Dame des Landes prouve qu’un cap est passé. Pour tenter d’éradiquer les contestations et la solidarité, le gouvernement transforme en zone de guerre la ZAD de Notre Dame des Landes utilisant des grenades GLI-F4 (arme de guerre) avec les conséquences qui vont avec et en parallèle envoie la police contre les étudiant-es. La position de ce président est limpide, Notre Dame des Landes ne doit pas devenir un symbole démontrant qu’une alternative est possible, le mouvement étudiant ne doit pas prendre de l’ampleur.

Chaque jour en france, à coup de matraque et de gaz lacrymogène, arme composé de produits chimiques CS très toxiques pour la santé avec un impact physique et psychologique sur les cinq sens en même temps (voir article du Monde Diplomatique de mai « Gaz lacrymogène, des larmes en or » des tranchées de 1914 à Notre-Dame-Des-Landes), la police gaze les zadistes, les étudiants-es et lycéens-nes. Interdit par les traités internationaux dans le cas de guerre mais autorisé pour la police, ce gaz chimique est le chouchou de l’état français. Il semblerait logique de croire que les effets toxiques de ce gaz soient identiques, utilisé par l’armée ou la police. Hypocrisie et cynisme… n’oublions pas que la france, 3ème exportateur d’armes au monde a fourni la Libye sous le colonel Kadhafi, l’Égypte, Israël , le Tchad, l’Arabie saoudite, ainsi que la Syrie entre 2005 et 2009. Voilà ce qu’est l’état français !

Les médias traditionnels au service du pouvoir ne disent pas grand chose, l’information circule via les réseaux sociaux, dans les médias alternatifs et entre militant-e-s. La france qui se veut le garant de la démocratie dans le monde devient dans son propre pays un état dictatorial, refusant la contestation, l’opposition, avec la volonté d’anéantir tout acte solidaire (la solidarité est aujourd’hui un délit), toute action alternative.

La ZAD (zone à défendre) de Notre Dame des Landes est un lieu de vie, un lieu d’expérimentation d’une autre forme de société, luttant depuis les années 70 contre un projet d’aéroport qui devait être construit sur des terres agricoles. L’abandon du projet n’a pas stoppé l’action, elles-ils construisent depuis toutes ces années un projet de vie. Pour tenter d’en finir, le gouvernement a demandé à toutes les personnes qui avaient un projet agricole individuel de se déclarer. Un – projet individuel – non collectif. Surtout pas de collectif, le modèle de société est et doit rester celui que nous subissons, celui de l’individualisme, du pouvoir de l’argent, de l’ultralibéralisme et de l’oligarchie. Ceux-celles qui ne font pas partie de leur monde existent uniquement pour le faire prospérer, pour leur obéir et se taire.

Le 09/04/2018 le président francais emmanuel macron et son gouvernement décide d’expulser toutes les personnes qui ne rentrent pas dans le rang. Depuis ce jour l’opération militaire n’a pas cessé avec chars, hélicoptère, drones, grenades GLI-F4, gaz lacrymogène et un nombre hallucinant de gendarmes armés jusqu’aux dents détruisant et saccageant tout sur son passage.

Les zadistes ne sont pas violents, se sont des bâtisseurs, ils expérimentent une autre forme de société via des projets agricoles et autres ; ils sont organisé-es, solidaires, soutenus également à l’international. Elles-ils ne sont pas isolé-es comme certains voudraient le faire croire et malgré la violence de l’état, elles-ils ne lâchent rien et reconstruisent ce qui est détruit. De même que les étudiant-es ne sont pas violents, toutes et tous défendent leur futur et une vision de ce qu’ils souhaitent pour leur futur. Que ce soit les Zadistes, les Etudiant-es, les Migrant-es, elle-ils défendent le droit de vivre, de croire, de faire et d’agir non pas dans un temps lointain mais maintenant.

Ce n’est pas un hasard si ce jeune homme à la ZAD de Notre Dame des Landes a eu la main arrachée par une grenade, ce n’est pas un hasard si une petite fille de 2 ans a été tuée en Belgique la nuit du 17 mai d’une balle lors d’une action policière poursuivant une camionnette avec environ 30 migrants à l’intérieur ayant pour unique objectif l’espoir d’une vie meilleure. Tout cela ne doit rien au hasard.

Au départ de toutes ces actions violentes et meurtrières, il y a une intention humaine qui est d’empêcher, de stopper par tous les moyens l’émergence d’une alternative, que s’exprime notre droit de choisir la vie que nous souhaitons. Une intention humaine qui refuse que des femmes et des hommes agissent et luttent pour un futur plus humain, plus juste, plus ouvert. Une intention humaine qui rejette hors des frontières européennes ceux qui arrivent l’espoir au cœur, fuyant la guerre dans leur pays mais aussi avec la douleur et la souffrance d’avoir abandonné leur racine, leur vie, leur famille, leur histoire, parcourant des milliers de kilomètres par mer ou par terre dans des conditions extrêmes en ayant subit des violences physiques, morales, l’esclavage, le viol et autres horreurs que nous ne pouvons imaginer. Cette intention humaine en france est celle du président emmanuel macron. Ce gouvernement a déclaré la guerre au peuple qui conteste, s’oppose et propose une autre société.

La guerre est un crime, la « guerre propre » n’existe pas, les balles perdues n’existent pas. Avant qu’elles se logent dans le corps d’une femme, d’un enfant, d’un homme provoquant la mort ou des dégâts physiques et psychologiques irréparables, il y a au départ du trajet de la balle une intention humaine, la décision d’un pouvoir politique/financier, représenté par une personne, prêt à tout pour imposer sa vison du monde. Avant que la grenade arrache la main de ce jeune homme à Notre Dame des Landes, le président de la république française et son gouvernement ont tenu la main de celui qui l’a envoyée. Choisir la violence n’est pas le fruit du hasard, c’est une intention humaine qui s’exprime et sait parfaitement que sa décision pourrait tuer. Le choix de la violence sera toujours un crime contre l’humain et le futur. Ils ne peuvent ignorer les conséquences de leur choix, cela voudrait dire qu’ils sont irresponsables.


Mardi 22 mai au soir, une centaine de personnes dont de nombreux mineurs ont occupé le lycée Arago du 12ème arrondissement pour protester contre ParcourSup. La répression policière a été rapide. 101 personnes dont des mineurs de 15 ans ont été interpellés, retenus dans des cars pendant 5 heures (sous une chaleur étouffante, sans boire et sans pouvoir aller aux toilettes) avant d’être transférés dans une dizaine de commissariats où ils se sont vu notifiés leur garde à vu sans qu’aucun parent de mineur n’ai été prévenu, bien au-delà de la rétention administrative de 4h. 73 personnes doivent comparaître dont 33 mineurs. (Extrait du communiqué de presse de Sabine Rubin députée de la France Insoumise)

Jeudi 24 mai 2018, extrait du communiqué de l’équipe des soignant-es sur la Zad à propos de la personne blessée à la main. […] Nous tenons à rappeler que lors de la première semaine d’intervention des forces de gendarmerie sur la zad, deux gendarmes avaient été grièvement blessés, au point d’être admis dans un service de réanimation, après s’être fait exploser une de leur propre grenade dans les mains. […] Depuis le 9 avril dernier, début des opérations militaires sur la zad, nous, équipe médicale de la zad et collectif de soignant.es professionnel.les mobilisé.es, n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme quant à l’utilisation massive et dangereuse des armes par la Gendarmerie nationale. […] Combien de blessé.es, combien de mutilations, combien de traumatismes physiques et psychologiques allons-nous donc encore subir avant que l’État ne mette un terme à cette opération qui se révèle être le théâtre d’un déferlement de violences policière inédites ? Est-ce que la mort d’un opposant devra sonner la fin de cet acharnement injustifié ?

[…]  depuis le 9 avril, plus de 330 blessés ont été pris en charge par nos équipes : notamment suite à des tirs tendus de flash-balls ou de grenades GLI-F4 au niveau du tronc ou de la tête et même des parties génitales, ce chiffre étant toujours non exhaustif et sous-évalué. Au moins quatre personnes ont failli perdre un œil, une autre son pied, une autre encore ses testicules suite à un traumatisme scrotal grave qui a nécessité l’ablation partielle d’un testicule, nombreuses sont celles qui ont été touchées au niveau d’organes vitaux ou bien à proximité de la colonne vertébrale. Ainsi, vendredi 17 mai, une personne a été touchée au niveau de la fesse, par une grenade explosive. Transportée vers un hôpital après avoir été évaluée par nos équipes, un éclat de 2cm de largeur/longueur/profondeur a été retiré du moyen fessier et un autre a été objectivé dans un rein. Nous avons également été témoins, à quatre reprises, d’éclats d’origine inconnue trouvés dans les chairs à des endroits particulièrement sensibles (proche de la colonne vertébrale, dans la cuisse, proche de l’artère fémorale…) Quasi systématiquement, ces blessés ont dû subir une intervention chirurgicale. L’un des éclats en question est l’une des pièces qui sert au mécanisme du détonateur d’un type de grenade, il mesure 2cm. Or, les forces de l’ordre assurent que ce genre d’éclat ne peut pas être retrouvé dans les chairs.

Nous réaffirmons donc que les forces de l’ordre utilisent leurs armements de façon potentiellement létale, et dans certaines situations, a visée offensive plus que défensive avec :

– des tirs tendus de flash-balls ou de grenades au niveau du tronc, de la tête ou des organes génitaux externes,

– des grenades de désencerclement lancées par-dessus des haies sans visibilité ou bien directement au milieu de la foule. Certaines de ces grenades sont ainsi tombées dans les capuches ou les sacs à dos des personnes présentes et la sauvegarde de ces personnes ne tient qu’à la présence d’esprit et au courage des témoins qui ont pu les ôter immédiatement.

Les atteintes sont graves, les séquelles seront lourdes. Tout cela sans compter la destruction des habitats de nombreuses personnes, la répression judiciaire qui distribue des peines de prison a tour de bras et la criminalisation des blessés qui subissent des interrogatoires et des pressions directement à l’hôpital !

[…] l’État met petit à petit en place un climat de terreur qui aurait pour but de neutraliser toute personne susceptible de contester les injonctions gouvernementales. Nous aimerions pouvoir dire que toute la lumière sera faite sur cette affaire, mais le classement sans suite de toutes les plaintes déposées suites aux violences policières du printemps 2016 à Nantes montre bien qu’il n’y a pas de justice à attendre pour ces victimes. La situation d’aujourd’hui repose plus que jamais la question suivante : jusqu’où l’État est-il prêt à aller pour combattre les formes de vie collective qui ne rentrent pas dans ses cases ?

Nous demandons le retrait immédiat des grenades GLI-F4 du panel d’armement mis à la disposition des gendarmes mobiles. Nous demandons expressément que le dispositif policier cesse ses attaques et se retire enfin de la zad.

L’équipe medicale de la zad & le collectif de soignant.es professionnel.les mobilisé.es.